Sous le coup d’une décision d’expulsion
Sous le coup d’une décision d’expulsion
Dix Algériens menacent de se suicider à Melilla
Ghada S., Le quotidien d’Oran, 6 septembre 2000
Apparemment, les immigrants clandestins algériens qui se trouvent à Mélilla, enclave espagnole au nord du Maroc, n’arrivent pas encore à «avaler» la décision d’expulsion prononcée à leur encontre par les autorités espagnoles.
Et dans un maigre espoir de faire entendre leur voix, ils recourent à tous les moyens possibles. Ainsi, a-t-on appris hier selon l’AFP, dix de ces immigrants sur lesquels pèse un ordre formel d’expulsion, se sont enfermés avant-hier dans une chambre du centre de séjour temporaire des immigrants clandestins (CETI) de Mélilla et ont menacé de se suicider si l’Espagne les expulse vers l’Algérie. Ces immigrants sont munis de couteaux et de bidons d’essence, d’après la même source. Deux représentants de ce groupe, précise-t-on, ont été reçus lundi par le délégué du gouverneur de Mélilla, Arturo Esteban, qui leur a proposé de quitter l’Espagne volontairement en les priant de ne pas «dramatiser les choses» et d’éviter les grèves de la faim et les suicides. «Ce qui vous permettrait de rentrer dans votre pays sans être remis à la police algérienne», leur a-t-il expliqué. Esteban les a appelés à revenir à de «meilleurs sentiments» en affirmant que les ordres de l’expulsion ne sont pas des «caprices» mais sont plutôt fondés. Selon lui, les autorités espagnoles ont eu recours à cette mesure parce que les dix Algériens se sont introduits illégalement à Mélilla et avec des papiers d’identité falsifiés, «chose qu’ils ont reconnue dans un écrit qu’ils ont signé et où ils affirment qu’après leur retour au CETI, ils doivent s’attendre à leur possible rapatriement».
Ajoutons, selon notre source, que la possibilité de quitter le territoire espagnol «de leur propre gré et avec les frais d’un voyage payé» a été acceptée, en Août, par une quarantaine d’Algériens, interpellés à Mélilla, qui ont reçu l’ordre d’expulsion pour des motifs similaires.
Ces derniers étaient rentrés en Algérie après avoir accepté d’y retourner de façon volontaire. Ce système, poursuit la même source, permet à ces immigrants de quitter l’Espagne sans être obligés de passer par la police et de regagner l’Algérie sans problèmes avec ses autorités. Et au cas contraire, ces immigrants sont menacés d’être détenus par la police espagnole et conduits au port d’Alicante d’où ils seront expulsés vers le port d’Oran, précise-t-on.
Le délégué du gouvernorat de Mélilla trouve que ce processus de régularisation de documents est appliqué en Espagne «qui accueille actuellement quelques 100.000 immigrants et qui ne peut rien pour ces Algériens qui y entrent d’une façon clandestine». Pour ce qui est des 120 Algériens qui survivent dans des conditions «misérables» et qui réclament de rejoindre le CETI, il leur a été signalé qu’il ne reste plus de places disponibles et qu’en fonction des places vacantes, ils y seront casés. Cependant, la priorité sera donnée aux familles avec enfants, sans tenir compte de leur nationalité, a-t-on dit. Par ailleurs, un sit-in a été organisé avant-hier par les immigrants clandestins algériens devant le siège du gouvernorat de Mélilla, a-t-on appris par téléphone d’un parent d’un clandestin. A ce sit-in ont adhéré tous les Algériens se trouvant à Mélilla, ajoute notre contact.