Expulsions des 90 familles: Un déces et deux fausses couches

APRES LES EXPULSIONS A EL MAQUALIA

Un décès et deux fausses couches !

La justice reste pour l’heure l’ultime chance aux 91 familles de Léveilley, afin de récupérer les logements desquels ils ont été injustement expulsés par le wali-délégué d’Hussein-Dey.

M. Nabil, Le Soir d’Algérie, 8 janvier 2001

L’épisode d’El-Maqaria aura déjà fait un mort et deux cas d’avortement parmi la population concernée. Le cas de décès est celui d’un vieil homme victime d’un arrêt cardiaque avant même la mise à exécution de l’expulsion. Le cœur de cet ancien moudjahid avait lâché rien que sous le poids de ce qui n’était alors qu’une rumeur. les avortements pour leur part n’ont eu lieu que très récemment. La liste des incidents est ouverte et risque de s’alourdir avec l’avènement de la vague de froid. La nuit de samedi à dimanche derniers aura enregistré deux évacuations en urgence. Les enfants et les bébés sont les premiers à faire les frais de la décision du wali, les cas de bronchites et de pneumonies se généralisent dangereusement. Hommage particulier aux riverains qui, dans un geste de solidarité, fournissent aux infortunés des repas chauds. L’APC a pris le relais en acheminant des vivres et une citerne d’eau potable. Les expulsés gardent du wali d’Hussein-Dey l’image d’un homme impassible, «un bourreau, à côté duquel Pinochet est un enfant de chœur».Ces derniers racontent comment il est resté de glace devant les suppliques des expulsés pour leur concéder ne serait-ce qu’un seul appartement pour y abriter les femmes et les enfants en attendant une solution définitive. La justice reste donc le dernier espoir pour les 91 familles de la cité du 5-Juillet d’El-Maqaria. Une justice qui ouvrira le dossier opposant ces familles à l’OPGI et au wali-délégué d’Hussein-Dey. Dès samedi prochain, une première audience, déjà prévue pour samedi passé, a été reportée pour cause d’absence de la défense. De l’avis des membres de l’association du quartier, la bavure doit ses origines à une saisine de l’OPGI par le wali-délégué d’Hussein-Dey lui demandant de recenser les logements sociaux dont bénéficiait la commune d’El-Maqaria, sans toutefois préciser si ces logements étaient déjà attribués ou non. C’est alors que le directeur de l’OPGI dresse son rapport en mentionnant les 137 logements en question, en omettant de dire qu’ils étaient déjà habités. Le wali, dans sa précipitation, avait conclu à des indus occupants et ordonna de facto la mesure expulsion. Une fois la bévue consommée et le scandale éclaté, l’on aura inventé l’histoire du gaz et de l’électricité non encore branchés. Mais cela est-il du ressort des citoyens ? Ce sont pourtant ces mêmes autorités qui les ont exhortés à investir leurs maisons pour contre-carrer les rôdeurs qui commençaient à y entrer…
M. N.

 

 

 

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