Les chiffres du wali de Béjaïa

Les chiffres du wali de Béjaïa

17 morts, 971 blessés et 40 milliards de dégâts

Dix-sept tués, 712 blessés parmi les civils, 259 parmi le service d’ordre et 40 milliards de centimes de dégâts matériels».

Le Quotidien d’Oran, 27 mai 2001

Hier, samedi à 10h, l’assemblée populaire de wilaya a tenu une session extraordinaire consacrée exclusivement aux évènements qui ont secoué toute la région depuis plus d’un mois. A l’ouverture de la session, les élus ont empêché une équipe de la télévision de filmer les travaux de l’APW, lui reprochant des pratiques de désinformation, à l’exemple de l’émission diffusée, la veille, sur ce sujet sensible.

Après une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes tuées durant les évènements, le wali de Béjaïa, M. Djilali Araâr, a fait une communication aux élus sur la genèse de ces évènements qui, rappelons-le, ont débuté le 22 avril à Amizoura, après l’interpellation de 3 jeunes écoliers durant un cours d’éducation physique et, selon le premier responsable de la wilaya, les jeunes ont été immédiatement relâchés après l’intervention des autorités locales, affirme-t-on. Le Wali a par la suite dressé un bilan arrêté au 25 mai 2001, comme suit: 17 personnes tuées, 712 blessés parmi les manifestants et 259 parmi les éléments du service d’ordre. Les dégâts matériels sont estimés à 40 milliards de centimes, 6 sièges de daïra (Ouzellaguen, Barbacha, Amizour, Adekar, El-Kseur et Tazmala) ont été saccagés et incendiés. Les sièges des APC d’El-Kseur et Darguina ont été totalement détruits.

Le Wali affirmera que le plan ORSEC est en vigueur depuis le 22 avril et que des mesures urgentes, à même d’assurer un maximum de services, sont en exécution, à travers tout le territoire de Wilaya.

F. D

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Des morts et des blessés

Béjaïa sombre dans le chaos

Le Quootidien d’Oran, 27 mai 2001

La nuit du vendredi, Béjaïa a vécu une situation chaotique après les obsèques de la jeune victime tuée durant les émeutes au village de Feraoun (45 km de Béjaïa). Des centaines de jeunes de cette commune se sont rendus au chef-lieu de wilaya pour manifester leur colère. Ils seront vite rejoints par leurs camarades de la banlieue de Béjaïa pour s’attaquer ensuite, dans le quartier d’Amriou, aux véhicules et rares poteaux de l’éclairage public encore debout.

Les émeutiers ont également saccagé le dépôt de l’entreprise de réalisation de routes, où ils ont incendié les bureaux administratifs. Mais fort heureusement les engins de l’entreprise étaient parqués ailleurs. Des immeubles en construction appartenant à l’OPGI ont été saccagés. A Tazmalt, ce sont les domiciles du président et du secrétaire général de l’APC qui ont été incendiés, de violentes émeutes ont eu lieu et durant les affrontements avec les brigades anti-émeutes, il a été enregistré un mort et six blessés. A Takrietz et à Sidi Aïch, la tension est montée de plusieurs crans, et on a enregistré la mort d’une jeune de 14 ans. Les émeutiers ont carrément soudé une remorque au pont de la Soummam empêchant toute circulation.

A Béjaïa, hier, dès le début de la journée, ce sont des milliers de lycéens qui ont investi la rue pour dénoncer la date du report des épreuves du baccalauréat. Après une marche pacifique de quelques mètres, les jeunes se sont pris aux édifices des institutions publiques. L’hôtel des finances situé à la rue de la Liberté, qui a fait dernièrement les frais de la colère des émeutiers, a été complètement saccagé, la maison de la culture est devenue une ruine… Le bloc administratif pour sa part a été bombardé de projectiles. Des vitres et des portes de bureau jonchaient la chaussée.

Les éboueurs de l’APC, appelés par les services de police, ont refusé de déblayer les artères de la ville de peur de subir le courroux des émeutiers. Un couple de sexagénaires a par ailleurs trouvé la mort hier aux environs de 11 heures, à Béjaïa, dans des conditions non encore élucidées. En effet, si une première version parle de l’inhalation de gaz lacrymogène par les victimes, d’autres sources avancent la thèse d’une fuite de gaz qui serait à l’origine de l’asphyxie. Vers 13 heures, c’est un cortège de taxis qui a défilé en ville dans un carrousel de klaxons assourdissants. Vers 15 heures, ce fut au tour des transporteurs de voyageurs sur le réseau urbain qui ont débrayé laissant plusieurs centaines d’usagers en rade au niveau des arrêts de bus.

A Kherrata, à la limite de la wilaya, ce sont les anciens moudjahidine et les enfants de chouhada qui sont montés au créneau pour dénoncer les agissements d’un commandant de la gendarmerie nationale, toujours en fonction à Annaba et qui habite à Kherrata dans les locaux de l’ex-brigade de la gendarmerie. Il aurait ceinturé le bas d’un arbre du drapeau national pour protéger son chien de garde des épines. Ce comportement, venant du cadre d’une institution militaire, a irrité, en plus des membres des organisations d’anciens moudjahidine et d’enfants de chouhada, toute la population de Kherrata.

La presse a été conviée à vérifier cet acte d’atteinte à un symbole national. Le commandement de la gendarmerie nationale, informé de la situation, s’est engagé en vertu du code militaire à prendre toutes les mesures coercitives à l’endroit du responsable de cet acte.

Fatah Dellys

 

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