Conférence de presse d’Ahmed Djeddaï

FFS

Front des Forces Socialistes

Conférence de presse d’Ahmed Djeddaï

15 mars 2002

Déclaration liminaire

La marche du FFS du jeudi 14 mars 2002 a été sauvagement réprimée rappelant étrangement les opérations  » ratonade  » de sinistre mémoire. La violence a été spécialement dirigée contre les responsables du parti, ses élus nationaux et locaux ainsi que les responsables des structures de manière à provoquer la colère et les débordements.
Le pire a été évité grâce à la clairvoyance et l’autodiscipline des militants et des sympathisants.

Nous tenons à féliciter particulièrement chacun et tous pour leur observance exemplaire des consignes données par la direction et le service d’ordre du parti.
Nous nous félicitons à juste titre que les différents compartiments du parti aient réagi avec un sens élevé de lucidité politique et un self contrôle exemplaire. Grâce aux liaisons téléphoniques la consigne de rebrousser chemin pour les bus qui n’ont pas pu passer a été exécutée et relayée dans le calme malgré les frustrations que chacun peut imaginer.

Les militants arrêtés et auditionnés par les services de police ont refusé d’emblée le statut et le comportement de délinquant de droit commun. Ils ont assumé avec dignité et sérénité leur participation à la marche pacifique et ont tenu à ce que figure dans les P.V les mots d’ordre qu’ils sont venus promouvoir et défendre. Les militants qui ont jugé que leur motivation politique ou leur mots d’ordre ont été tronqués ou manipulés ont refusé de signer les procès-verbaux de leur audition.
Leur comportement solidaire dans cette épreuve, témoigne de la profondeur de leur convictions de lutte politique et pacifique et de leur communion pour défendre un idéal de liberté.
Cette posture de dignité citoyenne fait et fera honorer l’Algérie. Plus que jamais, le FFS grâce à sa sève montante s’ancre dans une stratégie de conviction constante et durable malgré les conjonctures répressives à répétition.

C’est en leur nom que je rends hommage aux militants du mouvement associatif autonome et particulièrement aux mères de disparus qui ont subi une répression sauvage. Ces mères dignes et courageuses continueront à hanter la conscience de ceux qui pensent  » d’avoir libéré en jouant les PONCE-PILATE « .
Cette répression sauvage n’a pas épargné les journalistes, pourtant présenté et reconnu comme tel. C’est une violence grave, une de plus, une de trop. Elle confirme des lendemains incertains pour cet oasis du pluralisme.

Il vous appartient de répondre es-qualité si cette répression vous a touché en qualité de témoin, ou au motif que vous êtes venus couvrir un événement que le pouvoir n’a daigné tolérer.

Pourquoi la marche (appel joint dans le dossier de presse).
Le FFS qui a fait de la voie pacifique un credo a toujours appelé à des marches chaque fois qu’il juge nécessaire :
– de briser le mur de la peur ;
– les conspirations du silence, les conforts de la résignation et les réflexes d’autarcie ;
– d’user concrètement de son droit à la manifestation et à l’expression politique ;
– de maintenir la flamme de l’espoir démocratique car ces rencontres sont un véritable lieu de rassemblement de toutes les forces porteuses de changement.

Même nos adversaires reconnaissent la constance et la cohérence de notre ligne de conduite, REHABILITER LE POLITIQUE.

Pourquoi à Alger.
Rappelons aux gérants patrimoniaux qu’Alger est la capitale de l’Algérie. Il est de tradition pour les dictatures finissantes d’isoler la capitale des provinces indociles pour les condamner aux gestes et actes de désespoir.
Le choix d’Alger comme lieu de manifestation a pour but d’aider la dissidence citoyenne à s’exprimer et s’accréditer dans sa dimension nationale. Sa répression féroce avait pour finalité d’atomiser et de ghettoïser cette mobilisation citoyenne d’espoir.

La présence du FFS à Alger se veut un gage de cohésion nationale.

Pourquoi maintenant.
Est-il décent de se poser cette question après dix ans de guerre sans nom et sans aucune solution politique finale.
La question à se poser est pourquoi pas ICI et MAINTENANT partout et toujours.
Le FFS a tenu à prendre date et à montrer aux Algériennes et Algériens qu’entre les engagements du pouvoir et leur concrétisation il n’y a qu’une constance : le reniement et la répression.
Les discours mystificateurs de ce régime en quête d’une indulgence internationale s’avère incapable de maquiller sa face dictatoriale.
Face à cette furie répressive, le FFS réitère son credo de lutte pacifique.

Pourquoi sa répression ?
Outre le fait que c’est la seconde nature de ce régime, j’allais dire la première, si ce n’était son illégitimité chronique. Dans la constitution non écrite de ce pouvoir, la force prime sur le droit et la fin justifie les moyens.

La répression  » scientifiquement  » planifiée qui a touché sans distinction militants, sympathisants, responsables, mères des disparus et journalistes en fin tout ce qui bouge n’est ni un acte fortuit, ni un acte anecdotique de personnels de sécurité zélés. C’est un acte délibéré, planifié, prémédité sous le regard des chefs de la DGSN et consorts. Elle a visé le FFS pour son indocilité aux diktats du pouvoir et son refus de se laisser normaliser.

Le FFS dont le regard est tourné vers la dynamique de la société, loin des intrigues du sérail constitue pour les va-t-en guerre un danger de paix.

Que faire ?
Le FFS n’abdiquera aucun de ses droits. Il est plus que jamais déterminé à :
Au plan national :
– militer pour l’émergence d’une alternative démocratique nationale avec les acteurs sociaux et politiques autonomes épris de paix, de vérité et de justice.
– Militer pour imposer des règles de médiation politique de tous les conflits par un ensemble de règles applicables par tous et opposables à tous dans les normes du droit universellement reconnus.
Au plan maghrébin :
– militer sans cesse pour un Maghreb des droits de l’homme.
– Construire des ponts de solidarité pour un avenir démocratique du Maghreb.

Au plan international :
– Militer pour le respect des engagements ratifiés par l’Algérie.
– Militer pour la levée des barrières douanières sur les droits de l’homme le regard des ONG et instances internationales.
– Alerter l’opinion internationale et la prendre à témoin sur toutes les violations des droits de l’homme.
– L’impunité encourage la récidive et hypothèque l’avenir du pays et les intérêts des partenaires.

Le FFS est convaincu que l’avenir des Algériennes et Algériens est dans la construction d’une société démocratique et ne réside pas dans la répression et les rapports de force illusoires.

Front des Forces Socialistes 56, Avenue Souidani Boudjemaa – Alger tel : 021694141
Fax : 021484554 [email protected]