Une affaire d’espionnage lourde de conséquences
Exp: M. Khelili, Réseau Euromed des Droits de l’Homme en Algérie
Alger, 18 mai 1999
Une affaire d’espionnage lourde de conséquences
Objet: Enlèvement, séquestration, tortures et exécution sommaire et complicité: vol de véhicule, d’ordinateur et de documents de recherche scientifique, non-dénonciation de crimes.
Cas de: Docteur Bouchelaghem Fouad, Ghedhab Mohamed, les deux sours Boughaba Nedjoua et Boughaba Naima.
Bouchelaghem Moussa Nacim Fouad, Algérien, né le 7 novembre 1994, marié, père d’un enfant de 10 ans, demeurant à Alger, 20 rue Oubrahim, diplômé de bac technique Mathématiques, DES Physique Copilon: physique du solide, DEA physique du solide, Stage de micro-électronique, Doctorat: physique du solide, thèse préparée au service des champs magnétiques intenses.
Officiellement décédé en date du 20 juillet 1994, selon la mention marginale de son acte de naissance, mention également portée sur le livret de famille, décès déclaré par un certain Bayou Tahar, illustre inconnu de la famille du défunt mais a été identifié comme étant un employé de la morgue de Bologhine (ex St-Eugène), à l’état civil de l’APC (mairie) de Kouba, à l’insu de la famille.
M. Bouchelaghem a été enlevé de son domicile en date du 3 juin 1994 à 1 heure du matin par un groupe des forces combinées (ninjas et militaires + SM + gendarmerie) constitué de plus de 30 éléments descendus de 7 véhicules Nissan.
Le domicile de la victime avait fait l’objet d’un siège de 10 jours durant lesquels toute la famille avait été séquestrée sans pouvoir sortir, y compris le père de la victime, venu lui rendre visite et malgré le fait qu’il était divorcé avec la mère et domicilié ailleurs. Les forces de sécurité se sont carrément installées à l’intérieur du domicile familial où elles se faisaient approvisionner en denrées, fruits et légumes durant le siège. Les militaires ont même fait venir un médecin pour ausculter l’épouse tombée malade le 12 juin 1994. Une relève régulière des éléments des forces combinées était effectuée tous les jours à 6 heures du matin. Ces derniers ont réclamé les clefs et papiers du véhicule de la victime qui était garé dans le garage. Ils l’ont sorti de là pour le stationner dans la rue Ghermoul d’où ils sont venus le prendre le lendemain mercredi 15 juin à 21h 55. Durant le siège, ce groupe était dirigé par un haut gradé en tenue militaire.
Le véhicule de la victime: une Peugeot 405 gl 11169 de couleur rouge
Le père de la victime est décédé le 7 mars 1998.
Tous les journaux algériens francophones et arabophones ont refusé de publier l’appel de détresse des parents de la victime, même sous forme de placards de publicitaires, seule la chaîne de TV MBC en a parlé.
Le ministre de l’intérieur saisi par le courrier n°:365 / 1994 n’a à ce jour pas cru devoir y donner suite. L’ONDH s’est contenté d’adresser un courrier au ministère de l’intérieur, sans plus…
Les recherches incessantes menées par la mère de la victime ont permis de savoir que la personne qui avait déclaré le décès à la mairie de Kouba n’était qu’un pantin employé à la morgue qui, contacté par la mère de la victime, s’était affolé en lui déclarant qu’il n’avait rien avoir avec cette affaire et qu’il ne voulait pas avoir de problèmes… Mais la mère de Fouad apprendra par les autres employés de la morgue, sans en être convaincue du reste, que son fils aurait été trouvé mort sur le bas côté d’une rue de Kouba, puis transféré à la morgue avant d’être enterré au cimetière d’El-Alia à El Harrach près d’Alger. La mère de la victime n’a pas pu encore authentifier cette information, ni procéder à la reconnaissance de la dépouille enterrée à El-Alia et supposée être celle de son fils. En vue de cette authentification deux courriers ont été adressés au maire de Kouba par le biais du cabinet d’avocat du réseau euro-med des droits de l’Homme: un telex et une lettre R+AR nr°61964 dont une copie a été adressée au ministre de l’intérieur, au procureur général, procureur de la République de Hussein-Dey. ONDH, ministre gouverneur d’Alger- Aucune de toutes ces autorités n’a cru devoir y donner suite.
Ce crime établi aux droits de l’Homme et à l’humanité est l’oeuvre des services qui ont eu à diligenter une autre et grave affaire dite d’activité de soutien au terrorisme et de trafic d’armes au profit du GIA a partir du territoire helvétique laquelle avait donné lieu en Suisse à un procès bâclé, inéquitable, au cours duquel l’assassinat du docteur Bouchelaghem a été volontairement et intentionnellement occulté, ainsi que l’enlèvement de deux jeunes sours greffières au tribunal d’El Harrach.
Le procès: (arrêt du 5 Novembre 1997)
La cour pénale fédérale suisse a eu à juger une affaire dite d’espionnage au profit d’un pays étranger, contre un policier suisse, Léon Jobé, fils de Léon et de Jacqueline née Guenin, né à Porrentruy le 21 Septembre 1950 et le ressortissant algérien: Abdelkader Hebri, fils de Ahmed et de Fatma née Bendjeddah, né le 12 Novembre 1962.
