Quatre organisations manifesteront demain à Batna

QUATRE ORGANISATIONS MANIFESTERONT DEMAIN A BATNA

Contestation dans les Aurès

El Watan, 6 juin 2001

La ville de Batna ne sera pas en reste avec le mouvement de mobilisation qui gagne du terrain depuis le déclenchement des évènements de Kabylie…

Le Mouvement culturel amazigh (MCA) des Aurès a reçu l’autorisation d’organiser une marche pacifique en signe de solidarité avec la Kabylie avec l’appui de cinq coordinations des wilayas de Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi, Biskra et de la ville de Aïn Beïda. On s’attend donc à ce que plusieurs milliers de personnes prennent part à cette manifestation qui aura pour cadre un haut lieu symbolique auquel on associe volontiers la résistance populaire farouche, la guerre de Libération nationale… Après Alger, la contestation va donc se déverser dans les rues de la capitale des Aurès. C’est dire que la marche de jeudi prochain est loin d’être un fait anodin qu’on peut réduire à une simple manifestation de solidarité avec la Kabylie durement éprouvée depuis plus de quarante jours. D’abord, parce que les mêmes revendications lancées à Tizi Ouzou et Béjaïa sont reprises par le mouvement protestataire dans une ville considérée comme le chantre du pouvoir réel. Et par conséquent, une donne incontournable dans la recherche de l’équilibre politique national. Faut-il rappeler que Bouteflika a cru bon de s’y rendre pour un hommage à son prédécesseur Liamine Zeroual. Dans un pareil contexte, les revendications portées par la manifestation de Batna revêtent une signification particulière. Et quelles revendications ! Celles qui consistent à donner à tamazight le statut de langue nationale et officielle en premier lieu, la liberté d’expression, le respect des droits de l’homme et des libertés démocratiques et enfin le refus de la hogra, de l’exclusion et de la marginalisation. Quand on sait que la région de Batna s’est illustrée jusqu’à ces dernières années par un certain conservatisme aussi farouche que cet atavique esprit de révolte qui caractérise les populations chaouies de la région des Aurès et des Nememchas, il y a assurément quelque chose qui est en train de changer. Et que l’on veuille faire oublier qu’au début des années 90, s’est tenue à Batna, le fameux congrès de l’ex-FIS qui allait sceller la victoire des Djaz’aristes, et quelque temps après la marche du RCD dirigée par Saïd Sadi fut conspuée par une population chauffée à blanc. Aujourd’hui, peut-être que cette chape de conservatisme qui avait pour assises les constantes nationales est sur le point de disparaître. Et si les Aurès basculent dans la contestation née des évènements de Kabylie, c’est assurément un tournant décisif du mouvement protestataire qui en train d’être négocié.

Par Reda Bekkat

 

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