La zone industrielle de Rouiba en ébullition

Les travailleurs menacent d’entamer une grève

La zone industrielle de Rouiba en ébullition

Par : Madjid T., Liberté, 25 décembre 2007

Les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba ont observé, hier, un sit-in devant le siège de la Société de gestion de participation (SGP) sis à Ben Aknoun pour protester contre la décision de privatisation des entreprises Hydrotechnique, Hydroaménagement et l’EGTH (grands travaux hydrauliques). Les représentants des travailleurs de ces trois entreprises appuyés par l’union locale UGTA de Rouiba et d’autres syndicalistes de la zone ont tenu à dénoncer le non-respect par la SGP des dispositions de la résolution N° 6 du 4 juillet 2004 qui insiste sur la participation et l’association des travailleurs à toute décision engageant l’avenir de leur entreprise. Et ils menacent de “paralyser toute la zone industrielle au cas où les SGP concernées persistent à afficher leur mépris envers les travailleurs”, nous a affirmé hier un syndicaliste. M. Messaoudi secrétaire général de l’union locale qui était en première ligne hier a indiqué “que des actions plus soutenues seront entreprises tout prochainement pour protéger nos entreprises contre le bradage”, ajoutant que “le Président de la République a annoncé à maintes reprises que les entreprises en bonne santé ne seront pas privatisables, malheureusement nous assistons à des pratiques contraires”, précise M. Messaoudi. De leur côté les syndicalistes des trois entreprises précitées qui emploient à elles seules plus de 10 200 travailleurs ont manifesté leur colère contre leur SGP qui, disent-ils, ne les a pas associés à la procédure de privatisation. “Nous n’avons été ni informés ni associés au processus de privatisation de nos entreprises qui sont au demeurant bénéficiaires et en bonne santé”, affirme le secrétaire général du syndicat d’hydrotechnique ajoutant que ces entreprises possèdent un plan de charge conséquent et cumulent des créances de plusieurs milliards chez des entreprises et administrations étatiques. “Au lieu d’inciter ces organismes à nous payer on n’a pas trouver mieux que de nous brandir la cession de nos entreprises”.
Son collègue de hydroaménagement, une entreprise qui emploie plus de 4 900 travailleurs a qualifié cette opération de privatisation de “bradage systématique d’entreprises chargées de la réalisation des projets stratégiques pour le pays” et promet lui aussi une réaction appropriée des travailleurs à cette “décision irréfléchie”, précisera-t-il. Les syndicalistes ont cité plusieurs exemples d’entreprises qui ont été déjà privatisées et dont les travailleurs vivent aujourd’hui l’enfer, affirme-t-il. “Nous ne voulons pas traverser la même situation de ces entreprises cédées qui n’ont ni créer d’emplois ni développer l’outil de production”, soutient un syndicaliste de l’EGTH. Par ailleurs, et dans une déclaration rendue publique hier, la coordination et les syndicats d’entreprises de la zone industrielle de Rouiba avertit que cette manifestation n’est qu’un premier message ajoutant que “les syndicalistes condamnent la décision de bradage de leurs entreprises qui enregistrent de bons résultats dans la réalisation de grands ouvrages hydrauliques”. Le document précise que “l’objectif recherché à travers cette manifestation est non la privatisation des entreprises mais de poser les jalons d’une nouvelle forme d’organisation leur permettant une meilleure efficacité opérationnelle dans un contexte de compétitivité et d’adhésion aux normes économiques appropriées”. Enfin, la déclaration invite “les syndicalistes à rester constamment mobilisés et vigilants pour que ces revendications soient enfin satisfaites”.

M. T.