Grève des médecins résidents : Le spectre de l’année blanche se dessine
El Watan, 11 février 2018
La grève des médecins résidents en sciences médicales qui se poursuit a non seulement un impact sur la prise en charge des patients mais en a également un plus important sur la formation de ces jeunes médecins qui sont encore étudiants.
Ce mouvement de protestation, qui entame son quatrième mois, inquiète sérieusement les comités pédagogiques nationaux qui redoutent une année blanche. Au plan pédagogique, il est impossible de valider l’année pour tous ces résidents de la première à la quatrième années. «Il n’y a pas eu d’enseignement depuis près de quatre mois. Comment allons-nous évaluer nos étudiants pour les faire passer au niveau supérieur. Logiquement, on peut parler d’une année blanche.
Durant tous ces mois, il n’y a pas eu de colloques, d’études de cas clinique ou toute autre activité pédagogique. Il est impossible de valider une année sans enseignement», s’inquiète un professeur chef de service de pédiatrie, qui relève que dans son service, l’activité est assurée sans trop de difficulté.
«Nous avons sensibilisé nos résidents en leur expliquant qu’on ne fait pas grève contre les malades et le travail est donc assuré par quatre résidents qui se relayent entre les urgences et les consultations en plus du travail effectué par les assistants et les maîtres de conférence», a-t-il indiqué. Une situation qui préoccupe également le président d’un comité pédagogique de spécialité national et régional.
Pour lui, on peut déjà parler d’année blanche. «Il est actuellement extrêmement difficile, vu le retard considérable enregistré sur l’apprentissage théorique et pédagogique, de prévoir leur récupération en un temps record. Quatre mois sans enseignements avec les vacances de printemps et d’été qui s’approchent, l’année est de facto considérée blanche pour toutes les promotions», a-t-il déclaré tout en relevant que le mouvement de grève a plutôt pénalisé les résidents eux-mêmes. «L’activité de soins n’a pas été perturbée dans certains services, où un nombre suffisant de spécialistes assurent les consultions et la prise en charge des malades.
C’est plutôt l’activité de garde qui risque d’être réellement affectée, dans le cas où les grévistes décident d’arrêter le service minimum», a-t-il souligné. Le conflit qui oppose les médecins résidents au ministère de la Santé peut avoir effectivement des répercussions négatives sur les médecins résidents, mais il est urgent de poursuivre le dialogue afin de trouver des solutions aux revendications des grévistes, estime un professeur en médecine.
Pour lui : «La situation est actuellement non favorable au plan pédagogique, mais c’est aux comités pédagogiques des spécialités de se réunir et discuter afin de décider de l’année blanche ou non, sans être impliqués dans la décision politique liée à la grève.» A noter que dans un communiqué du bureau national du Camra rendu public, une action de protestation sur terrain est prévue demain à Alger «pour faire entendre encore une fois notre voix dans la capitale» et réitérer les principales revendications, dont la réforme du service civil.
Djamila Kourta