La situation se détériore de plus en plus

La situation se détériore de plus en plus

Kabylie : 40 jours après…

Aomar Mohellebi, Liberté, 31 mai 2001

Des rumeurs folles circulent à Tizi Ouzou. On parle d’une imminente intervention des forces de l’ANP sur le terrain.
Une quinzaine de camions de l’armée a été dépêchée avant-hier à la ville de Tigzirt.
À Azazga, un important contingent militaire aurait pris position dans la forêt de Yakouren et des hélicoptères de l’ANP survolaient, hier, pendant toute la journée la ville de Tizi Ouzou. Les affrontements entre les manifestants et les éléments des brigades antiémeutes ont éclaté hier juste à la fin de la marche des blouses blanches.
La reprise des émeutes a provoqué la fermeture de tous les magasins. C’est la ville morte. La rue Hamali-Ahmed a connu de violents affrontements. Dans l’après-midi, un calme précaire régnait dans la ville. Des gravats de toutes sortes jonchaient les trottoirs et autres ruelles. Des pneus et des troncs d’arbres arrachés étaient le décor d’une ville transformée en champ de bataille.
Aux environs de 15h, la capitale de la Kabylie était pratiquement déserte, mais l’odeur de gaz lacrymogènes flottait encore.
Les CNS étaient toujours postés devant les édifices publics les plus importants. Devant la poste et le siège du Trésor, six grands fourgons de police et un camion étaient stationnés.
À Tadmaït, la jeune victime Mohamed Hamidechi (29 ans) a été enterrée dans le calme et la dignité dans le village Bordj Sebaou (commune de Sidi-Naâmane), à 4 km au nord du chef-lieu. La foule immense, qui accompagnait le défunt à sa dernière demeure, a scandé en plein cortège funèbre des slogans hostiles au pouvoir.
Elle brandissait l’emblème nationale.
Avant l’enterrement, les affrontements entre manifestants et force antiémeutes ont repris dans la ville de Tadmaït. De violents accrochages ont été enregistrés.
Un gendarme a été tué à l’issue des émeutes à l’aide d’une hache lancée par les manifestants. Le gendarme a été atteint entre les épaules tandis qu’une dizaine de femmes, qui manifestaient, ont été blessées par les bombes lacrymogènes. Deux vieux ont failli perdre la vie par asphyxie et ce, suite au lancement de bombes lacrymogènes en direction des habitations de la rue Ali-Benoun.
À Draâ Ben Khedda, les affrontements se sont poursuivis hier.
Des émeutes ont éclaté en cette fin de semaine dans le chef-lieu dans la commune de Tirmitine.
À Aïn El-Hammam, tous les magazins étaient fermés, hier, dès la première heure.
Les affrontements avec les gendarmes ont fait cinq blessés parmi les manifestants.
À Boghni, des logements sociaux ont été squattés par les manifestants. Il s’agit de logements réceptionnés et non encore attribués par la commission communale.
Dans les autres villes de la wilaya telles que Larbâa Nath Irathen, Tizi Rached, Azazga, et Bouzguèneu, un calme relatif a régné pendant la journée d’hier.

 

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