La France veut expulser 1 200 Algériens
Au risque de jeter un froid sur les relations entre les deux pays
La France veut expulser 1 200 Algériens
Par Aït-Châalal Mouloud, Le Jeune Indépendant, 7 mai 2002
Les relations algéro-françaises pourraient être touchées, dans les jours à venir, par un fort vent de discorde en raison de lépineux dossier de limmigration. Certaines sources prêtent au nouveau gouvernement de Jean Pierre Raffarin, nommé hier, lintention de procéder à lexpulsion de quelque 1 200 ressortissants algériens en situation irrégulière. Un coup déclat visant à renforcer les chances de la droite auprès de lélectorat lors des prochaines législatives.
Selon les mêmes sources, cette mesure, qui sera étendue à des ressortissants de plusieurs autres pays, touchera les sans-papiers algériens ayant purgé leur peine demprisonnement et qui sont frappés dinterdiction de séjour sur le territoire français ainsi que ceux se trouvant en rétention administrative à qui il a été proposé de quitter la France afin déviter lemprisonnement. Cette mesure intervient à un moment où autorités canadiennes et allemandes avaient, elles aussi, pris des mesures analogues à lencontre de sans-papiers algériens. Ce dossier avait été soulevé, il y a quelques mois, par Daniel Vaillant, le ministre de lIntérieur du gouvernement de Lionel Jospin et évoqué, indiquent les mêmes sources, avec les autorités algériennes qui lui ont réservé une fin de non-recevoir, compte tenu du fait que tout citoyen dont la nationalité algérienne ne peut être pleinement établie, ne peut être accueilli par lAlgérie. Une situation qui risque, si cette mesure venait à être confirmée, dexacerber les rapports entre Alger et Paris.
Le nouveau Premier ministre français devrait, par conséquent, sen accommoder dès lors quil a fait savoir quil ferait de la sécurité et de la baisse des impôts deux thèmes majeurs de sa période de gouvernance en prévision des législatives. Ce dossier servira datout entre les mains des Chiraquiens, pour frapper les esprits dune bonne partie de lélectorat français, sourcilleuse quant aux questions de limmigration et de linsécurité. Linsécurite a été le cheval de bataille de Jacques Chirac lors de sa campagne électorale, et qui avait aussi valu au candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, une place au second tour, balayant la gauche, jugée trop laxiste en matière dinsécurité. Lexploit de lextrême droite avait ébranlé la France républicaine et brouillé les pistes sur le véritable ancrage de chaque parti dans léchiquier politique français.
La droite chiraquienne, craignant une incursion en force des Lepénistes dans le prochain Parlement, nhésitera pas à lui barrer la route en se servant des clandestins algériens comme boucs émissaires. Une manuvre qui nest pas sans risque. A.-C. M.