Bilem retrouve la liberté… provisoire
Bilem retrouve la liberté… provisoire
Le Quotidien d’Oran, 14 mai 2001
Est-ce la fin du rocambolesque feuilleton de laffaire Bilem ? Tout porte à croire que lissue de laffaire de lattentat contre le général à la retraite Kamel Abderrahim nest pas près de son épilogue puisquune mesure de relaxe vient dêtre décidée.
En effet, Mohamed Bilem a été libéré, dimanche soir, de la prison dEl-Harrach où il était en détention provisoire depuis sept mois. Mais cette liberté provisoire a tout lair dune décision précipitée. Dautant que les multiples demandes formulées en ce sens par son avocat, Me Khellili, ont toutes essuyé un refus catégorique. Cependant, lavocat pense quelle peut être laboutissement de la nouvelle procédure enclenchée en demandant lintervention du président de la chambre daccusation qui a un pouvoir sur le magistrat instructeur.
La Cour dappel de Tizi-Ouzou devait se réunir pour examiner cette énième demande, mais le procureur leur a demandé à la chambre de la retirer en raison des dernières émeutes de Kabylie. Paradoxalement, cest le soir même que laccusé est prié de préparer ses affaires pour retrouver la liberté. Au-delà de son caractère étrange, pour Me Khellili, lacquis est dans la confirmation de la nullité de la procédure, de la décision de mettre en détention son client. Néanmoins, Bilem na toujours pas reçu la notification du magistrat instructeur quant à sa libération.
Lessentiel pour la défense est que laccusé soit libre de ses mouvements en attendant que laffaire soit jugée, ce qui nécessite un certains temps, daprès lavocat. Mais dès à présent, il considère ce premier pas comme une « justice rendue ». Ce qui, à son avis, est considérable puisque très significatif dun aveu. « Cest une aberration que de sentêter à le maintenir en prison en se basant sur un dossier vide et qui ne contient aucune charge », a-t-il déclaré.
Les zones dombre, les témoignages contradictoires de la victime et des témoins à charge relevés dans le dossier daccusation sont autant de mystères qui émaillent cette affaire qui reste à élucider, selon lavocat de la défense. A cela, il faut ajouter le rapport de la commission rogatoire internationale où tous les témoins déclarent que laccusé était à Lille en 1993. Bloqué, selon ses déclarations, au niveau du ministère de la Justice, Me Khellili a pu néanmoins se débrouiller une copie de ce rapport. Selon ses dires, lavocat a pu déceler chez la partie civile une volonté den finir avec cette affaire en levant les accusations contre Bilem.
Le général à la retraite a été victime dun attentat terroriste le 24 avril 1993. A sa sortie dhôpital, il avait déclaré avoir reconnu un de ses agresseurs. Le 11 octobre 2000, Bilem rentre en Algérie où il se fait arrêter à sa descente de bateau sous laccusation de tentative dassassinat du général. Sappuyant sur une photo datant de 1983, et à quelques différences près mais de taille, la victime et les témoins identifient lauteur de la tentative. Malgré certaines contradictions relevées dans les divers témoignages, « des différences de taille » entre lauteur reconnu (maigre, 1 m 70) et laccusé (corpulent, 1 m 80), Bilem sera retenu en détention. Sept mois plus tard, après une bataille juridique, plusieurs demandes de mise en liberté provisoire, des conférences de presse pour alerter lopinion publique nationale et internationale, Mohamed Bilem retrouve la liberté, provisoire, en attendant la liberté tout court, ce qui ne saurait tarder, daprès Me Khellili, son avocat.
B. Djilali