La semaine sociale

La semaine sociale

par M. Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 13 janvier 2008

C’est la semaine, voire la quinzaine des grèves dans la fonction publique qui a commencé hier. Le pluriel est de rigueur puisque les syndicats ou groupement de syndicats ont choisi des dates différentes pour protester et revendiquer sur les mêmes thèmes: l’érosion du pouvoir d’achat et le rejet des projets de statut particulier et de la nouvelle grille des salaires.

Les uns pourraient choisir de voir dans la multiplicité de ces grèves un signe de vitalité. C’est sans doute une lecture où la sympathie l’emporte sur l’analyse. Ce qui n’est pas contestable, par contre, est que l’on est en présence d’un des effets secondaires des longues batailles de reconnaissance livrées par les syndicalistes autonomes. Chaque syndicat a tendance à affirmer une existence longtemps contestée par le pouvoir en menant sa propre action, quitte bien entendu à se battre sur les mêmes thèmes que les autres et à défendre les mêmes objectifs.

Le principe de l’autonomie, à la base de la création de ces syndicats, est donc poussé jusqu’à sa plus extrême logique. C’est compréhensible, sachant également que le champ d’action et le territoire de ces différents syndicats sont largement balisés. Cela n’exclut pas une certaine compétition entre les différentes organisations, surtout dans le secteur de l’Education nationale.

Le vrai risque pour les syndicats autonomes – qui ne baignent pas dans un univers où les droits syndicaux sont consacrés – est de voir que leur diversité peut servir à leur affaiblissement. Il n’est pas difficile, en effet, de semer la division si les uns paraissent favorisés au détriment des autres. Les syndicats sont-ils armés pour éviter ces écueils qui risquent de transformer leurs diversités organiques en atomisation durable ? Ils les ont largement évités jusqu’à présent en raison des dures réalités des salariés qu’ils représentent. Ce sont bien les mêmes difficultés et les mêmes revendications qui les ont rassemblés sur le terrain. Le statut de syndicat «agréé» des uns et de syndicat maintenu dans le no man’s land juridique des autres, n’a pas eu d’effet notable jusqu’à présent.

Les analyses se rejoignant sur le fond, les syndicats autonomes sont aujourd’hui dans leur ensemble d’accord pour contester des hausses de salaires qui ont été, avant même leur entrée en application, effacées par l’inflation. C’est bien la tendance actuelle.

Les différentes grèves doivent servir sans doute aux organisations syndicales pour apporter une démonstration de leurs représentativités respectives et d’affirmer leur existence. Mais cette logique concurrentielle est pour le moment contenue par l’unité de fait sur le contenu des revendications. Si les syndicats autonomes n’y contribuent pas délibérément, les différentes grèves qui se déroulent et se dérouleront dans les différents corps de la fonction publique ne seront pas le signe d’une atomisation mais celui d’une pression conjuguée et répétée sur les pouvoirs publics.s