M. Juppé dément avoir fait échouer la libération des moines de Tibéhirine
M. Juppé dément avoir fait échouer la libération des moines de Tibéhirine
Le Monde, 22 mai 2001
L’ancien premier ministre français, Alain Juppé, a démenti, lundi 21 mai, avoir été à l’origine de l’échec d’une opération de libération des moines de Tibéhirine, en Algérie, assassinés il y a cinq ans, contrairement à ce qu’affirme un livre publié récemment en France.
Dans ce livre, Si nous nous taisons, l’auteur, Jean Guitton, attribue à Jean-Charles Marchiani, ancien préfet du Var et émissaire du ministre de l’intérieur de l’époque, Charles Pasqua, des propos incriminant M. Juppé : « un communiqué du Quai d’Orsay, affirmant que le préfet du Var n’a pas à connaître de ce dossier », aurait « mis fin aux accords conclus » par les réseaux parallèles de Jean-Charles Marchiani en vue de la libération des moines.
Interrogé lundi sur la chaîne de télévision France 2, Alain Juppé a affirmé que s’il avait « eu connaissance, au moment des faits, de propositions crédibles susceptibles de sauver la vie des moines, il les aurai t naturellement prises en considération ».
« Cela n’a pas été le cas », a-t-il ajouté.
« J’accuse, comme responsable de cet énorme raté, Alain Juppé, avec son communiqué assassin, pour des petits motifs personnels contre les réseaux Pasqua. Il a préféré faire tout capoter plutôt que d’en passer par les réseaux parallèles », déclare Jean-Charles Marchiani dans le livre de Jean Guitton. M. Juppé a confirmé sur France 2 que « bien sûr, des réseaux parallèles plus ou moins fiables se sont activés », mais sans succès. « Le gouvernement a travaillé avec les services diplomatiques, avec les services spécialisés ; c’est avec eux que nous avons tout fait pour essayer de sauver la vie des moines », a-t-il dit.
De son côté, Jean-Charles Marchiani, interrogé lundi par l’AFP, a déclaré ne pas avoir lu le livre, avant d’ajouter : « Je n’ai jamais fait de commentaires sur les opérations que j’ai faites à la demande du gouvernement, je ne vais pas commencer aujourd’hui. »