La colère algérienne de Jospin

La colère algérienne de Jospin

Claude Angeli, Le Canard enchaîné – mercredi 09 mai 2001

Au Quai d’Orsay, les collaborateurs d’Hubert Védrine n’ont guère envie d’expliquer le rapide changement de ton de leur ministre à l’égard du gouvernement algérien. Le 30 avril dernier, en effet, à en croire la déclaration de Védrine reprise par la presse, la France ne pouvait  » donner des leçons de loin et de condamner  » la répression menée en Kabylie.
Des propos  » des plus sirupeux  » selon la formule ironique d’un diplomate, ont mis Jospin dans une fureur noire. La direction du PS été aussitôt invitée à durcir un communiqué en préparation et à réclamer la constitution d’une commission d’enquête internationale.
De même, Jospin faisait savoir à Védrine qu’il avait intérêt à revoir sa copie, et vite.
D’où une réaction à contretemps et fort peu cohérente. C’est, curieusement, une dizaine de jours après la mort des premiers manifestants, et au moment où la répression brutale cessait – au moins provisoirement…- que le patron du Quai d’Orsay trouvait enfin les mots qui convenaient. À l’Assemblée, le 2 mai, Védrine virait ainsi de bord :  » Nous ne pouvons pas rester silencieux (…) face à la répression.  » Et d’évoquer ensuite  » un problème si aigu, si grave et aujourd’hui pathétique  » en Algérie. Cette fois, Jospin n’a pas trouvé motif à enguirlander son ministre et ceux qui l’avaient mal conseillé…

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 » Canal Bouteflika « 

Confrontés à la crise permanente que connaît Algérie, les dirigeants français ne sont encore au bout de leur peine. Avec Bouteflika et ses généraux qui se partagent et se disputent le pouvoir, rien n’est jamais simple à comprendre ou à analyser. A preuve, ce qui vient se produire à la télévision algérienne, baptisée  » Canal Bouteflika « .

Le soir du 3 mai, quelques heures après la manifestation organisée par le Front des Forces Socialistes (FFS), le principal parti d’opposition, le journaliste de service parle de 5 000 à 15 000 participants. De son côté, le bureau d’Alger de l’AFP les évalue à seulement 10 000.
Or, le lendemain, et bien entendu sur ordre, le journal télévisé algérien met la barre plus haut et annonce que 50 000 manifestants ont arpenté les rues de la capitale. Plus surprenant encore,  » L’Expression « , un journal proche de la présidence, consacre quatre pages à chanter les louanges d’Hocine Aït Ahmed, le leader du FFS qui a organisé la manifestation d’Alger.
D’où ces questions posées aux diplomates et aux experts en tout genre :  » A quoi joue Bouteflika ? Quel message adresse-t-il ainsi aux généraux qui l’ont installé au pouvoir ? Veut-il leur dire : ‘Laissez-moi faire, laissez-moi tranquille’ ? « 

A décrypter avec modération…

 

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