Education : Six syndicats gèlent leur grève, le Cnapest joue les prolongations

Education : Six syndicats gèlent leur grève, le Cnapest joue les prolongations

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 10 mars 2015

Syndicats et ministère de l’Education sont parvenus, dimanche, à atténuer la pression qui pesait sur le secteur depuis plusieurs semaines, en particulier le mot d’ordre de grève qui pendait comme une « épée de Damoclès » sur le secteur.

La coordination des syndicats autonomes (CSA) et le ministère de tutelle, qui se sont rencontrés, dans la journée de dimanche, pour une réunion de la dernière chance, ont convenu de poursuivre le dialogue et de dénouer, dans le calme l’écheveau des revendications des syndicats. Un communiqué de l’UNPEF revient sur les points discutés, durant cette rencontre, en particulier la revendication principale de la révision du statut particulier de l’Enseignant.

Ce point a donné lieu à une décision immédiate du ministère qui s’est engagé à le réviser pour éliminer ses carences. Une commission mixte chargée de sa révision sera mise en place, le 18 mars prochain, indique le communiqué de l’UNPEF qui revient, par ailleurs, sur les points discutés, entre les deux parties, et dont certains ont connu un début de résolution, durant cette rencontre. Sinon des réponses qui laissent entrevoir un règlement conforme aux revendications des syndicats du secteur. Il s’agit, notamment, outre la révision du statut particulier, de l’application de l’effet rétroactif, la promotion automatique, la prime d’encadrement, la prime des intendants et la prime des corps communs, ainsi que la prise en compte, dans le calcul de la retraite des années du Service national et des stages de perfectionnement ou d’ Enseignement supérieur, et les heures supplémentaires.

Les syndicats membres de la CSA ont, à l’issue de cette rencontre, décidé de geler le mot d’ordre de grève, qu’ils avaient lancé, ces derniers jours, ouvrant la voie à un apaisement de la situation et la « fin » prochaine du bras de fer entre les syndicats et le ministère.

Pour autant, le CSA s’est dit mobilisé pour toute action qui ferait en sorte de satisfaire ses revendications, et n’écarte pas le retour à la grève si ses revendications ne sont pas prises en compte.

De son côté, la Coordination nationale des professeurs de l’Enseignement secondaire et technique (Cnapest), qui fait pratiquement « cavalier seul »’, s’est réunie en « solo » avec les cadres du ministère, dimanche, pour faire valoir ses revendications. La réunion, selon un communiqué du syndicat, a regroupé des cadres du ministère encadrés par l’Inspecteur général, et les membres du conseil national du Cnapest dirigés par le coordinateur national, Nouar Larbi.

Les discussions, entre les deux parties, ont porté sur cinq grands points relatifs aux revendications urgentes du syndicat, dont la promotion automatique, l’ouverture de nouveaux postes budgétaires pour l’avancement des travailleurs et enseignants, l’intégration des vacataires, la prise en compte des années du Service national et de stages de perfectionnement ou de recyclage, dans le décompte de la retraite. Le Cnapest a, ainsi, décidé de reporter son mot d’ordre de grève tournante, et appelé ses membres à se réunir, mardi, en assemblées générales et en conseils de wilaya pour préparer le Conseil national, prévu, mercredi, à Alger. Le seul point à l’ordre du jour de ce conseil, sera, bien-sûr, la très attendue décision de reconduire la grève ou la suspendre. En fonction des recommandations des assemblées générales de wilaya, les membres du Conseil national devront faire le point de la situation, et décider ou non, de reconduire la grève tournante. Selon un responsable de ce syndicat, « le Cnapest n’a pas gelé sa grève ». La décision sera prise lors du Conseil national prévu, mercredi, à Alger, à 10 h.

La dernière rencontre, de février dernier, entre le ministère et les membres des différents syndicats, s’était terminée en queue de poisson, puisque la charte de l’éthique, chère à la ministre Nouria Benghebrit a été, tout simplement, boycottée. « Je voudrais qu’il y ait de la mesure en toute chose, c’est essentiel quand on a affaire à un secteur où l’avenir des générations est en jeu. C’est un secteur qui vit une situation où le stress est maximal et où des enfants sont privés de scolarité.

Plus que tout autre, nous devrions avoir une charte d’éthique qui puisse mettre, au-dessus de toute chose, l’intérêt de l’élève », avait estimé Mme Benghebrit, dimanche, en marge de la cérémonie présidée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en l’honneur des femmes algériennes. En outre, « les syndicats devraient faire preuve, aujourd’hui, d’un peu plus de responsabilité », et que « ce qui importe, pour le ministère, c’est la prise en charge des revendications relatives, véritablement, au dysfonctionnement » du secteur, a-t-elle ajouté.


