Texte intégral de la déclaration du président de la république
Texte intégral de la déclaration du président de la république
30 avril 2001
Alger – Le président de la république, M. Abdelaziz Bouteflika a fait, lundi soir, une importante déclaration radio-télévisée. En voici le texte intégral:
« Algériennes, Algériens,
Des événements tragiques viennent d’endeuiller la Kabylie. Ils sont encore une source de préoccupations et de dangers pour l’ensemble du pays. Il y a eu des victimes et des dégâts matériels. Je m’incline devant la mémoire de toutes les victimes et je présente a leurs familles mes condoléances et celles de la nation tout entière.
Ces événements graves, et leurs conséquences dramatiques, devraient nous inciter a nous éloigner des voies de la violence pour recourir a celles du dialogue et de la tolérance pour rechercher ensemble une solution satisfaisante a nos problèmes, dont chacun doit reconnaître la complexité.
Le jeudi 26 avril dernier, après deux années de préparation minutieuse, j’ai annonce aux cadres de la nation un plan de redressement et de développement dont l’objectif est de permettre a notre économie de se convertir aux nouvelles règles économiques internationales, et de retrouver un dynamisme qu’elle avait perdu depuis longtemps.
Ce programme n’a pu être envisage et élaboré que grâce aux progrès que nous avons accomplis sur le plan sécuritaire vers une sortie de la crise qui frappe notre pays depuis une décennie. Ce résultat a été obtenu grâce aux efforts, au dévouement et aux sacrifices de toutes les forces vives de la nation, qui doivent maintenant s’atteler a la résolution des problèmes sociaux et économiques engendres par dix années de terrorisme et de violence.
Les événements qui viennent de se dérouler en Kabylie, intervenant dans ce contexte, comportent des risques graves de remise en cause des progrès réalisés et des perspectives ouvertes par le programme de redressement. Ces événements et les violences qui les ont accompagnes, ne sont pas fortuits. Des voix encouragent ces débordements, attisant les haines et semant la subversion et la division. Qu’elles soient intérieures ou extérieures, nous les connaissons, et l’avenir les dénoncera clairement auprès de l’opinion.
C’est a nous, Algériens, et a nous seulement, qu’il appartient de résoudre nos difficultés et de savoir mieux vivre ensemble nos particularités. La démocratie, option désormais irréversible dans notre pays, est encore imparfaite dans son application chez nous certes, mais elle nous commande de privilégier le dialogue et la concertation dans la résolution de nos différends.
Nous savons que la Kabylie est confrontée aux problèmes de sécurité, de chômage, de logement, d’incertitude sur l’avenir, propres a toutes les régions du pays. A ces problèmes que nous connaissons tous s’ajoute pour la Kabylie une dimension due a ce qu’on a appelé une crise identitaire et qui est liée a la perception faite de la dimension et de la place de l’amazighité dans notre vie nationale.
Notre identité nationale, consacrée par la constitution, se fonde sur l’amazighité, l’arabité et l’islam qui en constituent les trois dimensions. Le caractère national de ce patrimoine s’est établi en fait par l’usage et durant notre histoire, avant même qu’il soit pris en compte par des systèmes constitutionnels. Si, dans le passe, un certain nombre de tabous sont venus obscurcir notre vision, il faut reconnaître que nous en avons déjà détruit une quantité appréciable. Des mesures ont déjà été prises pour assurer le développement et l’enseignement du tamazight. Ce problème a, du reste, fait l’objet de larges délibérations au sein de la commission de reforme du système éducatif, qui a présenté dans son rapport d’importantes suggestions qui feront l’objet d’un examen attentif par les instances appropriées du pays.
La revendication identitaire a aussi une dimension constitutionnelle qui ne peut être prise en charge que dans le cadre d’une révision constitutionnelle dont j’ai examine l’éventualité dans mon discours du 26 avril aux cadres de la nation.
Dans l’immédiat, j’annonce la création d’une commission nationale d’enquête sur les événements qui viennent de se dérouler.
La composition de cette commission comprendra des représentants de la société civile. La commission aura pour mission de faire toute la lumière sur ce qui s’est passe, et de le faire en toute liberté et en toute transparence. Du reste, ceci ne réduira en rien la portée des enquêtes judiciaires que les parquets auront estime devoir ouvrir.
A cette heure très délicate, j’appelle l’ensemble des forces vives de la nation, et particulièrement celles de la Kabylie qui ont été a l’avant-garde de notre combat libérateur, a demeurer mobilisées en vue de l’édification de l’état républicain et démocratique pour lequel les générations passées n’ont cesse d’uvrer, et que la jeunesse d’aujourd’hui devra défendre et consolider.
Ce n’est que dans la paix retrouvée a travers l’ensemble du territoire national, et dans un climat de sécurité totale, de sérénité et de tolérance que nous pourrons voir une vision raisonnable de ce qu’il nous faudra faire. En tout état de cause, c’est entre Algériens, et entre Algériens seulement, qu’il nous faudra rechercher les solutions pour consolider les fondements modernes de l’état.
Je voudrais m’adresser maintenant et de manière plus particulière aux jeunes, a tous les jeunes d’Algérie, et a ceux de Kabylie notamment, pour leur dire que j’ai convenablement saisi le sens et la portée de leur protestation. Je comprends leurs impatiences et leurs frustrations. Je comprends leurs incertitudes devant un lendemain qui leur parait sans promesse. Il faut qu’ils sachent que c’est avec eux que nous voulons trouver les voies d’un avenir plus conforme a leurs aspirations. Ce pays leur appartient, ils n’en ont pas de rechange. Sachons donc tous ensemble de redresser, le consolider et lui donner la place qui doit être la sienne dans un monde aux exigences de plus en plus grandes et inéluctables.
Alors que je crains avant tout pour l’Algérie le mal qui peut lui venir de certains de ses propres enfants, je suis convaincu que les Algériens, qu’ils soient de l’est ou de l’ouest, du centre ou du sud, restent attaches a leur pays, dont la force réside dans l’unité du peuple, dont la fierté réside dans son indépendance, et l’honneur dans sa souveraineté. Notre civilisation se construit sur l’importance des sacrifices que nous consentons, car l’accumulation des peines, celle des blessures, des épreuves et des destructions ne peuvent que consolider l’attachement de nos jeunes, de nos femmes, de nos hommes et de nos vieux a notre patrie éternelle et unique pour nous, et, malgré l’acharnement sur elle des forces du mal et de la haine, leur confiance indéfectible en son avenir prospère.
Je t’implore Dieu de guider les enfants de notre peuple. « Qu’ils adorent donc le seigneur de cette Maison (la Qaaba) qui les a nourris contre la faim et rassures de la crainte ».
N’as tu pas dit Allah et tu dis la vérité: « aurais-tu dépenser tout ce qui est sur terre, tu n’aurais pu unir leurs curs mais c’est Allah qui les a unis car il est puissant et sage ».
O Allah, fais de cette terre un lieu de sécurité et fais attribution des fruits a ceux qui, parmi ses habitants, auront cru en Allah ».