Nouveau gouvernement : Le président de la république préside le premier conseil des ministres

 

Présidence/Nouveau gouvernement : Le président de la république préside le premier conseil des ministres

Alger, 24/12/99 (aps) – La présidence de la république a rendu public, vendredi, le communique suivant:

« Le président de la république, monsieur Abdelaziz Bouteflika, a reçu, ce jour, le chef du gouvernement, monsieur Ahmed Benbitour.

Sur proposition de celui-ci et conformément aux dispositions de l’article 79 de la constitution, le président de la république, ministre de la défense nationale, a procédé a la nomination des membres du gouvernement dont la liste est ainsi compose:

  • Chef du gouvernement : Ahmed Benbitour
  • Ministre d’état, ministre de la justice : Ahmed Ouyahia
  • Ministre de l’intérieur et des collectivités locales: Yazid Zerhouni
  • Ministre des affaires étrangères : Youcef Yousfi
  • Ministre des finances : Abdelatif Benachenhou
  • Ministre de la participation et de la coordination des reformes : Hamid Temmar
  • Ministre des ressources en eau : Salim Saadi
  • Ministre de la PME/PMI : Noureddine Boukrouh
  • Ministre de l’énergie et des mines Chakib Khelil
  • Ministre de l’éducation nationale : Aboubekr Benbouzid
  • Ministre de la communication et de la culture : Abdelmadjid Tebboune
  • Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : Ammar Sakhri
  • Ministre de la jeunesse et des sports : Abdelmalek Sellal
  • Ministre du commerce : Mourad Medelci
  • Ministre des postes et télécommunications : Mohamed Maghlaoui
  • Ministre de la formation professionnelle : Karim Younes
  • Ministre des affaires religieuses et des habous : Bouabdellah Ghallamallah
  • Ministre de l’habitat : Abdelkader Bounekraf
  • Ministre de l’industrie et de la restructuration : Abdelmadjid Menasra
  • Ministre du travail et de la protection sociale : Soltani Bouguerra
  • Ministre charge de la solidarité nationale : Djamel Ould Abbes
  • Ministre des moudjahid : Mohamed Cherif Abbas
  • Ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, charge de la communauté nationale a l’étranger et de la coopération régionale : Abdelaziz Ziari
  • Ministre de l’agriculture : Said Barkat
  • Ministre charge des relations avec le parlement : Abdelwahab Derbal
  • Ministre de la santé et de la population : Amara Benyounes
  • Ministre des travaux publics, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme : Mohamed Ali Boughazi
  • Ministre du tourisme et de l’artisanat : Lakhdar Dorbani
  • Ministre des transports : Hamid Lounaouci
  • Ministre de la pêche et des ressources halieutiques : Omar Ghoul
  • Ministre délégué au budget : Ali Brahiti
  • Secrétaire général du gouvernement : Ahmed Noui
  • Ministre auprès du chef du gouvernement charge du gouvernorat du grand Alger : Cherif Rahmani.

Le président de la république a ensuite réuni le conseil des ministres. Son excellence a, au cours de ce conseil, fait une allocution dans laquelle il a donné les orientations générales, pour le style de gouvernance qu’il entend voir consacré par l’exécutif et pour la préparation du programme que le gouvernement doit soumettre au parlement.

A cet égard, le président de la république a notamment rappelé aux membres du gouvernement qu’ils doivent être imprégnés de la culture de l’état qui place les intérêts du pays au-dessus des intérêts partisans et de toutes considérations quels qu’en soient les tenants et les aboutissants.

Le chef de l’état a aussi tracé quelques repères pour l’élaboration du programme que le gouvernement doit soumettre au parlement. Il a, dans ce cadre, fortement rappelé que le principal réfèrent pour l’élaboration de ce programme, se situe au niveau de l’intervention du 29-11-1998 et réside dans le programme que le peuple a adopté le 15-11-1999.

La tenue d’un conseil des ministres au premier jour de la constitution d’un nouveau gouvernement peut paraître contraire a la tradition.

