Benflis veut la fin de létat durgence
Benflis veut la fin de létat durgence
Par F. M., El Watan, 15 mai 2002
À la suite dun point de presse animé après son meeting, lundi dans la cité des Kotama, il sest prononcé pour la «levée le plus rapidement de létat durgence». Benflis cela se comprend sest exprimé plus en tant que premier responsable de FLN quen tant que chef de gouvernement.
Il nen demeure pas moins que cest le deuxième haut responsable de lÉtat à évoquer cette question qui, pendant des années, a été entourée de tabous, entretenus à tous les niveaux. Le 7 mars 2002, le général à la retraite et actuel directeur de cabinet du président de la République, Larbi Belkheir, déclarait dans les colonnes du quotidien français Le Monde quaujourdhui létat durgence «na plus aucun sens». «Aucune de ses dispositions nest en effet appliquée en dehors de la lutte antiterroriste. Jestime quil serait bon de lever cette mesure, mais ceci, je vous le répète, est mon opinion personnelle», a-t-il ajouté. Les hauts responsables algériens ont, depuis un certain temps, pris lhabitude de sexprimer en leur nom personnel. Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de la protection des droits de lhomme, organisme rattaché au président de la République, abonde dans le même sens. «En tant quAlgérien soucieux de la réputation de son pays et des libertés démocratiques, je souhaite que létat durgence soit levé le plus vite possible et que la paix sociale soit rétablie. Létat durgence est limitatif des libertés et donne des pouvoirs de police étendus. Cette situation ne peut pas durer éternellement. Il faut quon retrouve la normalité», nous a-t-il déclaré récemment. Il a précisé que la décision à prendre sera politique. Dans son entretien au Monde, Larbi Belkheir a souligné que la levée de létat durgence «est du ressort du pouvoir civil. Larmée na pas le monopole du pouvoir politique.» La commission Mohand Issad, qui a enquêté sur la répression des émeutes en Kabylie durant le printemps 2001, a remarqué que létat durgence, à la faveur dun arrêté interministériel gardé au secret et entré en vigueur en juillet 1993, a «glissé» vers létat de siège. Situation marquée par des pouvoirs larges donnés aux responsables militaires au niveau des régions. Des «mises au point» officielles avaient suivi cette «remarque» de la commission Issad sans que cela donne lieu à un débat ni à un scandale. Il a été annoncé que larrêté de 1993 a été abrogé. Létat durgence a été instauré en février 1992 après larrêt du processus des législatives de décembre 1991. Il a été reconduit sans lavis du Parlement. Larticle 91 de la Constitution amendée de 1996 stipule que létat durgence et létat de siège sont décrétés par le président de la République «pour une durée déterminée». «La durée de létat durgence ou de létat de siège ne peut être prorogée quaprès approbation du Parlement siégeant en Chambres réunies», est-il encore précisé dans la même disposition. Il est donc établi que cet article a été doublement violé. De plus, et contrairement à larticle 92 de la Constitution, le décret détat durgence nest pas porté par une loi organique. Régime dexception, létat durgence nest toléré par la communauté internationale que «lorsque lexistence de la nation est menacée». Est-ce vraiment le cas pour lAlgérie en 2002 ? Pour les milieux de lopposition, le maintien de létat durgence obéit à une volonté de restreindre les libertés démocratiques et de limiter les espaces de lexpression libre.