Sale temps pour les libertés syndicales

Les restrictions des pouvoirs publics deviennent de plus en plus contraignantes

Sale temps pour les libertés syndicales

Par : Arab Chih, Liberté, 18 juillet 2010,

C’est un fait : en Algérie, d’année en année, l’espace des libertés syndicales se rétrécit comme une peau de chagrin. Même si la Constitution reconnaît formellement les syndicats autonomes, leur présence sur la scène est à peine tolérée.
Pourtant leur représentativité ne souffre d’aucune équivoque. Ils réussissent à mobiliser fortement les travailleurs autour de revendications souvent professionnelles, au contraire du syndicat officiel l’UGTA qui, en perte de vitesse, a presque déserté le terrain des luttes syndicales ne se maintenant en vie que grâce à la bénédiction des pouvoirs qui a fait de la Centrale le représentant unique des travailleurs.
Si depuis leur création dans le sillage de l’ouverture démocratique, les syndicats ont toujours fait face à la diversité, il faut dire que ces dernières années l’hostilité des pouvoirs publics à leur égard s’est quelque peu accentuée. Les partis politiques comme la presse ne sont pas logés à la meilleure enseigne. C’est à se demander s’il n’y a pas une volonté délibérée d’en finir avec les acquis post-Octobre 88.
La méthode des pouvoirs publics pour étouffer dans l’œuf les actions revendicatives des syndicats est toujours la même : la sourde oreille d’abord. Et si le conflit dure dans le temps, on actionne la justice pour déclarer le mouvement de grève d’un quelconque syndicat comme illégal. En cas de recours à la rue pour protester, les syndicalistes sont tout bonnement réprimés.
Un procédé qui a été d’ailleurs utilisé dans le mouvement de grève décidé par les praticiens de la santé, en janvier dernier. Après 3 mois de grève, la justice, saisie par le ministère de tutelle, a déclaré en mars dernier cette action illégale. Une décision assortie de quelques menaces du ministère de la Santé comme les retenues sur salaires, mises en demeure individuelles et les radiations.
Auparavant, ayant voulu marcher vers la Présidence pour faire entendre leurs revendications, les praticiens de la santé ont
été empêchés de marcher vers le siège de la présidence de la République.
Pis, ils ont été bastonnés. C’est dire, combien est grand le recul accusé par les libertés publiques en Algérie. Dans un entretien accordé en mai dernier à un quotidien national, Rachid Malaoui, président du Snapap, s’est montré sceptique quant à la situation des libertés syndicales.
“Je crois que nous sommes les derniers. Au Maroc et en Mauritanie, les syndicalistes bénéficient d’une liberté absolue pour la création d’une confédération, un droit pas encore acquis chez nous. Les conventions internationales en matière de libertés syndicales sont respectées dans ces deux pays. Dans le cas de l’Algérie, les syndicalistes activent souvent et d’une manière régulière, mais ils font l’objet de répression”, a-t-il déploré.