Ali Yahia avait appelé à une mobilisation pour la libération des étudiants détenus

MAÎTRE ALI YAHIA ABDENOUR

«C’est un procès politique»

Par Rezki Selmani, El Watan, 28 mai 2002

Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Me Ali Yahia Abdenour, a animé hier une conférence de presse au siège de la Ligue à Alger.

La rencontre, à laquelle ont assisté des représentants de la presse algérienne et étrangère ainsi que des militants des droits de l’homme, a été l’occasion pour le président de la LADDH de revenir sur la condamnation par la justice des étudiants et des militants des droits de l’homme. Me Ali Yahia Abdenour a notamment déclaré que le verdict rendu dans le procès des détenus est «politique». L’orateur n’a pas hésité à faire le parallèle avec des condamnations pour délit d’opinion qui se sont déroulées dans les années 80 à l’égard d’étudiants et de militants des droits de l’homme. Dans ce sens, le conférencier a rappelé que ce procès illustre que la justice algérienne est un instrument de répression au service du pouvoir. Comme il a déclaré que le pouvoir, de par sa nature policière, veut soumettre la société par la peur et la violence. «La condamnation de ces étudiants, devait-il ajouter, qui appartiennent à une seule région du pays, illustre la volonté de ce dernier de dresser cette dernière contre le reste du pays, ce qui est dangereux pour l’unité nationale.» Abordant le dossier de l’instruction, l’avocat dira qu’il est vide et ne repose sur aucun fondement juridique. Me Ali Yahia a enfin annoncé que le collectif d’avocats de la LADDH fera appel au jugement du tribunal de Bir Mourad Raïs et assure les familles des détenus de son entière disponibilité. Enfin, il fait appel à l’ensemble des universitaires, des syndicats estudiantins, aux intellectuels, journalistes et à l’opinion internationale à se mobiliser pour dénoncer cet acte d’injustice à l’égard des étudiants condamnés. Par ailleurs, Abderrahmane Khellil, militant de la LADDH, qui a écopé d’une peine de six mois de prison avec sursis au tribunal de Bir Mourad Raïs, s’est exprimé lors de la conférence de presse sur la situation dans les prisons algériennes. Ce dernier, qui était maintenu en détention pendant sept jours, parle des conditions de détention épouvantables. «Pas d’eau, rationnement de la nourriture, entassement à l’intérieur des cellules», a-t-il indiqué. Le militant a également rapporté le cas de punitions sévères infligées aux condamnés récalcitrants.Il parle de diktat d’anciens condamnés sur les nouveaux et des gardiens sur les prisonniers. Me Ali Yahia Abdenour, en parlant des prisons, a tout simplement indiqué : «Pour les autorités, les prisonniers c’est du détail et du bétail.» Signalons enfin que dans un communiqué, l’un des avocats des étudiants incarcérés, Me Salah Hannoun, annonce qu’«en condamnant les étudiants, la justice algérienne, qui s’inscrit dans la logique répressive du pouvoir, a fait fi de toutes les normes de droit, ces étudiants ayant été condamnés sur la base de dossiers vides, ne comportant aucune preuve matérielle».L’avocat déclare : «Nous sommes interpellés par cet arbitraire d’État qui est dirigé en stratégie de gouvernance.»