Néanmoins, les enjeux et les défis de l’étape historique que traverse notre pays n’autorisent aucune temporisation au-delà de ce qui est nécessaire.

C’est pourquoi, je sacrifierai la rituelle prise de contact pour me contenter d’une simple expression de félicitations pour la confiance qui a été placée en vous et vous inviter dores et déjà a entreprendre l’élaboration du programme que le gouvernement doit constitutionnellement soumettre au parlement.

Plus qu’aucune équipe gouvernementale avant vous, vous êtes tenus par un contrat particulier de performance afin de donner un contenu a l’immense espoir ne chez les citoyens par la démarche de concorde civile.

En effet, cet espoir qui se mesure par le formidable élan populaire exprime lors du référendum du 16 septembre 1999, revêt une symbolique qui doit demeurer le repère pour toute l’action gouvernementale.

La cohésion de toute équipe gouvernementale est une des conditions de sa vitalité. Elle est cependant pour le gouvernement actuel plus que cela, elle est la condition même de son action.

La cohésion suppose communauté de référent et identité de buts.

A cet égard, chacun doit avoir a l’esprit que le programme, dont les grandes lignes ont été annoncées le 29.11.1998, expliquées durant la campagne électorale et approuvées démocratiquement par la majorité des électeurs le 15 avril 1999, s’impose a l’exécutif entier comme seul référent pour la mise en ouvre de toute politique économique, sociale ou culturelle.

Ce programme référentiel, fonde sur le triptyque : paix – croissance – coopération internationale -, ouvre le champ a l’élaboration d’une politique a la fois réaliste et ambitieuse dans tous les domaines.

Le gouvernement devra d’abord consolider les acquis de la démarche de concorde civile, en concevant et en mettant en ouvre les mécanismes et procédures a même de créer les conditions de nature a prendre en charge efficacement tous les aspects juridiques, économiques et sociaux et tendre ainsi a conférer un caractère global au règlement en cours de la crise.

Comme il devra concevoir et mettre en ouvre les mécanismes appropriées pour renforcer l’état de droit, tarir les sources d’arbitraire résultant aussi bien de la législation ou de la réglementation que des pratiques illégales ou abusives des représentants de l’administration.

Ces actions ne peuvent avoir leur pleins effets positifs que si est mise en ouvre la série des grandes reformes de la justice, de l’école et de l’enseignement a tous les niveaux. Le gouvernement veillera a mettre en place, dans le court terme, des mécanismes de nature a réduire les déperditions scolaires et universitaires et de doter la justice des moyens compatibles avec la nécessité de son efficience sociale particulière. Comme il devra entrepre ndre des actions de modernisation des administrations de l’état, en référence aux acquis universels en matière de méthodes, d’équipements et de gestion de la ressource humaine.

Les reformes de l’administration publique, qui engloberont surtout la reforme des collectivités locales doit redonner a l’état son autorité et renforcer le pouvoir de contrôle de la tutelle qui est le corollaire même de la décentralisation. Il n’est pas concevable que le représentant de l’état au niveau d’une collectivité locale n’ait pas, de fait, une tutelle en raison d’une prétendu équivalence de responsabilités r&eacu te;sultant d’une simple dénomination adoptée par une loi.

Les collectivités locales quelque soit leur statut doivent toutes être soumises de la même façon a une seule autorité centrale.

Les ambiguïtés dans les relations de la tutelle centrale avec les collectivités locales devront être levées.

Le développement prodigieux des nouvelles technologies et l’accélération des innovations dans le domaine des communications posent le défi de mettre en ouvre une politique de valorisation des compétences et d’encouragement de la formation hautement spécialisée.

La presse, a la fois vecteur de communication et instrument d’approfondissement du projet démocratique, doit être encouragée par la suppression des contraintes injustifiées.

La mise en place d’un organe charge de fixer les règles professionnelles et déontologiques est une nécessité afin que le devoir d’informer se conjugue avec responsabilité et qu’il soit préservé en comptabilité avec les autres droits et libertés constitutionnels.

La politique de l’état dans tous les domaines doit tendre a plus de justice sociale et plus de prospérité réelle et pérenne.

