« Un an de Concorde civile » : Bilan dressé par sept partis
« Un an de Concorde civile »
Le bilan dressé par sept partis
Le Soir d’Algérie, 11 janvier 2001
M. Chenine (Hamas)
La concorde civile était une solution juridique à une crise multidimensionnelle. Aujourdhui, il est nécessaire de trouver dautres solutions à la violence, dabord en rendant au citoyen sa confiance dans les institutions constitutionnelles et en consolidant la démocratie. Par ailleurs, il faut mettre fin aux luttes réelles et imaginaires qui existent entre ces différentes institutions constitutionnelles. Sur le plan économique, il faudrait un indice qui aurait un lien et un écho directes sur la vie quotidienne du citoyen. Et par dessus tout, la concorde civile nest pas une baguette magique. Il est impossible à une personne, une institution… de trouver une solution à un problème aussi complexe que le terrorisme, si ce nest par des hommes qui assument pleinement leurs responsabilités.
M. Brahimi (RCD)
Le RCD avait voté cette loi parce que dessence républicaine, en ce sens quelle organise la reddition des terroristes et non celle de lÉtat, comme le proposait son antithèse, le contrat de Rome. Le parti avait aussi émie des réserves quant à la capacité de ladministration à encadrer un tel nombre de redditions. Cest ce qui na pas tardé à se démontrer. Faut-il conclure à léchec de la loi elle-même ? Nous le ne pensons pas, les dispositifs de fonctionnement des commissions probatoires nont pas connu de mise en oeuvre significative. S’agissant des victimes du terrorisme, les députés du RCD sattèlent toujours à obtenir une loi qui leur garantisse un statut matériel et moral, en tant que martyrs de la République. Et au-delà du texte de loi, la démarche doit participer aux choix politiques clairs et cohérents pour pérenniser lÉtat, les options républicaines et les choix démocratiques.
Abada (FLN)
La loi sur la concorde civile a eu des répercussions positives. Ce constat est cependant relatif. Il existe toujours des poches de terrorisme dans certaines régions du pays mais cest à lÉtat de mobiliser tous les moyens pour éradiquer le terrorisme. La concorde, cest fini. Ceux qui ont profité de la loi, il nest plus question den parler.
Khellas (PRA)
Une année après lexpiration du délai de la concorde, on assiste à un recul dans lapplication stricte de la loi qui est limitée dans le temps. On assiste à une recrudescence des attentats. Nous ne pouvons pas imputer cela à léchec de la loi dans sa totalité, une loi à laquelle nous avons, dailleurs, apporté notre soutien. Face au recul, nous demandons une présence réelle de lÉtat, une mobilisation de la société civile et plus de vigilance de la part des partis politiques démocratiques et républicains.
Alili (PT)
Il faut revenir à la loi sur la concorde civile qui a dailleurs été présentée à lAssemblée nationale et qui cependant pourrait prendre une autre forme, comme il aurait pu y avoir une autre solution. A lépoque, nous avions proposé des amendements parmi lesquels la libération de Ali Benhadj. Les amendements ne sont même pas rentrés en plénière. Toutefois nous estimons que cette loi est une solution partielle. Ceci dautant que lon remarque que la situation sécuritaire se détériore de jour en jour. Il faudrait plutôt une solution politique globale. On revient pour notre part à notre position du 12 septembre 1998. Après lélection présidentielle anticipée, nous avions demandé la convocation dun congrès qui regrouperait toutes les parties concernées dont Ali benhadj et Abassi Madani. Il faut dire que cette proposition de convoquer un congrès ou une conférence nationale reste toujours dactualité surtout avec la multiplication des massacres et la dégradation de la situation sécuritaire.
Bouakouir (FFS)
Je rappelle que nous sommes les premiers a sêtre démarqués de ladite politique en ce quelle constitue de variantes de la stratégie déradication engagée depuis le coup dÉtat du 11 janvier 1992. Le FFS a toujours encouragé les initiatives qui visent à réduire les niveaux de violence et à préserver les vies humaines. Mais la «loi dite de concorde civile», résultat dun pacte entre chefs de guerre conclu entre lANP et lAIS que Bouteflika na fait que ratifier, nest quune énième escroquerie politique destinée à semer lillusion de la paix et à perpétuer un système totalitaire. Pire, cette loi contient en elle-même le germe dune relance de la violence et du terrorisme. Cest une prime à la violence, une couverture politico-juridique à limpunité et une tentative dimposer lamnésie et contourner la vérité. Son «échec» était donc prévisible et même programmé pour redonner aux ultras du pouvoir et aux islamistes des «arguments» pour la poursuite dune guerre qui en est à sa dixième année. Pour le FFS, seule une solution politique par louverture dun dialogue et lamorce dune transition démocratique permettra linstauration dune paix définitive et la reconstruction du pays.
Terbag (RND)
Une année sest écoulée depuis lapplication de la loi sur la concorde civile. On estime dans le cadre de cette loi votée par le Parlement que des résultats positifs ont été enregistrés. Lapplication doit par ailleurs se faire dans lesprit républicain et selon les lois de la République. Il faut ainsi combattre ceux qui ont utilisé les armes pour la destruction du pays, les mercenaires et sanguinaires.
Haut