La guerre continue en Algérie
BILAN MITIGÉ POUR M. BOUTEFLIKA
La guerre continue en Algérie
Le 18 mars, une demi-douzaine de policiers ont été abattus à 90 kilomètres d’Alger. Une semaine plus tard, le bilan de deux opérations de ratissage menées à l’est de la capitale s’élevait à vingt morts. Chaque jour, des incidents sanglants sont rapportés par la presse locale. Ils témoignent de l’échec de la politique de « concorde civile » et confirment que, loin des caméras, la guerre continue en Algérie. Deux ans après son élection, le président Bouteflika peine à définir une stratégie. Les officiers supérieurs refusent de faire rentrer l’armée dans les casernes et de céder ne serait-ce qu’une parcelle de leur pouvoir. Pourtant, l’aspiration de l’immense majorité de la population à la paix est un atout dont le président pourrait se servir pour imposer une véritable réconciliation.
Lahouari Addi*, Le Monde Diplomatique, Avril 2001
MALGRÉ les formidables espoirs suscités, en avril 1999, par l’élection de M. Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République, la crise algérienne entre dans sa dixième année et semble s’éterniser sans perspective de paix. Sitôt installé dans ses nouvelles fonctions, M. Bouteflika s’attela à faire accepter la « concorde civile » sur la base d’un accord, resté secret, entre la sécurité militaire et l’Armée islamique du salut (AIS), branche armée du Front islamique du salut (FIS) dissous.
Signé durant le mandat du président Liamine Zeroual (1995-1999) mais sans l’assentiment de celui-ci – d’où son départ -, cet accord a été avalisé par M. Bouteflika. Le nouveau président a même accepté de lui donner la couverture politique qui lui faisait défaut, escomptant créer ainsi une véritable dynamique de paix au détriment des généraux qui, ayant annulé, en janvier 1992, les résultats du scrutin législatif remporté par les islamistes, furent à l’origine du conflit.
Entre-temps, la guerre a continué de faire des milliers de morts, particulièrement des civils assassinés en famille, dans leurs villages, sans que la gendarmerie n’entreprenne réellement des enquêtes, n’arrêtant que trop rarement des coupables. Cela laisse planer le doute et suscite des polémiques sur l’identité des auteurs de certains de ces massacres.
Au vu des activités des maquis, la « concorde civile » se solde par un échec dû, selon de nombreux observateurs, à la nature secrète des accords passés avec les islamistes. Certains mettent même en doute leur réalité : tout cela serait une manipulation menée avec de faux islamistes ayant rejoint les maquis sur ordre des services d’intelligence militaire. Cette piste semblerait confirmée, selon certains journaux, par l’impunité dont jouissent des repentis qui ont pourtant revendiqué des crimes de sang (1).
Conscient des limites de cette opération, le président Bouteflika entend reprendre l’initiative en négociant avec les islamistes un nouvel accord pour déboucher sur une « concorde nationale », exactement comme son prédécesseur, le général Liamine Zeroual, avait tenté de le faire. Pour les militaires, il s’agit là d’un casus belli, la gestion politique du conflit avec les islamistes étant, à leurs yeux, de leur ressort, et non de celui de la présidence.
D’où les critiques des partis de la coalition gouvernementale (2) mettant en garde un président dont ils ne reconnaissent l’autorité que s’il respecte la règle non écrite du système politique algérien : l’armée demeure au-dessus des institutions de l’Etat. Prétendument représentatifs des courants idéologiques de la société, de la sensibilité dite laïque – comme le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), de M. Saïd Sadi – à la sensibilité dite islamiste – comme le Mouvement de la société pour la paix (MSP), de M. Mahfoud Nahnah -, ces partis avaient soutenu la candidature de M. Bouteflika en avril 1999, ainsi que les accords entre l’armée et l’AIS, ce qui leur valut d’entrer au gouvernement.
Mais ces partis ont surtout en commun de s’opposer au Front islamique du salut comme au Front des forces socialistes (FFS), ainsi qu’au président en cas de divergences entre ce dernier et le commandement militaire. Du moins au niveau de leur direction car, à la base, nombre de militants leur reprochent le soutien à des accords secrets avec des islamistes armés et, pour certains, leur refus de négociations transparentes avec l’aile politique du FIS – telles celles qui avaient débouché, en 1995, sur la plate-forme de Rome négociée à Sant’Egidio (3).
