Congrès du FIS : Une polémique se fait jour en Belgique
Trois jours après le congrès du FIS
Une polémique se fait jour en Belgique
Par Mohamed Khellaf, Le jeune Indépendant, 8 août 2002
Une polémique se dessinait en Belgique au lendemain de la tenue dun congrès du FIS, le premier de cette nature depuis linterruption du processus électoral et le basculement du parti dAbassi Madani dans la clandestinité. Quarante-huit heures se sont à peine écoulées, après lannonce de ce congrès par la chaîne qatarie Al-Jazira, quune querelle oppose des responsables belges.
Selon le correspondant du quotidien français le Monde à Bruxelles, cette information «a déclenché dans le pays une intense polémique sur lefficacité des services» de sécurité. Ce congrès, sur lequel les informations de presse restent encore rares, parcellaires et difficiles à vérifier, semble avoir pris de court les autorités belges. Dans un contexte mondial encore marqué par les événements du 11 septembre et la mobilisation tous azimuts contre les réseaux Al Qaïda, la révélation dAl-Jazira na pas été sans effet. En cette période estivale, elle a quelque peu rompu le «calme politique» et servi, contre toute attente, une matière à une presse en quête de sujets «lourds». Dans une déclaration qui illustre bien lembarras des autorités, le ministère belge des Affaires étrangères, un cabinet dirigé par le libéral Louis Michel, sest déclaré «inquiet» après les révélations dAl-Jazira quune dépêche de lAFP sest chargée de répercuter à travers toutes les rédactions du monde. A suivre la lecture du journal français du soir, cette inquiétude tient à une relation pas très lointaine entre la Belgique et le mouvement islamiste. Tout au long de la décennie écoulée, la Belgique, un pays situé aux confluents des différentes régions dEurope ouest, sud, centrale, est et Scandinavie , a été utilisée comme «base» propice aux mouvements des acteurs du FIS et des mouvements islamistes. Les militants y activaient non sans une certaine aisance. Brochures et autres supports de la «littérature islamiste» y fleurissaient. Il aura fallu une série de coups de filet de la police locale et des opérations denvergure européenne la plus importante est celle qui a précédé le mondial de football de 1998 pour que lagitation du mouvement sessouffle progressivement. «La diplomatie belge nignore pas» que le royaume a, des années durant, été un terrain fertile à lactivisme du mouvement islamiste, note le correspondant du Monde en se livrant à quelques rappels. En 1995, Ahmed Zaoui, lun des dirigeants du FIS, a été condamné avec dautres pour «association de malfaiteurs et soutien au GIA». Cette opération avait provoqué lire des services de sécurité français qui reprochaient à leurs homologues belges davoir anticipé dans la neutralisation du groupe. Pour autant, cette «descente» avait permis, selon le Monde, la découverte de «nombreuses ramifications du réseau» en Belgique. Curieusement, linquiétude manifestée par le ministère des Affaires étrangères contraste singulièrement avec une certaine sérénité des milieux de la sécurité. Cet état desprit apparaît à travers la déclaration du ministère de lIntérieur dirigé par un ministre du même bord politique que Louis Michel qui affirme ne pas avoir de soucis au sujet du congrès du FIS. Lundi soir, le chef de cabinet du ministre de lIntérieur, cité par lagence de presse Belga, sétait efforcé de minimiser les choses, alors quune sénatrice, Anne-Marie Lizin, demandait une enquête des services spéciaux sur la tenue de la réunion. Tout en confirmant linformation, le chef de cabinet a tenu à souligner que le congrès «navait pas limportance que lui prête Al-Jazira». Le même responsable, dans une déclaration à un quotidien local, sest réfugié derrière largument de la liberté dassociation pour expliquer la tenue de la réunion. Et de préciser que la Belgique, «contrairement aux Américains, par exemple», compte se comporter «de manière pragmatique» à légard du mouvement islamiste. Selon le Monde, ce point de vue na pas obtenu outre mesure ladhésion dAnne-Marie Lizin, une sénatrice convaincue que le FIS «servait de couverture au GIA et au mouvement salafiste». A ses yeux, les groupes islamistes semblent, à ses yeux, engagés dans une uvre de reconstruction de leurs structures. Cette stratégie si tant est quelle existe ne semble pas susciter lintérêt des services de renseignements belges. Tel est le sentiment dun spécialiste local de lantiterrorisme qui en veut pour preuve lune des conclusions dune enquête officielle publiée en avril. Selon cette dernière, «la sûreté de lEtat renseignement intérieur ne consacre plus assez de temps et de moyens à lanalyse en profondeur du développement de la stratégie des islamistes, qui porte sur le long terme». M. K.