Bras de fer tutelle – médecins résidents
Bras de fer tutelle – médecins résidents
Inconciliables positions
Le Soir d’Algérie, 5 février 2018
Au ministre de la Santé qui leur demandait hier de reprendre «immédiatement» le travail et la formation, les médecins résidents répondent que les propositions formulées par son département n’«apportaient rien». Les représentants du Camra dénoncent les tentatives de faire passer des droits reconnus par la loi comme des réponses à leurs doléances. Les positions des uns et des autres semblent inconciliables.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Entre la tutelle et les médecins résidents, le fossé semble s’agrandir. Hier, à l’issue d’une réunion du comité intersectoriel, les positions des deux parties semblaient inconciliables. Au moment où la tutelle annonçait avoir répondu à une grande majorité des doléances des résidents, ces derniers affirmaient que le logement, le regroupement familial, la garantie du plateau technique étaient des droits garantis par la loi. C’est en présence du ministre de la Santé que se sont ouverts hier les travaux de la réunion du comité intersectoriel. Mokhtar Hasbellaoui en a profité pour faire quelques annonces. Il dira, d’emblée, qu’il n’était pas question de revaloriser les salaires des résidents dans un contexte de crise. La réaction des résidents fut immédiate. «Nous n’avons jamais demandé de revalorisation de salaires», rétorque Mohamed Taïleb, un des porte-parole du Camra. Le ministre de la Santé annonçait également que sur proposition du Premier ministre, il a été décidé l’instauration d’une prime d’installation qui sera accordée par les collectivités locales aux médecins-résidents et ce, en fonction des zones et après la création du cadre juridique. La fourchette de cette prime n’a pas encore été arrêtée.
Elle sera à la charge des collectivités locales. Là aussi, les représentants du Camra réagissent, estimant que les propositions faisant état d’une prime de 20 000 dinars ne pouvaient être acceptées. S’adressant à ses «jeunes confrères», le ministre de la Santé a fait savoir qu’actuellement, l’arrêt de travail posait problème de progression universitaire. Il reconnaît que le spectre de l’année blanche «est là» et qu’une solution devait être trouvée en concertation avec les comités pédagogiques dans la concertation. Pour le ministre de la Santé, «il est temps de reprendre le travail et la formation dans l’immédiat» car, dit-il, il est «pour principe pour tout médecin de soigner. Il s’agit d un service public qui ne peut s’arrêter». Comptant sur un dialogue dans le «calme et la sérénité», il appelle tout un chacun à «assumer ses responsabilités».
En début d’après-midi, les représentants du Camra réagissaient. Visiblement déçus, ils ont considéré que le comité n’apportait rien à travers les propositions émises. Pour le docteur Taïleb, il n’est pas concevable de présenter des droits garanties par la loi comme un début de réponse aux exigences des résidents. Il estime que le congé de maternité, le logement de fonction, les moyens matériels pour exercer correctement et le regroupement familial sont initialement inscrits dans la loi. Il estime que n’accorder le regroupement familial qu’aux couples concernés en même temps par le service civil comme une atteinte aux droits fondamentaux du médecin. Quant à la proposition de réduire le nombre de spécialités concernées par le service civile, elle est tout simplement rejetée car considérée comme ne répondant pas du tout aux attentes des médecins résidents. En fin d’après-midi, les représentants des résidents affirmaient que l’avenir du mouvement ne pouvait être décidé que par les représentants des résidents. Le comité intersectoriel, quant à lui, poursuit ses travaux et le ministre de la Santé affirme que son département «ne fermera jamais les portes du dialogue».
N. I.