Les enseignants contractuels en appellent à une solution «politique»

Alors que Benghebrit tente de rassurer les manifestants

Les enseignants contractuels en appellent à une solution «politique»

par Abdelkrim Zerzouri, Le Quotidien d’Oran, 2 avril 2016

Dans les limites que lui confèrent ses prérogatives, le ministère de l’Education nationale tente de trouver une solution au problème épineux des enseignants contractuels, qui exigent leur intégration dans les postes qu’ils occupent sans passer par le concours dont l’organisation est annoncée pour le 30 avril prochain et qui prévoit le recrutement de 28 000 enseignants à travers les trois paliers scolaires. Assouplissant sa position, la ministre de l’Education nationale, Mme Nouria Benghebrit a indiqué, jeudi, dans une déclaration à la presse en marge de sa rencontre avec les directeurs de l’Education au niveau national, que la proposition portant valorisation de l’expérience professionnelle des enseignants contractuels était « acceptable sur le principe ». Assurant dans ce sillage que les résultats des négociations avec la fonction publique seraient connus dimanche prochain. Les « négociations avec la direction de la fonction publique sur la valorisation de l’expérience professionnelle des enseignants contractuels se poursuivent et les résultats seront connus dimanche prochain », a précisé la ministre, ajoutant qu’elle attend une « réponse de la part de la fonction publique sur les modalités de mettre en oeuvre cette proposition sur le terrain ». Sans le dire clairement, la ministre laisse entendre que la valorisation de l’expérience des enseignants contractuels par le biais d’un cumul du nombre de points relatifs à l’expérience professionnelle qui sera rajouté aux résultats des examens écrit et oral est une solution pratique qui répond à un esprit d’équité et pour ne pas léser ces enseignants contractuels dans leur droit de faire valoir cette expérience acquise dans le secteur de l’enseignement et que la tutelle ne peut pas totalement ignorer. Ainsi, dans le but évident d’atténuer les craintes des contractuels quant à ce concours, Mme Benghebrit a tenu à les « rassurer », en soutenant que « toutes les chances de réussite sont de leur côté ». Mais, la ministre a réitéré les mêmes propos en soulignant que le « recrutement direct des contractuels est impossible. La loi est claire et ne le permet pas», a-t-elle lancé. C’est pour cette raison que les enseignants contractuels, en marche vers Alger depuis dimanche dernier, en appellent à une « solution politique ». « Nous sollicitons l’intervention du Premier ministre et du président de la République pour décider notre intégration sans passer par le concours », a répété de son côté le porte-parole de la coordination nationale des enseignants contractuels, Saidi Bachir. Joint au téléphone, hier, ce dernier nous dira que la marche a atteint la gare Omar, et que l’adhésion aux manifestants est de plus en plus importante. Non sans souligner cet accident sur la route qui a failli tourner au drame lors de cette manifestation. « L’un des enseignants contractuels qui participait à la marche de la ‘‘dignité » a été victime d’un accident, survenu avant-hier (jeudi). Il a été touché à la tête par le rétroviseur d’un camion, et il a été transporté en urgence à l’hôpital de Tizi Ouzou où il se trouve sous observation », nous apprendra M. Saidi Bachir. Notre interlocuteur a avoué que les représentants de la coordination n’ont pas encore une idée précise au sujet de la « valorisation » des années d’expérience, ni comment on va agir dans la pratique pour majorer les points en faveur des enseignants contractuels, mais le résultat sera communiqué demain aux représentants des manifestants, et on insiste encore et toujours à dire que la solution est politique ». Pour rappel, la clôture des inscriptions au concours est prévue le 14 avril, alors que les résultats de l’examen écrit seront donnés le 12 mai, permettant aux candidats retenus de passer le test oral les 8 et 9 juin, quant aux résultats définitifs, ils seront rendus publics le 30 juin. Par ailleurs, Mme Nouria Benghebrit a appelé, jeudi, les directeurs de l’Education à travers le territoire national à assurer la réussite de ce concours de recrutement des enseignant, les examens de fin d’année et la prochaine rentrée scolaire, lançant des menaces à peine voilées en prévenant qu’elle sera « intransigeante » avec tout responsable qui faillira à sa mission et que, « aucune excuse ne peut justifier qu’un responsable faillit à sa mission ou refuse d’assurer une gestion de proximité ou d’écouter les doléances », soulignant que la gestion au niveau local fait « l’objet de beaucoup de critiques ». La ministre a cité, entre autres défaillances, celles relatives à la situation des enseignants contractuels « qui n’ont pas encore perçu leurs salaires ou qui l’ont perçu sans primes », estimant que « ces défaillances au niveau local sont à même de saper tous les efforts consentis au niveau central ». La ministre a affirmé dans ce sens son souci de « prendre en charge les préoccupations et les problèmes posés et d’être continuellement et sans intermédiaire à l’écoute des fonctionnaires du secteur et des citoyens à travers les réseaux sociaux ». Et, elle précisera dans le même contexte que le recrutement « ne peut se faire sur la base de relations ou toute autre considération », affirmant que le « critère de compétence et de mérite est le seul à même de consacrer la crédibilité de l’école algérienne ». « Je serai entièrement à votre écoute mais j’exigerai des comptes », a-t-elle encore martelé. Pour ce qui est des préparatifs en cours pour la prochaine rentrée scolaire 2016-2017, la ministre a annoncé l’organisation du 16 au 19 avril, du Salon national de l’équipement scolaire et des outils techniques et pédagogiques en partenariat avec le ministère de l’Industrie et des Mines, et a appelé par la même occasion les directeurs de l’Education à « prendre en charge toutes les opérations relatives à la mise en oeuvre des nouveaux programmes pédagogiques pour les première et deuxième années primaires et la première année moyenne ». Aussi, elle a insisté en exhortant les directeurs de l’éducation à « préparer les structures scolaires avant le 31 août prochain et à entreprendre tous les travaux de restauration nécessaires au niveau des établissements scolaires ». Plus de 818.000 candidats se présenteront à l’examen du baccalauréat prévu du 29 mai au 2 juin prochain alors que 600.000 candidats passeront le brevet d’enseignement moyen (BEM) et plus de 705.000 l’examen de fin de cycle primaire.