Levée de la condition d’adoption d’une charte

Les détails de l’accord ministère-syndicats

El Watan, 10 mars 2015

La grève de l’Intersyndicale de l’éducation, prévue initialement aujourd’hui et demain, est gelée. Les syndicats ont décidé de suspendre le mouvement après leur réunion de samedi au ministère de tutelle, a indiqué un communiqué rendu public, hier, par la Coordination des syndicats de l’éducation (CSE).

La décision du ministère de lever la condition de l’adoption d’une charte d’éthique avant la signature des procès-verbaux a permis d’arriver à un accord. «La condition liée à la signature d’une charte d’éthique, proposée lors de notre précédente rencontre par le ministère, a permis la signature des PV de nos différentes réunions. Notre Coordination n’est pas contre le principe d’une charte, dont le contenu doit être rédigé d’un commun accord entre toutes les parties», estime Idir Achour, coordinateur du Conseil des lycées d’Algérie (CLA).

Le ministère de l’Education nationale s’est engagé dans le PV, signé dimanche à l’issue de la réunion de la veille, à rouvrir le dossier de la révision du statut particulier des travailleurs du secteur. Une commission mixte devra être installée à cet effet le 18 mars. «Les syndicats seront partie prenante de cette commission ad hoc, après en avoir été exclus auparavant. Le délai de cinq ans avancé par la ministre pour réviser le texte n’a pas été retenu. C’est aux membres de cette commission de décider du délai, mais nous pensons que le travail peut être achevé cette année», signale le coordinateur du CLA.

La revendication liée à la promotion directe des enseignants après des années d’expérience n’a pas pu être satisfaite. «La promotion automatique n’est pas possible à cause cette clause dans le statut qui a pu, toutefois, être contournée par la décision de convertir les postes de promotion vacants en postes de recrutement, en attendant son examen par la commission», précise Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest).

Engagements de la tutelle

Les syndicats et les services de Mme Benghebrit ont pu s’entendre sur plusieurs autres points. L’effet rétroactif pour les enseignants intégrés à partir du 3 juin 2012 est un acquis; les enseignants qui ont achevé leur formation après cette date seront promus au grade d’enseignant principal, alors que la promotion pour le grade d’enseignant encadreur est à l’examen. Le ministère s’est engagé à soumettre à la Fonction publique (PV signé le 17 février) le dossier des enseignants promus entre les intégrations de 2008 et 2012.

Le dossier des primes des services économiques et de la prime d’encadrement et des heures supplémentaires est soumis au gouvernement. S’agissant des primes de zone, la tutelle, qui estime que la question n’est pas seulement de son ressort, s’est engagé à la soumettre aux «parties concernées». Même optimisme concernant l’application des lois relatives à la médecine du travail, à la prise en charge du dossier du logement (principalement dans les régions du Sud) ainsi que l’inventaire des biens des œuvres sociales.

Concernant l’intégration des contractuels, le CLA espère voir le ministère de tutelle «se joindre aux enseignants pour défendre le dossier devant le gouvernement». «Les années expérience des contractuels seront calculées dans les concours», précise Idir Achour. Des réunions entre les représentants des syndicats et le directeur des ressources humaines du ministère seront organisées pour le suivi de l’application des mesures. Des rencontres périodiques se tiendront également avec les directeurs de l’éducation pour régler les problèmes posés localement.

Cnapest-ministère de l’éducation nationale : Mme Benghebrit «optimiste» pour la réunion de demain

La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, s’est dite «optimiste», hier, quant à la possibilité de parvenir à un accord avec le Conseil national autonome du personnel de l’enseignement du secteur ternaire de l’éducation (Cnapest) pour l’arrêt de la grève, lors de la rencontre prévue demain entre le ministère et les représentants du syndicat.

Dans une déclaration à l’APS en marge de la signature de la convention-cadre entre les ministères de l’Education nationale et de la Culture, Mme Benghebrit a précisé que le Cnapest se prononcera à propos de la grève, indiquant que le règlement interne du syndicat stipule la nécessité de consulter la base pour ce genre de questions.

Le Cnapest avait entamé une grève illimitée le 16 février dernier. Mme Benghebrit encourage les enseignants «à poursuivre les cours pour mener à terme le programme scolaire et atteindre les objectifs du secteur». R. S.

Nadir Iddir