FFS: Conférence de presse du Premier secrétaire National Ali Kerboua

Conférence de presse du Premier secrétaire National Ali Kerboua

Alger, samedi 05 mai 2001

DECLARATION LIMINAIRE

Des dizaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens ont répondu à l’appel du FFS.

Dans le calme et la dignité, déterminés et pacifiques, ils ont, une fois de plus, administré une grande leçon de civisme et de lucidité à ceux qui ne leur ont témoigné durant des décennie que mépris et arrogance.

C’était la marche de tous les droits, et du premier d’entre eux, le droit à la participation politique.

Chaque fois qu’il a été possible, le peuple Algérien a su transcender les faux clivages, éviter les manipulations de toutes nature et démontrer son extraordinaire maturité politique ; donnant une nouvelle fois la preuve que la démocratie n’est pas un luxe réservé aux peuples nantis.

Ainsi, et devant l’absence d’un dispositif de provocations, que notre dispositif d’alerte de l’opinion internationale a dissuadé, les manifestants ont exprimé avec force leur détermination à s’opposer à la hogra, l’injustice, l’arbitraire et l’impunité.

C’est surtout un défi lancé par une majorité de jeunes à l’adresse des tenants du pouvoir pour leur signifier leur refus de se soumettre à un ordre totalitaire qui a non seulement bâillonné l’expression, mais tenté de briser tout espoir de changement radical.

La preuve est donc faite: la révolte des jeunes en Kabylie se serait certainement exprimée pacifiquement, s’il ne s’était trouvé un dispositif de provocations et de manipulations préétabli par des cercles du pouvoir et leurs relais.

Les provocations criminelles des forces de l’ordre visant particulièrement la jeunesse sont des faits connus et éprouvés. Il ne s’agit ni d’erreurs, ni de bavures, ni d’atteintes accidentelles aux droits de l’homme.

Faire basculer toute une région du pays dans la violence et le chaos, n’était-ce pas justement le scénario voulu pour justifier la répression et, du coup, s’en prendre à tous les cadres d’expression pacifiques, démocratiques et autonomes. D’ailleurs, notre parti n’est – il pas la cible de ceux qui ont plongé le pays dans une guerre sans nom, sans image et sans recours. L’objectif du pouvoir et ses relais politico-maffieux apparaît aujourd’hui encore plus clairement : empêcher la construction d’une véritable alternative démocratique.

En adhérant massivement à l’appel du FFS, les Algériens et les Algériens ont apporté un cinglant démenti aux apprentis sorciers qui, pour masquer leur faillite, cherchent à éradiquer le politique en poursuivant la stratégie de la terre brûlée. Aux ultras de tous les bords, ils ont signifié leur profond attachement à la paix civile, la démocratie, le pluralisme politique et linguistique, et la justice sociale et l’unité nationale.

Dés lors, le FFS considère que le pays se trouve à un tournant politique décisif . Il ne faut surtout pas rater cette nouvelle chance qui s’offre au pays, car les mêmes causes engendrent les mêmes effet. Le pays n’est pas à l’abri d’autres explosions violentes partout dans le pays.

La responsabilité incombera exclusivement aux décideurs qui ont usé la patience du peuple Algérien.

Ils sont aujourd’hui sommés de répondre aux exigences de cette majorité d’Algériens et d’Algériens qu’ils ont privés d’expression, marginalisés, humiliés et empêchés de s’organiser librement.

Il est temps de restituer au peuple Algérien son droit à l’autodétermination

Les Algériennes et les algériens n’accepterons plus de vivre sous un régime autoritaire qui n’a cessé de générer autour de lui la violence , la misère, le deuil, la corruption, la rapine, le brigandage, l’injustice et le désespoir.

Des mesures urgentes doivent être prises, notamment:

1- ouverture des champs politique et médiatique, notamment la TV.

2- Levée de l’Etat d’urgence et abrogations de toutes les lois d’exception

3- reconnaissance immédiate de Tamazight, vecteur de l’Algérianité, en tant que langue nationale et officielle.

4- Retrait immédiat du projet de loi portant amendement du code pénal

5- Stopper le pillage du patrimoine national par le démantèlement de tous le cadre juridique l’ayant favorisé et le retrait de toutes les lois visant le bradage de nos ressources nationales telle que la loi sur les hydrocarbures.

6- Arrêter et juger les responsables de cette dilapidation et à tous les niveaux.

Ces mesures seront de nature à créer un climat de détente et de confiance favorable à l’amorce d’une issue politique à la crise. A cet effet, un mémorandum contenant nos propositions sera destiné au chef de l’Etat et aux généraux décideurs.

Le FFS appelle la communauté internationale à soutenir activement cette démarche visant à enclencher une solution politique, pacifique et démocratique et à agir avec fermeté pour sa concrétisation.

Par ailleurs, le FFS, tout en exprimant ses sincères condoléances aux familles et proches des victimes de la répression, exige l’arrestation et la traduction en justice de tous les auteurs et commanditaires du carnage.

Le FFS met en garde contre toute forme de représailles : interpellations, menaces et poursuites judiciaires à l’encontre des manifestants.

 

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