Longévité des généraux
LE régime est demeuré le même qu’il y a dix ans, ce qui explique que les militaires campent sur leurs positions, comme en janvier 1992. Les mêmes officiers supérieurs restent en fonction ou continuent d’être influents, alors que cinq présidents se sont succédé. Ce sont les généraux Mohamed Lamari, Tewfik Médiène et Smaïn Lamari et les généraux à la retraite (mais toujours influents) Khaled Nezzar et Larbi Belkheir (4) qui, après avoir évincé M. Chadli Bendjedid – et une fois Mohamed Boudiaf assassiné – ont fait partir MM. Ali Kafi et Liamine Zeroual, puis désigné M. Bouteflika. Leur récent désaccord avec ce dernier annoncerait-il une prochaine élection présidentielle anti cipée ?
La longévité des généraux dans leurs fonctions ne se justifie pas par la situation sur le terrain : ils n’y ont pas fait preuve d’incontestable compétence, puisque les maquis demeurent fort meurtriers. Ces officiers supérieurs font de la politique tout en affirmant le contraire. S’immisçant dans le champ politique où ils interviennent clandestinement à l’aide d’un instrument conçu à cette fin – la sécurité militaire (SM) -, ils ont mis également en place des relais dans les partis, la presse, les syndicats, les différentes associations…
C’est ce qui explique la levée de boucliers accueillant toute mise en cause des services de sécurité en matière de violations de droits humains. Ainsi, lors de la campagne contre Amnesty International, ou contre les livres Qui a tué à Bentalha ? et La Sale Guerre (5), ou encore contre les intellectuels ayant signé des pétitions exigeant une commission d’enquête internationale. Ces réactions visent aussi des personnalités du régime prenant ouvertement position pour une solution politique à la crise.
La stratégie médiatique des officiers qui contrôlent la sécurité militaire consiste à donner l’illusion que les choix de l’armée s’ancrent dans la « société civile ». Celle-ci jouirait d’un tel pluralisme, qu’elle pourrait défaire un président comme ce fut le cas avec M. Zeroual. Cependant, cette liberté de la presse, s’exerçant contre un pouvoir largement formel, celui du président, dépourvu de toute autorité réelle, ne sert qu’à entretenir une magie qui transforme en pouvoir démocratique un régime autoritaire et répressif. Et qui présente l’armée comme le dernier rempart face à l’épouvantail intégriste.
Tout le talent de ces officiers consiste à entretenir la plus grande opacité possible autour de la nature double du pouvoir d’Etat, afin de dissimuler la prééminence du commandement militaire sur les institutions civiles. Ce rideau de fumée vise à cacher une répression que la communauté internationale ne peut plus accepter. Ce qui inquiète le commandement militaire.
Les généraux redoutent en particulier Amnesty International, désormais acteur du conflit, qui menace de les faire traduire devant un Tribunal pénal international pour « violations des lois du pays et des traités internationaux en matière de droits humains » (lire l’extrait ci-dessous). Lorsque, en novembre 2000, les membres de la délégation d’Amnesty qui visitaient l’Algérie demandèrent à entendre les généraux Mohamed Lamari, Tewfik Médiène et Smaïn Lamari au sujet des « disparitions » et autres exécutions extrajudiciaires, ils provoquèrent une levée de boucliers dans la presse algérienne. Et pour cause : cette ONG désacralisait des officiers supérieurs considérés par les journaux « éradicateurs » comme des héros.
Rien là qui puisse déplaire au président Bouteflika, dont les relations avec les têtes de l’armée ressemblent au jeu du chat et de la souris. Plus la pression est forte sur les généraux, mieux il peut renégocier la ligne rouge qui lui a été imposée. Le président espère ainsi tirer profit des soupçons de massacres pesant sur eux. Conscients de cela, les chefs militaires voient se réduire la marge de manoeuvre dont ils disposent, face à un président dont ils savent qu’il prendra sa revanche dès qu’il le pourra.
Le corps des officiers supérieurs est loin d’être homogène : les mêmes clivages traversant la société le divisent, à cette nuance près que la solidarité de corps leur impose une retenue qui, jusqu’ici, a toujours préservé l’armée de la désintégration. Cependant, les accusations portées contre les généraux Mohamed Lamari, Tewfik Médiène et Smaïn Lamari les affaiblissent dans la compétition avec leurs pairs, qui pourraient être tentés de les sacrifier pour sauver l’institution.
La lecture des rapports d’Amnesty International sur les tortures, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions – que viennent d’étayer deux ouvrages publiés à Paris (voir l’article page 13) – le montre : à l’exception de l’Afghanistan, il n’est pas au monde un pays où les droits humains soient aussi massivement violés qu’en Algérie, et où la légalité de l’Etat soit à ce point bafouée par une institution, le commandement militaire, supposée être à son service (6).
Comment un régime, naguère respecté, a-t-il pu déclencher une telle répression contre sa propre population ? Pour répondre, il faut se souvenir que ce régime est lui-même issu d’un mouvement insurrectionnel qui, pour arracher l’indépendance, n’épargna pas les vies humaines. En témoignent les massacres du type de celui de Melouza, attribué à l’armée coloniale (7). Pour les chefs des maquis d’alors, tout Algérien qui n’était pas avec le Front de libération nationale (FLN) était considéré comme traître et méritait la mort.
