Le SNAPAP saisit le BIT et la FIDH
A propos de ses huit syndicalistes condamnés à Oran
Le SNAPAP saisit le BIT et la FIDH
Le Quotidien d’Oran, 4 novembre 2002
Le Syndicat national autonome des personnels de ladministration publique (SNAPAP) a décidé de saisir le Bureau international du Travail (BIT) ainsi que la Fédération internationale des Droits de lHomme (FIDH), suite à la condamnation par le tribunal dOran, de huit membres du syndicat, le 21 octobre passé.
Dans un document parvenu à notre rédaction, le SNAPAP indique que les huit syndicalistes dont deux femmes, ont été condamnés à trois (03) mois de prison avec sursis. Ces derniers sont «suspendus depuis huit (08) mois, sans salaire et risquent de perdre définitivement leurs emplois si le jugement est confirmé», en deuxième instance par la Cour dOran à une date qui na pas encore été fixée. Les syndicalistes ont été condamnés, selon le SNAPAP, après avoir observé «une grève de la faim suite à une intervention de police sur réquisition du gouverneur [le wali, NDLR], se référant au décret de létat durgence».
Pour Rachid Malaoui, SG du SNAPAP, cela est illégal puisque le décret portant état durgence sur la base duquel le wali dOran «juge et partie» a pu incarcérer les concernés ne sapplique pas en ce qui concerne les activités syndicales. Selon lui, larticle 2 du décret évoque nettement que tous les syndicats peuvent exercer librement leurs activités durant létat durgence, aussi bien lUGTA que les autres syndicats. Partant du fait que le SNAPAP est aussi un syndicat, la mesure de réquisition devrait également sétendre à lui, explique Malaoui.
Outre la décision de faire appel à la décision du tribunal dOran, le SNAPAP décide de saisir le BIT dont il est membre ainsi que la FIDH. Le syndicat demande, officiellement, au BIT une assistance juridique, afin de «défendre ces syndicalistes jugés pour activités syndicales» et dénoncer «le parti-pris de ladministration» qui sest matérialisé par la fermeture du local syndical des concernés.
Le SNAPAP sen prend au premier magistrat dOran quil accuse de «porter atteinte aux syndicats autonomes», dans le but de «consolider la position du syndicat du pouvoir». Rachid Malaoui ne se contente pas uniquement de lattitude du wali dOran pour prouver que les syndicats autonomes sont vus dun mauvais oeil par les autorités.
La télévision est prise à partie pour ne souvrir qu«uniquement pendant les périodes électorales», et le reste étant «réservé au syndicat du pouvoir».
Le ministre du Travail est également dénoncé par le SNAPAP pour avoir récemment déclaré, dans le cadre du forum dEl-Moudjahid, que le seul syndicat représentatif en Algérie était lUGTA, «visant clairement les syndicats autonomes au lieu douvrir le champ syndical».
Ce dernier ne veut reconnaître que «les syndicats du pouvoir», se refusant à «réviser les articles 02 et 04 de la loi syndicale, maintenant ainsi la représentativité et le champ daction au syndicat du pouvoir» et entravant «toute création de confédération syndicale». Dautre part, «le droit de grève sera limité en interdisant les grèves illimitées».
Salim Bouakkaz