Général Touati: « LANP a fait échec au plan destructeur du FIS »
GENERAL MOHAMED TOUATI
LANP a fait échec au plan destructeur du FIS
Liberté, 29 octobre 2002
‘Certains l’ont salué comme un sursaut républicain, tout à fait conforme à l’idéal du mouvement national, d’autres, au contraire, l’ont dénoncé et décrié comme un coup d’Etat fomenté par une junte sanguinaire, assoiffée de pouvoir, opposée à tout mouvement de progrès et d’émancipation.’ C’est en ces termes que le général major Mohamed Touati a entamé sa communication portant sur le thème ‘l’Armée nationale populaire (ANP) face au danger d’effondrement de l’Etat national’.
Pour le général Touati, cette situation a « donné lieu à d’innombrables commentaires, ici et ailleurs, avec une prédominance de la thèse du coup d’Etat et d’un régime dictatorial chez les milieux islamistes. Image largement répandue dans l’opinion publique extérieure agissante sous l’action pernicieuse d’une opposition politique très agissante sur ce chapitre. » Le conférencier a voulu rappeler « certains faits ou aspects et leur mise en évidence. » Pour lui, « ceci pourrait à lui seul constituer une lecture non dénuée d’intérêt pour une meilleure appréhension et compréhension de la question. » En d’autres termes, cette communication du général Touati est « un témoignage lié à une vision globale des choses, une démarche analytique de type académique. » Ainsi, le conseiller aux affaires de la défense à la présidence de la République a indiqué que c’est « face à ce dilemme et à une menace de guerre civile latente, entre catégories déterminées de la population algérienne (islamistes d’un côté, non-islamistes de l’autre) ainsi qu’à l’effondrement de l’Etat national édifié tant bien que mal depuis l’indépendance que l’ANP s’est retrouvée au lendemain de ce scrutin. » La première question évoquée par le conférencier est celle de la démission du président Chadli Bendjedid. Le général Touati reconnaît que cette démission est « intervenue afin de permettre la suspension du deuxième tour. » « Mais y a-t-il eu des pressions sur le président ?, s’est interrogé le conférencier ; lui même s’en est expliqué à un quotidien en 2001 et a affirmé avoir pris la décision de démissionner en toute liberté de conscience, ce qui corrobore des déclarations faites à ce sujet par le ministère de la Défense nationale bien auparavant. » Le général Touati fait une remarque de taille : « La démission du président de la République n’a pas entraîné le départ du gouvernement qui est demeuré en place pratiquement dans sa totalité jusqu’en août 1992. » En somme, le général Touati a indiqué que « l’armée a fait irruption dans le domaine politique dans le seul but de sauvegarder l’Etat national, la préservation du maximum de prérogatives de souveraineté tant à l’extérieur que pour l’ensemble de son espace territorial national, la défense de la voie démocratique et pluraliste, seule à même de mener réellement vers un Etat de droit et le maintien du fonctionnement normal des services publics partout sur l’étendue du territoire national ». Dans le chapitre réservé à la démarche opérationnelle de la lutte antiterroriste, le général major Mohamed Touati dira qu’à partir de l’année 1994, les autorités gouvernementales ont pris conscience que l’Algérie était réellement ciblée par une « guerre de type nouveau, totale, systématique et paroxysmique. » Ainsi, pour faire face à ce qui était apparu « comme une stratégie d’actions terroristes », les autorités algériennes ont procédé à des actions, telles que « la dissolution des exécutifs communaux appartenant au FIS et leur substitution par des exécutifs désignés, l’instauration de détachement de la garde communale à travers tout le territoire national, l’instauration également par voie d’ordonnance des services de sûreté interne d’établissement, la lutte contre les tentatives d’étouffement des villes et délogement des foyers terroristes dont les rescapés se sont repliés dans des réduits extérieurs. » En définitive, le général major Mohamed Touati dira que l’action initiée par l’armée était celle de « faire échec au plan destructeur du FIS ». « L’action de l’armée pour la résorption de l’insécurité obéit à des dispositions légales et réglementaires. Cette action relève toujours du contrôle des autorités gouvernementales et de la compétence des autorités judiciaires », dira-t-il. Il conclura en clamant haut et fort que « l’armée demeure une institution disciplinée au service de l’Etat et de la nation, à la disposition des autorités politiques légitimes pour l’accomplissement de ses missions légales dans le cadre de la constitution républicaine du pays. »
Abder Bettache