Le système fiscal en tant que levier important doit être repense pour tendre a une plus juste répartition du revenu national, tout en visant l’efficience économique.

L’allocation des ressources de l’état doit obéir au principe de l’unité sociale optimum, ce qui impose une démarche intégrée et cohérente, privilégiant ce qui est productif de richesse ou a tout le moins, de plus-value capitalisable, a ce qui, a cet égard, n’est que formel et conjoncturel voire même éphémère.

Le train de vie de l’état doit être maîtrisé, non pas par la réduction irréfléchie des moyens mais par la pertinence des choix fondant l’action des structures publiques dans tous les domaines.

L’austérité nécessaire ne doit pas être perçue comme une fatalité de misère, mais plutôt comme une rationalisation de l’action de la puissance publique.

La solidarité nationale ne doit pas constituer une autre forme d’expression de l’état providence. Elle doit être conçue comme système de rééquilibrage des chances, compatibles avec la dignité des citoyens et tendre en tout état de cause a une intégration des bénéficiaires dans la sphère d’activité et ne pas se limiter en une redistribution de la rente en vue de la simple satisfaction de besoins même c onjoncturellement exprimés.

L’économie de marche est une option de raison, mais c’est un système sans merci et dur pour les défavorisés. Ceci implique qu’il faille concevoir un dispositif social s’appuyant sur tous les moyens internes et externes, gouvernementaux ou non gouvernementaux, particulièrement dans les domaines de la santé et du logement social.

Les jeunes, les couches sociales défavorisées, doivent trouver des opportunités réelles pour s’intégrer efficacement dans une dynamique d’avenir, leur assurant la pérennité de leurs revenus et contribuant dans le même temps, a la création de la richesse nationale. A cet égard, le ou les mécanismes a mettre en ouvre ne doivent laisser aucune place a la déperdition des ressources et doivent donc assurer un suivi de bonne f in de toute action en ce domaine.

Sur le plan économique et d’une façon générale, la politique du gouvernement doit tendre a l’avènement d’une économie intégrée ou la complémentarité entre l’agriculture et le secteur des industries, lourde et légère, et le secteur de la petite et moyenne entreprise et la petite et moyenne industrie, doit être réalisée en mobilisant les ressources pétrolières afin qu’a long terme ou plut ôt a moyen terme, soit définitivement éliminée notre dépendance des hydrocarbures.

Je ne voudrais pas que les uns ou les autres, ici ou la, se méprennent sur le sens de mon intervention.

Je ne vise aucunement a donner des orientations exhaustives sur le contenu du programme que le gouvernement doit mettre en ouvre.

En rappelant quelques grandes options de ce qui devra guider l’action du gouvernement, j’ai voulu illustrer pragmatiquement l’exigence pour le gouvernement de se référer au programme approuve par le peuple par la voie du suffrage universel.

La communauté de référent pour l’action doit être complétée par la solidarité de l’équipe gouvernementale.

La solidarité au sein du gouvernement doit primer sur tout autre lien quel que soit sa nature, car l’appartenance au gouvernement est un engagement a servir avec loyauté la politique tracée par le gouvernement qui est au service de l’état et donc au service des valeurs qui transcendent les intérêts partisans, de classes ou autres.

L’ampleur des défis a relever exige des hommes responsables aptes au combat et disposes a le mener sur le terrain.

Le peuple est exigeant a la mesure de l’espoir qu’il a exprimé le 15 avril 1999 et le 16 septembre 1999.

La mission du gouvernement est donc lourde. Elle exige des hommes de décision, nourris de cette culture de l’état qui maintient l’esprit d’initiative en éveil et ne permet aucun répit lorsqu’il y va du service de la collectivité.

Cette culture ne s’accommode d’aucune complaisance. Elle rappelle quotidiennement a chacun de nous qu’il est exclusivement au service de la république et des intérêts supérieurs de l’Algérie et du peuple algérien.

L’Algérie est doit être au dessus de tout. C’est la tout le sens de notre engagement aujourd’hui.