Bavure ou suicide dans les locaux de la gendarmerie

Bavure ou suicide dans les locaux de la gendarmerie ?

Nabil Chaoui, Le jeune Indépendant, 8 février 2000
Bavure ou suicide dans les locaux de la Gendarmerie nationale de la
commune d’Asfour (wilaya d’El-Tarf), telle est la question
que se posent actuellement les citoyens de cette localité, longtemps
infestée par la horde terroriste.

Mercredi 2 février, Fethi Bouacha, 26 ans, un jeune homme sans
antécédents judiciaires, a été convoqué au bureau de la brigade de la
Gendarmerie nationale après
une plainte déposée par une voisine (des Bouacha), qui l’accusait du
vol d’un jouet d’enfant, un piano chinois. Fethi sera écouté, relâché,
mais reconvoqué pour le lendemain. Il se présentera le jeudi 3 et sera
vu par son père pour la dernière fois dans la matinée du vendredi. Il faut signaler que le
père du jeune homme gardé en détention dans la brigade de gendarmerie
d’Asfour amenait à chaque fois de la nourriture à son fils. Surprise et consternation
frapperont Bouacha père quand ce dernier apprendra de la bouche des
gendarmes que son fils s’est suicidé par pendaison dans sa cellule. Cela s’est passé le dimanche 6
février. «Impossible !», rétorquera le père de Fethi à qui veut
l’entendre. «Mon fils n’avait aucune raison de mettre fin à sa vie». Même son de cloche chez la
population d’Asfour, qui affirme, outre le bon caractère du jeune homme
décédé, le parfait équilibre mental de ce dernier. Selon le père, le corps de son fils
portait plusieurs traces de violences : bleus, sang desséché.
Ne croyant pas à la thèse du suicide, Bouacha ira voir le procureur de
la République de la daïra de Dréan, dont dépend la commune d’Asfour, en
vue de déposer plainte.
Le procureur lui recommandera d’attendre les conclusions du rapport
d’autopsie. Jusqu’à présent, le suspense dure concernant le contenu du
rapport du médecin légiste. La version fournie par la brigade de gendarmerie d’Asfour est
que Fethi Bouacha a profité d’un moment d’inattention pour se donner la
mort par pendaison.
En outre, les services de sécurité de cette localité ont affirmé avoir
transporté en urgence à la polyclinique de Ben M’hidi le corps du jeune
homme agonisant, après qu’ils eurent constaté son geste désespéré. Bavure à la gendarmerie
d’Asfour ou suicide ? Cette affaire risque de provoquer de grandes
surprises dans les prochains jours. D’autant plus que Bouacha père continue à crier :

«On a assassiné mon fils !»

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