Ali Yahia avait appelé à une mobilisation pour la libération des étudiants détenus
Président de la LADDH
Ali Yahia avait appelé à une mobilisation pour la libération des étudiants détenus
Par Malika Belgacem, Jeune Indépendant, 28 mai 2002
Le procès des 18 étudiants et des deux membres de la Ligue algérienne de défense des droits de lhomme (LADDH) sapparente à un procès dune région entière, a laissé entendre, hier, lors dune conférence de presse, le président de la LADDH, Me Ali Yahia Abdenour. Les responsables de cette organisation non gouvernementale (ONG) ont dénoncé avec force les condamnations prononcées par la justice contre ces étudiants et les deux membres de la LADDH. Pour cela, ils ont décidé de faire appel du jugement du tribunal. La LADDH a interpellé la société civile, les partis, les personnalités politiques et les ONG internationales à se mobiliser pour dénoncer «cet acte dinjustice et exiger la libération immédiate des étudiants détenus ». «Ils ont été jugés pour délit dopinion. Ces étudiants ont été condamnés pour ce quils sont et non pour ce quils ont fait», a-t-il précisé. Par ces agissements, le pouvoir est en train de «pousser à la violence et à lextrémisme. Ce verdict est une décision criminelle et irresponsable», a noté Mme Salima Ghozali, journaliste et membre de la LADDH.
Elle a estimé que le pouvoir actuel constitue une «véritable menace pour lunité nationale», et quil (le pouvoir) est «en phase de décomposition». Au cours de cette rencontre avec la presse nationale et étrangère, les représentants de la ligue ont relevé les similitudes qui existent entre la vague darrestations qui a ciblé les étudiants pour leur appartenance politique au début des années 1990 et laffaire de ces 18 étudiants pour leur appartenance à une région bien précise du pays qui est la Kabylie. «Le pouvoir veut dresser une région du pays contre une autre», a déclaré Me Ali Yahia Abdenour.
Les représentants de cette ONG ont signalé que le proverbe «Ne craint pas la loi, craint le juge» sapplique à la réalité algérienne. «La justice nest que lombre du pouvoir, son bras séculier.» M. B.
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Conférence de presse de Me Ali Yahia Abdenour
« Il faut se mobiliser »
Mekioussa Chekir, Le Matin, 28 mai 2002
Au lendemain du procès des étudiants arrêtés à Bouzaréah, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), Me Ali Yahia Abdenour, a animé hier une conférence de presse au siège de l’organisation en vue de dénoncer le verdict et les intentions qu’il dissimule. « Les étudiants ont été arrêtés pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils ont fait », a-t-il déclaré avant d’annoncer la volonté du collectif d’avocats de la ligue de faire appel du jugement du tribunal : « Ce Pouvoir est policier et veut soumettre l’Algérie à la violence. C’est très grave, il veut dresser une partie du pays contre une autre. Ils n’ont arrêté que les étudiants originaires d’une région ! », regrette le conférencier.
Pour ce dernier, il ne s’agit que d’un délit d’opinion et d’un procès politique, d’où la célérité avec laquelle l’affaire a été traitée. Il déplorera l’impartialité d’un système judiciaire où même le juge n’est pas libre de se défendre : « La justice est entrée dans un dévoiement qui consiste à déclarer coupables des innocents elle n’est pas sortie grandie de ce procès », lit-on dans la déclaration remise à la presse. Estimant les charges retenues contre les étudiants infondées, Me Abdenour remet en cause les arguments développés par le juge : « On a considéré qu’il s’agit d’un crime de lèse majesté, or Bouteflika qui déclare avoir tous les pouvoirs doit s’attendre à être confronté aux critiques du peuple. Pourquoi n’a-t-il pas réagi de la même manière lorsqu’il a été hué à Bab El Oued à la suite des inondations ? » Pour Salima Ghezali, journaliste et militante de la LADDH, cette attitude provocatrice traduit la décomposition du Pouvoir, le sentiment que ce dernier ne craint plus le regard extérieur depuis le 11 septembre et, enfin, qu’il croit pouvoir susciter la passivité de la société en jouant sur la division régionale. Le militant de la ligue arrêté au même titre que les étudiants, Khelil Abderrahmane, a témoigné pour sa part des conditions de détention qu’il qualifie d’indignes d’un être humain et de désastreuses ». Et de narrer comment des détenus s’entassent à près d’une centaine par cellule, manquant du minimum vital.
En conclusion, Me Abdenour en appelle à la mobilisation de toutes les forces vives du pays en vue « non de faire reculer un Pouvoir irresponsable », mais pour dévoiler ses pratiques. Il y a une avancée dans le domaine de la résistance des différents segments de la société, il s’agit de trouver un lien entre eux dans la légalité et la pacification, précise le président de la LADDH.