Le FFS accuse Strasbourg de complicité
Dans une note à la délégation du parlement européen
Le FFS accuse Strasbourg de complicité
B. Djilali, Le Quotidien d’Oran, 21 mai 2001
Après le mémorandum quil a remis au président Abdelaziz Bouteflika et aux deux généraux Mohamed Lamari et Toufik Mediène, le FFS continue son offensive politique en sollicitant tous ceux qui peuvent intervenir ou tout au moins influer sur le cours des événements.
Profitant de la présence dune délégation du parlement européen, le parti de Aït Ahmed na pas manqué loccasion de manifester son mécontentement quant aux positions de ce dernier quil considère comme «une complicité» et surtout à condamner sa résolution suite aux événements de Kabylie. Le FFS estime, dans une note remise par son groupe parlementaire à la délégation, que cette résolution «vient pervertir le sens politique véritable de cette mobilisation par lutilisation pour le moins irresponsable de la notion de peuple kabyle». En effet, depuis le début des émeutes, la presse a été la première à exhumer cette notion recréant ainsi le fameux «mythe kabyle» de lépoque coloniale. Il dépasse aujourdhui le cadre de la presse pour refaire surface à un niveau aussi élevé que le parlement. Cette position est dautant plus contestable quelle ne fait quappuyer la politique du pouvoir dAlger qui la souvent utilisée pour contrer toute opposition. «Elle ne peut que conforter les intentions stratégiques du pouvoir algérien qui a de tout temps tenté de créer une diversion berbériste en Kabylie», écrivent ses députés.
Il constate par ailleurs que cette attitude na pas évolué depuis une décennie, depuis le début du drame, ce qui sapparente daprès lui à de «la complaisance» face aux massacres et à tous les dépassements, atteintes aux droits de lhomme et autres fraudes. Le FFS sinterroge, dans ce cas, légitimement sur «le degré de complicité de certains partenaires de lAlgérie avec le pouvoir». Il en est de même concernant la mise en place des deux commissions denquête «parallèles» dont les félicitations des parlementaires européens ne seraient, selon le FFS, quune énième caution et un soutien «à la dictature algérienne», rappelant au passage les conclusions des différentes commissions denquête qui nont jamais contribué à faire éclater la vérité.
Le bon sens aurait voulu, daprès les parlementaires du FFS, que linstitution de Strasbourg prenne une position à la limite proche de celle du PSE dont la résolution de son 8ème congrès lui recommande dagir auprès de lONU pour lenvoi dune commission denquête internationale sur les massacres en Algérie. Or, il constate que la communauté internationale continue de se murer dans son aveuglement quil assimile clairement à une complicité. «Il est inadmissible que la communauté internationale se taise à chaque offensive de la dictature algérienne», sinsurgent-ils.
Ils trouvent par ailleurs un argument dans le protocole facultatif du Pacte international sur les droits civils et politiques ratifié par lAlgérie qui donne droit à tous les signataires de saisir les instances internationales. Cest ce que semble privilégier le FFS, même si M. Aït Ahmed se défend de chercher une solution dans lintervention étrangère. «La solution à la crise algérienne se fera entre Algériens en Algérie», avait-il encore rappelé à la veille de la marche quil avait organisée le 3 mai passé. Cependant, toutes ses démarches de sortie de crise se sont faites avec un appel à un soutien de la communauté internationale. Aussi, cette fois espère-t-il de la voir soutenir et adhérer à son entreprise par des appels directs pour les impliquer davantage. «Nous souhaitons que les partenaires et les amis de lAlgérie prennent définitivement conscience et simpliquent pour le retour à la paix et à une véritable transition démocratique», est-il écrit dans la note. Cette implication doit se concrétiser à travers une pression sur le pouvoir afin de mettre en application les propositions contenues dans son mémorandum.
En revanche, aussi étonnant que cela puisse paraître, le même groupe parlementaire fait limpasse sur la demande dune quelconque intervention, alors quil suggérait explicitement celle des forces de lOTAN, récemment, à loccasion de la visite de sa délégation parlementaire en Algérie. Cest vrai aussi que le FFS a radicalement revu certaines de ses positions que daucuns ont interprété comme des concessions. Mais, il demeure intransigeant sur bien des dossiers et campe sur ses positions.