Un Festival sur fond de contestation

ALGER / Un Festival sur fond de contestation

El Watan, 8 août 2001

Jusqu’à hier, les archs et comités de villages affichaient une même détermination à organiser leur marche, malgré l’interdiction du ministère de l’Intérieur. Feront-ils de l’ombre au Festival qui s’ouvre avec, en toile de fond, une contestation qui secoue plusieurs régions du pays depuis avril dernier ?

Le 15e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui s’ouvre aujourd’hui verra la participation de 15 000 jeunes, représentant 140 pays et plusieurs organisations non gouvernementales (ONG). Le slogan de cette édition résume la préoccupation des jeunes : «Globalisons la lutte pour la paix, la solidarité, le développement, contre l’impérialisme». De nombreuses délégations sont déjà arrivées à Alger (Danemark, Grèce, Congo, Sénégal, Emirats arabes unis, Syrie, Jordanie, Brésil, Islande, Palestine, Viêtnam…). Certaines sont conduites par de hautes personnalités politiques (ministres et parlementaires). Des délégations du Canada, de Chine, du Paraguay et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) arriveront dans les prochaines heures. Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, sera présent lors de cette inauguration, apprend-on de sources proches du comité d’organisation, en compagnie de plusieurs membres du gouvernement. Il prononcera un discours de circonstance. M. Mokhtar Bourouina, président de la commission information et communication, nous a affirmé que jusqu’à hier soir, le nombre de listes nominatives a atteint la centaine.Plusieurs pays ont donné leur accord de principe pour la participation mais n’ont pas encore envoyé leurs listes nominatives. Toutefois, le Festival restera ouvert à toute participation, même après l’inauguration. C’est le cas des Français et des Marocains qui n’ont pas encore envoyé leurs représentants. Après une période d’hésitation, les Tunisiens ont décidé de rejoindre Alger. Côté algérien, il y a deux délégations participantes, l’une culturelle et l’autre politique. Des débats âpres ont eu lieu lors d’un séminaire qui avait pour objectif de «définir un seuil minimum de consensus concernant les problèmes de l’Algérie», a-t-on appris de sources bien informées. Sans vouloir nier les différences idéologiques et les courants politiques que traverse notre pays, cette «mesure» vise indirectement à éviter les dépassements et plus précisément à soumettre à l’Assemblée des thèses susceptibles de mettre dans l’embarras le pouvoir algérien. Cependant, insiste M. Bourouina, «le Festival est éminemment politique. Il ne s’agit pas d’un carnaval ou d’une opération de maquillage de la réalité. D‘ailleurs, la commission politique algérienne est constituée de plusieurs couches sociales et même de chômeurs .» Les centres de discussions thématiques ont été implantés à l’université de Bab Ezzouar. La cérémonie d’ouverture débutera à 20 h au stade du 5 Juillet. Après la lecture des discours du président du comité international d’organisation (CIO) et de celui du comité national permanent (CNP), des troupes folkloriques et des Touaregs animeront des scènes qui symbolisent l’Algérie. L’hymne du Festival sera ensuite entonné avant d’allumer la flamme. A 10 h 30, Safy Boutella présentera son spectacle La source où il met en scène la rivalité de deux tribus sur l’eau, source de vie. Les danses succèdent aux mouvements chorégraphiques peignant des tableaux qui s’offriront comme un présent à la vue. Parmi les artistes qui ont confirmé leur venue figure Majda Erroumi qui a annulé sa tournée en Tunisie pour être présente à cet événement et Miryam Makeba, grande chanteuse sud-africaine et citoyenne du monde, diva de l’Afrobeat, très connue pour son tube Pata-pata. Elle s’est déjà produite en Algérie dans les années 70 et s’est illustrée par son engagement pour les causes justes. En clôture, il y aura également Lotfi Attar et New Amarna. Le 15e Festival est revenu à l’Algérie suite à l’appel lancé par 40 organisations nationales et régionales. Une manifestation qui se veut un espace de confrontation des idées mais qui a du mal à se mettre au-dessus de la mêlée politicienne…

Par Kamel Benelkadi

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