La LADDH organise une rencontre africaine sur les droits de l’Homme

La LADDH organise une rencontre africaine
sur les droits de l’Homme

Abdelkrim Ghezali, La Tribune, 7 juillet 1999

Dans un communiqué signé par Ali-Yahia Abdennour, président de la Ligue Algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), est annoncée l’organisation, par la LADDH, d’une rencontre des défenseurs africains des droits de l’Homme. Cette activité prévue du 11 au 13 juillet prochains, se tiendra parallèlement au sommet de l’OUA «qui va tenter d’assurer à l’OUA, sa sauvegarde, son unité et sa crédibilité», estime le président de la LADDH. Ce rendez-vous dont le lieu n’a pas été précisé, verra la présence «des délégués des ONG internationales et des personnalités nationales et internationales, pour demander un véritable droit des droits de l’Homme, bafoué au nom du monopole du pouvoir, des nécessités de la sécurité et des impératifs économiques». Ali-Yahia se réfère à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, adoptée le 28 juin 1981 à Nairobi, au Kenya, pour rappeler qu’elle «reprend expressément l’interdiction des violations des droits de l’Homme en des termes semblables à ceux des conventions et pactes internationaux relatifs aux droits de l’Homme». Pour les défenseurs africains des droits de l’Homme, la décennie qui s’achève est négative «car porteuse de nombreux échecs et de tous les gâchis dans le domaine des droits de l’Homme». Pour ces militants, «la réalité s’avère amère et des menaces sérieuses continuent à peser sur le présent et l’avenir des droits de l’Homme, y compris le droit à la vie et à l’intégrité physique et morale de la personne humaine». Le président de la LADDH s’interroge «comment concilier le respect des droits de l’Homme avec des systèmes politiques sans aspiration démocratique, qui appliquent la stratégie du bâton et du bâillon, ne tolèrent ni droit à la critique ni pensée non conformiste, et, pour qui tout désaccord est perçu comme une trahison, main de l’étranger». S’en prenant à la démocratie-alibi, Ali-Yahia considère que le pluralisme politique «tel qu’il est géré ne signifie ni circulation du pouvoir et des richesses ni élections libres, mais seulement la reproduction de la caste fermée des dirigeants, souvent corrompus». Fustigeant les organismes gouvernementaux des droits de l’Homme, le vieil avocat estime que ces derniers «polluent» les droits de l’Homme et «ont pour mission de nier les violations graves des droits de l’Homme, de diaboliser les ONG locales qui ne sont pas sécrétées par les pouvoirs, et de dénaturer les activités des ONG internationales particulièrement Amnesty International, la FIDH, et Human Rights Watch». Ali-Yahia a exposé, dans son communiqué, sa conception de la défense des droits de l’Homme, qui consiste à intervenir dans les cas d’atteinte quelle qu’en soit la nature et ce, quels que soient la victime et l’agresseur. Quant au monopole de la violence légitime dont bénéficient les Etats, il ne saurait être exercé y compris contre les auteurs présumés de violence, sans l’observation stricte des lois nationales et internationales ainsi que des droits de l’Homme. Pour Ali-Yahia, le plus grave problème se situe dans le fait que les responsables africains se situent au-dessus des lois et bénéficient ainsi de l’impunité en cas de violation des droits de l’Homme. La situation des droits de l’Homme en Afrique est sévèrement critiquée dans la mesure où aucun secteur n’est épargné, de la femme, aux droits politiques, culturels, économiques, syndicaux… C’est pour cette raison, que l’idée d’organiser une rencontre sur les droits de l’Homme parallèle au sommet de l’OUA est envisagée par les militants africains des droits de l’Homme. Toutefois, le communiqué ne précise pas si cette manifestation est autorisée.

 

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