Partira ou partira pas

Partira ou partira pas

Ribat, Mercredi 23 doul hijja 1420 – 29 mars 2000

A force de menacer de rentrer chez lui, le Président Abdelaziz Bouteflika est-il poussé vers la sortie ? La rumeur se fait persistante dans les cercles proches du pouvoir et dans l’opposition qui s’interroge et observe. Selon des sources généralement bien informées, un dossier médical est en train d’être bouclé pour justifier le limogeage du chef de l’Etat. De nombreuses personnalités politiques, comme Sid Ahmed Ghozali, déclarent publiquement que le président de la République ne finirait pas son mandat et qu’il quitterait ses fonctions avant la fin de l’année 2000. Dans certaines rédactions, on parle des tout prochains mois.

Le nom de l’ancien chef du gouvernement qui aurait les faveurs des généraux, est le plus cité pour succéder à Abdelaziz Bouteflika qu’il attaque d’ailleurs sans ménagement. Après avoir créé son parti dont le congrès se tiendra prochainement, Sid Ahmed Ghozali semble se préparer à accéder à la magistrature suprême avecévidemment la bénédiction des décideurs. D’autres écartent cette version du scénario et parlent plutôt de la mise en place d’un directoire pour gouverner le pays en attendant l’organisation de nouvelles élections présidentielles. D’après la rumeur qui fait fonction d’information en Algérie, Abdelaziz Bouteflika paie, aux dires de ses détracteurs, ses multiples échecs : échec de la concorde civile, échec de la normalisation politique, échec sur le plan économique, échec sur la scène internationale, etc…

Après avoir soulevé un réel espoir dans la population qui attendait que les problèmes quotidiens auxquels elle est confrontés soient combattus par des mesures sérieuses et rigoureuses, la politique du gouvernement demeure, trois mois après sa formation, illisible et floue ; aucune réforme n’est ni élaborée ni débattue ni entreprise dans les domaines les plus sensibles comme la santé et la justice. Le gouvernement ne sait pas oùil va, il navigue à vue, il fait perdre à l’Algérie du temps, et beaucoup d’argent. Dans l’attente de véritables mesures de paix et de réconciliation, l’instabilité politique demeure.

Diversion, désinformation ou manipulation ? Tout est possible dans une Algérie toujours gouvernée par le régime de l’état d’urgence. Mais si ces rumeurs s’avèrent fondées, la population à laquelle on a promis le bout du tunnel retrouverait l’extrême précarité des années rouges qui ont suivi le coup d’Etat de janvier 1992alors qu’elle a besoin de la stabilité pour panser ses blessures, et les guerres de clans alors qu’elle espère la confrontation pacifique ouverte des projets politiques.

 

  

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