Le procès a révélé:
Qu’en Mai/Juin 1994 Léon Jobé, policier suisse exerçant dans le groupe des investigations spéciales (GIS), affecté à la lutte antiterroriste et à la surveillance de l’extrémisme violent (renseignements sur l’OLP, l’Iran, la Libye, le Liban et l’Algérie) avait remis à Hebri A., représentant officiel en Suisse du Mouvement algérien pour la Justice et le Développement (MAJD), son informateur sur les activité et des mouvements de la communauté de langue arabe à Genève, travaillant en outre pour la sécurité militaire algérienne, une enveloppe contenant un rapport du 20 Mai 1994, établi par la police fédérale suite à une enquête ouverte de Février 1994 à l’encontre des membres du FIS.
Dans ce rapport figuraient de nombreux noms d’activistes du FIS. Ainsi que d’autres personnes ne faisant peser sur elles aucun soupçon et chez l’une d’elle ont été trouvés le nom, l’adresse et le numéro de téléphone du docteur Bouchelaghem qui fut immédiatement enlevé de son domicile et exécuté sommairement après avoir probablement subi de graves sévices, et cela dès que les documents incriminés remis par Léon Jobé ont été transmis à la sécurité militaire algérienne.
L’accusation au niveau de la cour pénale fédérale s’est abstenue volontairement d’évoquer dans son acte d’accusation et ses réquisitions cet assassinat pour s’éviter la peine la peine de requérir en vue de la requalification des crimes reprochés aux deux accusés, pourtant complices dans l’exécution sommaire du docteur Bouchelaghem comme le relèveront certains journalistes suisses. La cour pénale fédérale de son côté a imposé le huis clos malgré l’opposition des avocats des parties civiles et cédé au fait que de nombreux témoins parmi des policiers aient refusé de comparaître à l’audience du jugement privant le procès de ses principaux éclairages, d’autant plus que les avocats des parties civiles ont été empêchés d’examiner certains aspects du dossier de l’affaire.
La cour pénale fédérale a par ailleurs empêché l’avocat algérien de la partie civile Ghedhab Mohamed qui est Maître Khelili Mahmoud de se constituer auprès d’elle pour défendre son mandant détenu à la prison d’El-Harrach écrou nr: 83.887 après avoir été condamné pour terrorisme à 9 années de réclusion criminelle uniquement sur la base des pièces et renseignements falsifiés fournis par Léon Jobé, sans pour autant être relatés comme éléments à charge du dossier. Elle (la cour PF) aurait souhaité toutefois entendre Maître Khelili comme simple témoin ce qui était contraire aux principes et règles régissant sa profession et constituait une offense à l’avocat et à sa noble profession.
Cette cour de justice s’est alors d’emblée mise dans l’impossibilité de savoir que les agissements criminels des deux accusés ont été à l’origine des violences graves subies par Mohamed Ghedhab dès son kidnapping à sa descente de l’avion et de l’enlèvement des deux sours greffières au tribunal d’El-Harrach lesquelles sont à ce jour portées disparues. Elle a évité la vérité.
Ghedhab Mohamed
Dès sa descente d’avion le 16 septembre 1996, il a été enlevé par 4 hommes armés et conduit « manu-militari » dans un centre de détention appelé Chateauneuf òu il fut séquestré pendant plus de 15 jours et soumis à des actes barbares et inhumains de torture au moyen de toute la panoplie en usage dans ce domaine: gégène, chiffon imbibé d’eau sale ingurgitée de force, coups de pieds, coups de poings, électrodes pincées sur les parties génitales, le corps nu et humidifié et le lobe des oreilles, menottes aux poignets derrière le dos, etc.
Les deux greffières kidnappées
Mlle Boughaba Nedjoua, greffière née le 30/10/1970 El-Harrach, demeurant cité Diar El-Djemaa bloc 6N/26 Bachdjerah Alger en poste auprès du juge d’instruction Debarni près le tribunal d’El-Harrach et Mlle Boughaba Naima, greffière née le 7/4/1974 El-Harrach, demeurant cité Diar El-Djemaa bloc 6N/26 Bachdjerah Alger en poste auprès du procureur de la République près le tribunal d’El-Harrach, toutes deux ont été enlevées en date du 12 avril 1997 par des hommes armés près du tribunal d’El-Harrach. Toutes deux ont connu du dossier Ghedhab Mohamed dont le juge d’instruction Djerbani avait la charge. Le même jour de leur enlèvement le juge d’instruction Djerbani venait d’être relevé de sas fonctions de juge, et le même jour l’avocat de Mr. Ghedhab, Me Khelili Mahmoud a été prié par la famille Ghedhab de se retirer de l’affaire qui fut confiée à un autre avocat sur recommandation de la sécurité militaire laquelle avait dépêché un capitaine auprès de ladite famille lui intimant l’ordre de déconstituer leur avocat Khelili et leur désigna un autre avocat pour le remplacer.
Il est évident que tous ces crimes d’enlèvement, de torture, de liquidation physique subi par feu Bouchelaghem Fouad, Ghedhab Mohamed et les deux sours Boughaba Nadjoua et Naima ont un dénominateur commun: l’affaire dite d’espionnage jugée par la cour pénale fédérale suisse dans un procès à huis clos bâclé très critiquable pour ne pas dire plus, au cours duquel elle condamna les deux criminels à 18 et 15 mois de prison avec sursis alors que leur victime Ghedhab a été condamné par le tribunal criminel d’Alger à 9 années de réclusion criminelles, pour… rien.
Il est noter que Liamine Zeroual, ex-président de la République a adressé des félicitations personnelles au criminel Hebri Abdelkader qui est à l’origine des documents subtilisé à la police suisse et remis à la sécurité militaire algérienne et des crimes et assassinat commis sur la personne du docteur Bouchelaghem, de de Ghedhab Mohamed et les deux sours Boughaba Nadjoua et Naima. Une plainte de crime à l’humanité et d’assassinat est envisagée à l’encontre des mis en cause et tous leurs complices dont les noms ont été cités plus haut.