Le projet de loi sur les hydrocarbures fait des vagues
Le projet de loi sur les hydrocarbures fait des vagues
Les pétroliers en colère
L’Actualité, 4 septembre 2002
La manière dagir de Karim Younès, président de lAPN, concernant ses annonces des projets de lois inscrits au titre de la session dautomne de lAssemblée populaire nationale (APN), aurait provoqué le courroux des syndicalistes du secteur pétrolier. Ceux-ci auraient perçu sa manière de présenter le programme comme une tentative dorienter le vote des députés.
Comment pourrait-il en être autrement à partir du moment où le projet de Chakib Khelil est en discussion avec le partenaire social quest la Fédération des pétroliers ? Linitiative de Karim Younès viserait, selon le syndicat, à les mettre devant le fait accompli.
La Fédération aurait tenu, hier, une réunion durgence pour préparer la réaction à cette « manuvre » qui outrepasse les prérogatives et de lAssemblée et de sa composante.
Il aurait été décidé, à lissue de cette réunion extraordinaire, de convoquer pour le 17 septembre une réunion au sommet de la Fédération pour décider des suites à donner au projet. Cependant, il est utile de rappeler que ledit projet, qui a fait couler beaucoup dencre, nest pas élaboré, quil est au centre des discussions entre le ministère de lEnergie et la centrale UGTA. Ce qui, à lévidence, remet en cause la précipitation du président de lAPN à annoncer « comme acquis » le débat sur le projet de réforme des hydrocarbures. Surtout que ledit projet nest pas au niveau du gouvernement dont le chef est le SG du FLN auquel appartient Karim Younès.
La réaction immédiate de la centrale UGTA est compréhensible à plus dun titre dans le contexte actuel. Dautant quelle reste très fort dans le secteur le seul bastion où elle est le mieux implantée et devrait faire face à une compétition face aux autres syndicats autonomes qui activent sur tous les fronts. Dautre part, la perspective des élections locales du 10 octobre ne laisse pas une grande marge de manuvre et pour lUGTA tenue, aujourdhui dorienter ses tirs dans lintérêt des travailleurs, et du gouvernement qui doit réussir son entreprise sans provoquer le front social. Cest là également la mission de lUGTA dapaiser les tensions, sauf que le contexte lui impose une obligation de résultats.
La problématique augure des perspectives pour le moins redoutables dans la mesure où les choix politiques avoués sopposent à la démarche entreprise par lExécutif par lentremise dune Assemblée acquise. Car, il sagirait bien dune gestion par le fait accompli, dont le discours de Karim Younès est une illustration, qui ne tienne pas forcément compte de la tension sociale quune réaction de lUGTA pourrait mettre en action.
Enfin, ce procédé risque de porter à leur comble les contradictions internes du FLN qui est à la fois en « harmonie » avec les tentations ultralibérales du Président et se veut le continuateur du parti historique attaché au patrimoine national. Un climat, donc, qui risque dhypothéquer les ambitions novatrices de son secrétaire général Ali Benflis. Une réaction des conservateurs nest, dailleurs, pas à écarter comme dans le cas du projet de réforme du système éducatif.
D. Ben
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Les pétrolier Hydrocarbures
Après les déclarations du président de lAPN
Le syndicat de Sonatrach crie au scandale
Dans une déclaration parvenue, hier, à notre rédaction, le Syndicat national de la compagnie pétrolière Sonatrach, affilié à lUGTA, sinsurge contre les déclarations du président de lAPN, Karim Younès, au cours desquelles il a évoqué ladoption prochaine du projet de loi sur les hydrocarbures.
Celui-ci avait, pour rappel, indiqué à louverture, lundi dernier, de la session dautomne de lAPN, que ce projet de loi sera au menu des débats des parlementaires.
Le syndicat de Sonatrach, qui sest dit « très surpris » par la déclaration du président de lAPN, rappelle dans son communiqué que « les préoccupations et les inquiétudes des travailleurs et de leurs représentants concernant cet avant-projet de loi font toujours lobjet de discussions avec le ministre de lEnergie et des Mines ».
Des discussions, a précisé le syndicat de Sonatrach, qui ont commencé dès la nomination de Chekib Khelil au poste de ministre de lEnergie et des Mines qui avait émis le vu de « réformer » le secteur de lénergie. Linitiative du ministre, perçue par les travailleurs beaucoup plus comme une volonté de libéraliser le secteur et de privatiser la Sonatrach, sest heurtée à lintransigeance du syndicat des pétroliers. Ce dernier avait dailleurs appelé à un débrayage de deux jours en mars 2000 pour contrer le projet du gouvernement.
Le syndicat de Sonatrach, qui se déclare « refuser catégoriquement que ce projet de loi soit inscrit pour examen et à quelque niveau que ce soit, avant laboutissement dun dialogue sérieux, responsable et franc avec le partenaire social ». Il appelle, en outre, les syndicalistes, militants et travailleurs de la Sonatrach à « se mobiliser pour la sauvegarde de loutil national de production Sonatrach, fierté de la nation tout entière, expression de la souveraineté économique nationale ». Le syndicat nationalUGTA Sonatrach se déclare, par ailleurs, « partie prenante de toute action qui sera initiée par notre fédération et notre centrale syndicale », lit-on encore dans sa déclaration. Des propos qui pourraient annoncer de forts orages dans le secteur des hydrocarbures. Les relations entre le gouvernement et les pétroliers risquent-elles, pour autant, de se dégrader ? Difficile à dire pour le moment.
Cependant, il faut garder en mémoire la polémique qui a précédé la présentation du projet de loi relatif à la privatisation des mines. Non seulement elle na eu aucun impact sur le débat sur lavenir du secteur, et elle na pas empêché, non plus, lAPN de faire passer le projet comme une lettre à la poste. Mais la réponse doit quand même être nuancée.
Mohamed Lakhdar Badredine, député FLN et responsable de la Fédération des pétroliers, a déclaré, récemment : « On aura notre mot à dire sur la question ». Dans le cas où ce projet de loi viendrait à être présenté tel que semblent le craindre les syndicalistes, faudra-t-il sattendre à un « clash » entre les pétroliers et le gouvernement ? Il faut le craindre. Sur ce sujet, il est connu que les politiques ne sont pas au diapason des pétroliers. Affaire à suivre de près.
Ghany Aichoune