Cette culture de la mort – présente aussi chez les islamistes, qui lui donnent une légitimation religieuse – persiste chez les généraux : ceux-ci s’identifient à l’armée, censée incarner la nation que seul le régime issu du FLN serait capable de défendre contre les « traîtres ». Cette mentalité s’oppose à une culture de la citoyenneté : elle confère aux militaires un droit de vie et de mort sur des populations soupçonnées de vouloir la dislocation de la nation (8).
Les massacres de villageois – notamment à Rais, Bentalha, Relizane, Médéa… – s’expliqueraient par le même mécanisme mental qui a conduit à celui de Melouza. Sauf que, à l’époque, la tuerie fut perpétrée par des chefs militaires d’un mouvement de libération nationale en guerre contre une occupation étrangère. Les massacres actuels se déroulent dans une Algérie indépendante, dotée – en théorie – d’un Etat de droit.
Sachant que la communauté internationale ne tolérerait jamais le niveau de répression mis en oeuvre, les généraux ont donc limité la liberté d’informer sur les tueries, interdit aux grands médias étrangers de venir sur place, bref, organisé un « huis clos » sur un conflit. Malgré ce black-out médiatique, les ligues des droits humains, les associations de familles de disparus et de victimes du terrorisme parviennent, avec l’aide de nombreux journalistes et d’ONG, à soulever la chape de silence : elles réussissent à attirer l’attention des Algériens et de la communauté internationale sur la réalité d’un conflit dont les protagonistes agissent souvent sous l’identité de leurs adversaires. Les barrages de faux militaires dressés par de vrais islamistes ou les représailles menées par de vrais militaires déguisés en islamistes sont devenus la caractéristique d’un affrontement où les belligérants sollicitent l’opinion publique pour condamner des actes commis par les uns et imputés aux autres.
Pour comprendre le sens de l’engrenage de violence meurtrière et le comportement des différents acteurs, il faut aussi reconstituer le champ de la confrontation et en identifier les prota gonistes.
Le premier est l’armée qui intervient sous trois formes : les ratissages annoncés à la presse, auxquels prennent part les unités traditionnelles ; les opérations « coups de poing » des unités spéciales destinées à neutraliser des groupes armés localisés à un endroit précis ; enfin les missions de la SM, dont les agents exploitent les informations arrachées par la torture ou fournies par des agents infiltrés, pour exécuter sommairement des personnes suspectées d’aider les islamistes.
Deuxième protagoniste : les forces paramilitaires (milices, groupes dits de légitime défense…), composées de civils en armes (9). La distribution massive d’armes à des personnes dont des proches ont été tués par des islamistes ou à des habitants de villages victimes d’attaques de groupes présumés islamistes a pour but d’impliquer des civils dans un bras de fer où l’armée voudrait apparaître comme neutre, cantonnée à un rôle de maintien de l’ordre. Cette stratégie a montré ses limites avec la multiplication de délits ordinaires commis avec les armes distribuées, que la presse rapporte quotidiennement.
Troisième protagoniste : l’islamisme armé, qui demeure aussi vigoureux qu’au début de la crise. Si les informations le concernant pullulent, sous forme de rumeurs, les journalistes n’ont pas le droit d’en parler sous peine d’emprisonnement. Il semblerait qu’après l’accord douteux passé entre l’AIS et la sécurité militaire, une partie des islamistes ait repris le maquis et rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de M. Hassan Hattab, un parachutiste déserteur, en passe de devenir le chef national des maquis, dont il coordonnerait les activités à partir de sa Kabylie natale.
Cette architecture du champ de la confrontation obéit elle-même à la logique d’ensemble du système dans lequel, on l’a vu, le commandement militaire a la prééminence sur l’Etat et ses institutions. C’est pourquoi aucun juge ne peut se saisir d’une affaire de terrorisme sans autorisation expresse de sa hiérarchie. Non seulement les services de l’Etat ne peuvent pas prendre l’initiative dans la lutte anti-terroriste, mais la justice est privée de la prérogative de traiter les affaires de violence politique, surtout s’il y a eu des arrestations, du fait de la double appartenance de certains terroristes.
Une relance du dialogue public
LE conflit a toutes les chances de durer tant que la rente pétrolière finance l’économie de guerre et tant que la pauvreté pousse les jeunes vers les maquis islamistes. Faute d’une implication de la communauté internationale, la crise se poursuivra. Toutefois, les médias étrangers portent désormais sur l’Algérie un autre regard, annonciateur de changements dans les positions des capitales occidentales qui, jusque-là, soutenaient fermement le régime en place.
