» Bouteflika veut évincer les généraux « 

Ali Yahia Abdennour l’a déclaré dans un entretien à El Youm
 » Bouteflika veut évincer les généraux « 

Amar H., Le matin 9 janvier 2001

La polémique sur les désaccords entre le Président Abdelaziz Bouteflika et l’Armée n’est pas près de connaître son épilogue. Le nouveau pavé dans la mare est, cette fois-ci, jeté par Ali Yahia Abdennour, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), qui affirme dans les colonnes du quotidien arabophone El Youm, dans son édition d’hier, que le Président de la République  » a demandé aux gouvernements occidentaux, particulièrement à celui des Etats-Unis, de l’aider à évincer les décideurs au sein de l’armée afin d’instaurer la démocratie et la stabilité et de respecter les droits de l’Homme. Il a utilisé la carte des organisations internationales de défense des droits de l’Homme, qu’il a invitées, pour frapper ces décideurs et prendre les rênes du pouvoir, comme l’atteste la démission de Benbitour « . A une question relative aux critiques que Abdelaziz Bouteflika avait formulées contre ces ONG à partir de Khartoum, Ali Yahia Abdennour, qu’on ne peut soupçonner d’appartenir au clan dit des  » éradicateurs  » et qui a applaudi la venue des ONG, a répondu :  » C’est parce qu’elles ont critiqué et se sont opposées à la politique de concorde civile et ont demandé l’annulation de la grâce amnistiante. Quand Amnesty a demandé, lors de sa dernière visite en Algérie, à rencontrer certains généraux, Bouteflika n’a pas bougé.  » Cela expliquerait la publication par El Moudjahid, le 18 septembre 2000, du mémorandum confidentiel d’Amnesty International faisant explicitement état de  » dépassements, de disparus et d’exécutions extrajudiciaires commises par les services de sécurité « .
Auparavant, le Président de la République avait dirigé de sévères critiques contre l’Armée, notamment lors de son voyage en Italie où il avait qualifié l’arrêt du processus électoral de janvier 1992 de  » violence « , et lors de la clôture de la dernière édition de la Foire internationale d’Alger où il avait désigné les responsables de l’institution militaire comme étant les  » barons de l’import « , tout en leur fixant un ultimatum à la date du 13 janvier 2000 pour  » rentrer dans le rang « . Ou encore l’abracadabrante histoire de la dépêche de Reuters, affirmant que  » les responsables militaires empêchaient le Président de constituer son gouvernement « . Une dépêche reprise par l’agence officielle APS, ce qui signifie qu’elle a au préalable reçu l’aval de la Présidence. Bouteflika affirmera avoir voulu, par ce geste, démasquer celui qui a donné l’information à Reuters. Mais n’était-il pas déjà trop tard ?  » Bouteflika, affirme Ali Yahia Abdennour, tente de gouverner seul. En réalité, il ne connaît rien aux droits de l’Homme. Le Président ne cherche qu’à instaurer une anarchie constitutionnelle et exploiter les droits que lui confère la Constitution pour réduire le Chef du gouvernement à un simple secrétaire.  »

 

 

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