Ksentini : »Beaucoup reste à faire »
Etat durgence
Ksentini : »Beaucoup reste à faire »
L’Actualité, 10 décembre 2002
Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de lHomme (CNCPPDH), Me Mustapha Farouk Ksentini, nous a déclaré, hier, que la situation des droits de lHomme en Algérie est « moyenne ».
Il y a eu des avancés, a-t-il ajouté, seulement, « beaucoup reste à faire ». Pour lui, lAlgérie a accumulé trop de retard, ce qui est dû à plusieurs facteurs dont « les 132 ans de colonialisme, 30 ans de parti unique et les dix années de terrorisme ». Sauf que pour le président de la CNCPPDH, il y a « une volonté politique déterminée » pour faire avancer la situation des droits de lHomme. Une question qui est, estime-t-il, prise en considération dans lappréciation dun pays avec le nouvel ordre mondial. « Le respect des droits de lHomme est un nouveau critère avec lequel il faut compter », a indiqué Ksentini en ajoutant que « la Commission la compris ainsi que le gouvernement ».
En ce qui concerne lapport de la CNCPPDH, son président a signalé que la Commission sest penchée sur plusieurs dossiers, notamment « la question des disparus, la réforme de la justice et le code de la famille quil faut revoir ». « A la demande du chef de lEtat, nous préparons un plan national daction en matière de droits de lHomme », a-t-il déclaré.
A propos de lépineux dossier des disparus, Me Ksentini a indiqué que la CNCPPDH « est une commission consultative » donc elle nest pas habilitée à faire des enquêtes. Pour régler ce problème, il faudrait, estime-t-il, une commission qui ait des prérogatives « comme le demandent les familles des disparus ». « Je ne fait que transmettre le message », ajoutera-t-il.
Pour lui, en plus de l »aide sociale quon doit accorder à toutes les familles qui sont dans le besoin, il faut réhabiliter les disparus ». Dun autre côté, selon Ksentini, « un disparu nest pas automatiquement un terroriste. Cest un citoyen normal jusqu’à preuve du contraire ».
La réforme de la justice a été également évoquée par Ksentini. Dailleurs, celui-ci va intervenir, aujourdhui, au colloque quorganisera le ministère de la Justice sur « la présomption dinnocence et la détention préventive ».
Selon lui, « il y a abus de cette procédure » et ce, « malgré les instructions du gouvernement et du président de la République ». Ksentini na pas été tendre envers les magistrats qui abusent de la détention préventive. « Il faut améliorer la situation des détenus », a-t-il déclaré par ailleurs. Sagissant de la crise de Kabylie, qui perdure depuis plusieurs mois, Me Farouk Ksentini a réitéré son appel au dialogue : « Il faut bannir la violence et sasseoir autour dune table pour trouver une solution ». A ce propos, il a tenu à démentir les informations ou plutôt les « interprétations » qui faisaient de lui un « intermédiaire » entre la présidence et le mouvement des Aârchs. « Je nai fait quexprimer mon opinion. Javait dit que des deux côtés il y a certainement des hommes de dialogue ».
En dernier lieu, Me Ksentini a dit « ne pas trouver dinconvénient à ce que les deux leaders de lex-FIS soient libérés pour des raisons humanitaires », dautant plus qu »ils ont pratiquement purgé leur peine ».
Ghany Aichoune