L’idée prévaut que le conflit continuera tant que les généraux conserveront leur emprise sur l’Etat et sur la presse. C’est en tout cas la conclusion d’un rapport récemment publié en Europe, qui a eu l’effet d’une douche froide en Algérie. Ce document formule les « recommandations suivantes au gouvernement et au président algériens » :
« 1) Etablir un gouvernement de transition, formé des partis politiques qui ont participé aux élections de 1991.
2) Donner une expression politique légitime aux aspirations et sentiments politiques des islamistes. Cela n’impliquerait pas forcément une nouvelle légalisation du FIS (…), mais pourrait signifier la reconnaissance du Wafa, de Talib Ibrahimi, considéré comme le successeur du FIS.
3) Entamer un dialogue public et transparent avec tous les groupes islamiques sous le leadership du Wafa, avec l’aide d’une tierce partie neutre. Une telle initiative prendra en compte les accords de Sant’Egidio de 1995.
4) Dissoudre l’Assemblée populaire nationale (APN), les assemblées régionales et municipales, et déterminer un calendrier pour la tenue de nouvelles élections (…).
5) Etablir un processus de révision constitutionnelle, proposant de nouvelles règles institutionnelles qui assureraient une plus grande transparence et la participation libre de tous les partis. Le rôle de l’armée (…) doit également être redéfini.
6) Créer une commission Vérité et Réconciliation (…) qui inclut des observateurs internationaux. Le processus de réconciliation doit prendre en compte les préoccupations des victimes de la violence.
7) Soutenir un dialogue entre le gouvernement algérien et les islamistes, en offrant un cadre de rencontre et une médiation (10). »
Si certaines de ces recommandations paraissent difficiles à mettre en oeuvre, elles dessinent une solution négociée similaire à celle de Sant’Egidio (1995). Les conditions sont désormais plus favorables, sous les auspices de M. Bouteflika, dont il faut espérer qu’il saura renvoyer les militaires dans leurs casernes. Avec des atouts dont il ne semble pas être conscient : le discrédit politique des généraux soupçonnés de meurtres collectifs et d’assassinats d’intellectuels et de journalistes, l’échec de la solution militaire confirmé par la permanence de la violence, l’aspiration à la paix de la majorité de la population, et enfin le soutien de capitales occidentales désireuses de voir l’Algérie dotée d’un chef d’Etat disposant – quel qu’il soit – d’une réelle autorité politique.
LAHOUARI ADDI.
* Professeur à l’Institut d’études politiques (IEP) de Lyon, chercheur au Ceriep et au Gremmo, auteur de Les Mutations de la société algérienne, La Découverte, Paris, 1999.
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(1) Cf. l’affaire Omar Chikhi, La Tribune, Paris, 24 février 2001.
(2) Front de libération nationale (FLN), Rassemblement national pour la démocratie (RND), Mouvement de la société pour la paix (MSP), Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), l’Alliance nationale républicaine (ANR).
(3) Le Monde diplomatique a été le seul journal à en publier le texte intégral dans son numéro de mars 1995.
(4) Le général Larbi Belkheir a repris du service en septembre 2000, devenant directeur de cabinet à la présidence, désigné par le ministère de la défense sans doute pour réduire la marge de manoeuvre de M. Bouteflika.
(5) Yous Nesroulah, Mellah Salina, Qui a tué à Bentalha ?, La Découverte, Paris, 2000 ; Habib Souaïdia, La Sale Guerre, La Découverte, Paris, 2001.
(6) La thèse selon laquelle l’armée aurait participé à des massacres est loin de faire l’unanimité. Lire, par exemple, Mohamed Ghoualmi, « Algérie : monstrueuses invraisemblances », et Yasmina Khadra, « A ceux qui crachent dans nos larmes », Le Monde, 13 mars 2001.
(7) Cf. les travaux de Mohamed Harbi et de Benjamin Stora sur ces épisodes.
(8) La réponse du général Mohamed Lamari aux accusations contenues dans La Sale guerre (cf. Le Quotidien d’Oran, 28 février 2001) est l’illustration de ce mécanisme qui consiste à poser implicitement l’armée comme seul lieu du patriotisme, au-dessus de l’Etat et du droit.Le général serait sacralisé et ne relèverait donc pas de la justice des hommes. Ce à quoi le petit peuple répond qu’« il n’y a de dieu que Dieu »
(9) Certains d’entre eux, vivant dans des endroits enclavés, collaborent parfois avec les islamistes armés, qu’ils ravitaillent en munitions pour se soustraire aux actions de représailles.
(10) International Crisis Group, La crise algérienne n’est pas finie, Bruxelles, octobre 2000. Cf. http://www.crisisweb.org
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