Les ambitions françaises sur le marché algérien
Les ambitions françaises sur le marché algérien
Le Quotidien d’Orsn, 1 octobre 2002
Face à la diversification des sources dapprovisionnement de lAlgérie, la France tente dévaluer le développement des différents secteurs en vue den déceler «les positions qui pourraient savérer fragiles et les marges de progression qui pourraient être mieux exploitées».
La mission économique française accréditée à Alger a, à cet effet, examiné trois domaines dimportation, à savoir les biens déquipement, les biens de consommation ainsi que la filière agro-alimentaire.
Qualifiés de «segment le plus dynamique des importations algériennes», les biens déquipement enregistrent une croissance moyenne de 15% par an, sur la période 1998-2001. Les Français expliquent cette progression par larrivée à maturation dun certain nombre de grands contrats dans les secteurs des hydrocarbures et de leau, et léquipement global du pays et des entreprises, en infrastructures de base. «Ce phénomène traduit les efforts d investissement accomplis, tant au niveau des infrastructures que des équipements industriels», estime la mission économique dans sa fiche de synthèse sur le marché algérien.
Jugés en pleine progression, certains créneaux du marché dimportation des biens déquipement échappent, quelque peu, aux Français. Si la France reconnaît, que la part de son marché a augmenté en matière de vente à l Algérie des biens déquipements électriques, «en revanche, elle ne profite pas, à sa pleine mesure, de la croissance des importations des appareils de mesure et de contrôle». Il est signalé, quil en est de même pour les équipements liés aux grands contrats (tubes, robinetterie industrielle, pompes…).
La faiblesse de la part du marché français dans la structure des importations des biens déquipement est due, notamment, à la diversification des sources dapprovisionnement de lAlgérie. Il est cité un certain nombre de pays, qui ont su profiter de lexpansion des importations algériennes, pour accaparer des parts de marchés. Il sagit, en premier, de la Turquie, au sujet de laquelle la France note «une nette progression», notamment dans la vente, à lAlgérie, de câbles électriques ainsi que de moules pour la fonderie.
Par la vente des équipements dair conditionné, les Coréens viennent en deuxième position, «absorbant la quasi totalité de la croissance des importations algériennes». Si la France a cédé le pas aux Etats-Unis, en matière de vente à lAlgérie dappareils de mesure et de contrôle, elle s est faite, par ailleurs, doubler par lAllemagne et la Grande-Bretagne, qui auront réussi à être «les principaux bénéficiaires de la croissance des importations algériennes» dordinateurs et déquipements informatiques.
Représentant 14,5% des importations algériennes (1,5 milliard de dollars en 2001), les biens de consommation garantissent une position confortable à la France.
«Sur le poste le plus important en valeur, les produits pharmaceutiques, la France reste le premier fournisseur de lAlgérie», note la mission économique de son ambassade à Alger. A ses yeux, les dépenses de santé restent importantes «au regard du PIB par habitant et continuent à croître, malgré lessoufflement du système algérien de santé publique». Les exportations françaises de produits pharmaceutiques, vers lAlgérie, comptabilisent 300 millions de dollars. Bien quelles progressent, ces exportations sont, pour la France, «sans perte mais sans gain important, non plus, de parts de marché». Elle affiche, en outre, un fléchissement de la tendance de ses exportations des appareils et instruments médicaux.
Dans le domaine de lautomobile, «second poste le plus important en valeur», la France reconnaît que ses parts de marché progressent de façon soutenue dans un contexte de relative stagnation des importations». Cette progression, les Français la lient au repli des constructeurs asiatiques «et, plus particulièrement, coréens dont les marques sont en régression depuis 3 ans».
Répertoriée comme étant le principal importateur de denrées agro-alimentaires du continent africain, lAlgérie est, aux yeux de la France, un pays dont la dépendance alimentaire constitue une contrainte réelle. La cause dune telle situation : la dépendance de lagriculture vis-à-vis des précipitations. «Le secteur demeure pénalisé par la faiblesse des investissements et la sous-mécanisation des exploitations», est-il souligné.
La production nationale couvre 20% (de la consommation nationale) pour les céréales et dérivés, 20% pour les légumes secs, 33% pour le lait, 95% pour les viandes rouges, 5% pour les huiles de table «et est, pratiquement, nulle pour le sucre et le café». Si les céréales représentent un tiers du total des importations agricoles, le lait et les produits laitiers «représentent le second poste des importations de produits agro-alimentaires de lAlgérie devant les huiles et le sucre».
Estimée inférieure à 1 milliard de litres par an, la production nationale (de lait) est loin de couvrir les besoins nationaux, qui sont de lordre de 3 milliards de litres, lAlgérie étant le plus gros consommateur de lait au Maghreb. La France se targue, par ailleurs, dexporter vers lAlgérie, pour un montant de 600 millions de francs de sucre.
Face à la lourdeur de la facture alimentaire de lAlgérie, la France relève «les premiers effets du plan national de développement agricole (PNDA), qui se traduisent par un renouvellement des investissements dans le machinisme et loutillage agricole». Il est, en même temps, noté «lamorce dun processus dintégration du secteur», à travers les fortes progressions de position, telles que les machines agro-alimentaires, les emballages et les équipements pour ligne de conditionnement.
Bien quelle reste «bien positionnée sur les principaux postes dimportation algériens», loffre française affronte, dans la filière agro-alimentaire, de nouveaux fournisseurs, à lexemple de lUkraine et de la Nouvelle-Zélande. Ceci, sans compter ses anciens concurrents comme la Turquie, lEspagne et l Italie.
Ghania Oukazi