L’Armée, Bouteflika et les petites phrases de Belaïd Abdesselam

Forum El Youm

L’Armée, Bouteflika et les petites phrases de Belaïd Abdesselam

Larbi Graïne, La Tribune, 17 mars 2001

Belaïd Abdesselam a été l’invité cette semaine du Forum d’El Youm qui se tient, comme de coutume, chaque jeudi à l’hôtel Sofitel d’Alger. Au cours de cette rencontre avec la presse, l’ancien chef de gouvernement sous le HCE a levé un coin de voile sur les pratiques du sérail. A n’en pas douter, les déclarations qu’il a faites ne manqueront pas d’alimenter le débat actuel et surtout celui relatif à la gestion des deniers publics et à la loi sur la monnaie et le crédit dont l’ordonnance la modifiant et la complétant vient d’être signée par le président de la République.

Explicitant son projet d’économie de guerre qu’il voulait comme thérapie de choc à un pays convalescent et vacillant, Belaïd Abdesselam a rappelé les circonstances de son limogeage, rappelant la volonté qu’il avait affichée en vue d’introduire plus de rigueur dans les dépenses publiques. Son entente avec les décideurs a achoppé, selon lui, sur la question du commerce extérieur. «J’ai établi une nomenclature de produits de première nécessité qu’il revenait à l’Etat d’importer, comme l’huile, le sucre, le café, le lait, le ciment etc. mais on me reprocha ma politique de discrimination à l’encontre du secteur privé», dira le même orateur. Il précise dans la même foulée qu’il avait débloqué 80 millions de dollars pour ce secteur «afin qu’il règle tous ses problèmes et j’ai chargé Hamiani de s’en occuper». Pour l’ancien chef de gouvernement, «l’accord avec le FMI n’était qu’une couverture pour des ambitions intérieures» et d’ajouter : «Il y a eu une conjonction entre l’intérieur et l’extérieur.»

Sur ses relations avec l’institution militaire, Belaïd Abdesselam rappelle qu’en son temps, il avait déclaré que «c’est l’armée qui l’a placé et c’est à elle seule que revenait le droit de le démettre de ses fonctions». «Qui peut penser que Boudiaf était venu de son propre gré ?», s’est-il interrogé. En outre, en guise de réponse à une question d’un confrère qui voulait savoir si, durant l’ère de Bouteflika, les mêmes dispositions sont toujours d’actualité, Abdesselam aura ces mots : «Quand je voulais dire, j’ai dit, quand j’ai dit, je n’ai plus rien à dire.» Sur sa lancée, il affirmera que l’armée a un rôle principal à jouer dans le pays, estimant qu’elle est le dernier recours pour un pays qui veut sortir de la crise.

A propos de la protestation syndicale qui est apparue ces derniers jours et qui a touché différents secteurs d’activité, dont la Sonatrach, «le père» de l’industrie algérienne a estimé qu’on est dans un processus qui découle de la signature de l’accord avec le FMI, faisant remarquer, au passage, que «ces syndicats n’ont pas élevé la voix pour s’opposer à ces accords». Sur la politique de la concorde civile, Abdesselam développera un regard assez critique estimant qu’«on a toujours l’état d’urgence, le terrorisme.»

L. G.

 

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