Scènes de peur dans les vieux quartiers de Belouizdad

Maisons vétustes

Scènes de peur dans les vieux quartiers de Belouizdad

A Belouizdad, les stades abritent des sinistrés ou simplement des gens apeurés par le terrible séisme qui a touché l’est de la capitale. L’installation des tentes s’étend à la SNTR pour accueillir le nombre croissant de ces personnes fuyant la mort.

Par Zineb M., Le Jeune Indépendant, 2 juin 2003

L’épouvantable séisme qui a frappé l’est de la capitale, mercredi 21 mai dernier, continue de semer la panique au sein des Algérois qui s’affolent à la moindre secousse. A Belouizdad, la plus vieille commune d’Alger où les habitations vétustes sont légion, les gens ne sont pas près de regagner leurs demeures fortement endommagées. D’autres ont perdu leur maison à jamais. Ils logent dans des tentes ou chez leurs proches, en attendant des jours meilleurs. «Les murs de notre maison sont complètement fissurés. Mais je ne souhaiterais pas qu’elle soit démolie», avoue Hamida, 35 ans. Depuis le jour de la catastrophe, Hamida, enceinte de sept mois, loge avec des voisines dans une tente au stade Essaâda. Elle attend avec appréhension le verdict du CTC (contrôle technique des constructions) dont les agents ont déjà expertisé 47 926 bâtisses au niveau de la wilaya d’Alger. «Je suis née à Belouizdad. Mes enfants ont grandi ici. Je ne veux pas quitter mon quartier pour m’installer ailleurs», a-t-elle ajouté. Dans ce stade rempli de tentes, on croirait être dans un centre pour réfugiés de guerre. «Ici, il n’y a que des femmes et des enfants. Les hommes passent la nuit dehors, faute de tentes», assure Faïza dont la maison menace ruine. «Nous vivons dans la promiscuité. Quarante à cinquante personnes par tente. La nuit, on suffoque de chaleur. Il y a des diabétiques et des asthmatiques parmi nous», renchérit Salima. Pis, les malades ne disposent même pas de glacière pour conserver leurs médicaments. Non loin des tentes, sur les bancs du stade, c’est la thérapie du groupe en plein air. Des psychologues dépêchés par le ministère du Travail et de la Solidarité nationale assistent les enfants du camp. «Le dessin leur permet d’extérioriser leur angoisse», assure Anissa, psychologue. «Des images de bâtiments qui s’écroulent reviennent plusieurs fois dans leurs dessins. Mais ils dessinent également le CRB, le stade et la nature. «Cependant, la plupart de ces images manquent de couleurs», note Anissa. Halim dessine le décor en cheminement chronologique. Le tremblent de terre, les dégâts, les morts et les maisons effondrées, puis l’installation dans des camps.

Non loin de ce centre, au stade du 20-Août, des tentes de fortune abritent des femmes et des enfants du quartier. «Ici, tout le monde se connaît. Nos maisons déjà vétustes sont actuellement inhabitables. Mais il y a de faux sinistrés qui se sont infiltrés parmi nous», se désole Mahdi. «On nous refuse les tentes, les matelas et même la nourriture», fulmine Saléha, une femme de ménage qui a perdu son F1. Elle n’a pour abri que des draps et des couvertures sous lesquels elle se blottit avec sa fille Melissa et son fils Abd El Kader.

«Nous nous abritons sous des couvertures et des bâches en plastique. Nos enfants dorment à même le sol, mais personne ne semble se soucier de notre sort», regrette cette cinquantenaire. Décidément, les stades ne peuvent plus contenir les sinistrés de Belouizdad ; la commune a encore installé 105 tentes et dix sanitaires à la SNTF (Société nationale des transports ferroviaires) pour accueillir les sinistrés de cette circonscription dont le nombre est toujours inconnu. Z. M.