L’étrange destin d’un Algérien aux USA

LE BOUC EMISSAIRE DAHMANI

L’étrange destin d’un Algérien aux USA

Le Quotidien d’Oran, 29 septembre 2002

Un ressortissant algérien, Redouane Dahmani, est jugé, depuis quatre jours, au tribunal de Phoenix, en Arizona. La justice américaine lui reproche toujours d’être lié à des terroristes sans apporter de preuves.

Le procès qui se déroule à huis-clos, après que le magistrat, David Duncan, ait refusé l’accès à la cour aux médias américains devrait déterminer l’implication de Dahmani dans un « complot et une conspiration » visant les Etats-Unis. Or, sans apporter de preuves tangibles, Dahmani, âgé de 26 ans, croule sous 33 chefs d’inculpation non étayés par le FBI et se trouve, depuis septembre 2001, incarcéré à la prison de Maricopa country de Phoenix. Dahmani qui a été arrêté en compagnie de 5 autres personnes dans l’Etat d’Arizona est suspecté d’avoir eu des contacts avec des islamistes d’Al-Qaïda, basés à Londres. Le FBI estime qu’il connaissait le Dr Abou Doha, de son vrai nom, Azmar Makhloufi qui a été accusé d’être le cerveau de l’attentat avorté contre l’aéroport de Los Angeles en janvier 2000. Les enquêteurs disent avoir trouvé le numéro de téléphone du docteur dans l’agenda de Dahmani. Abou Doha est actuellement détenu à Londres sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis.

Un autre grief est porté à Dahmani sur qui le FBI aurait retrouvé un faux passeport français du nom d’Abdelhalim Lalami qui aurait été confectionné par les réseaux islamistes en France. C’est avec ce passeport que Dahmani a pénétré le territoire américain et s’est établi en Arizona où il a épousé une Américaine en ayant deux enfants.

Mais ce qui révolte les avocats de Dahmani, au delà d’un internement arbitraire et la légèreté des chefs d’accusation, est le fait que la justice américaine a refusé à son client une libération sous caution. Fixée au départ à 1 million de dollars, cette caution a été ramenée à 200.000 dollars, somme que Dahmani n’a pu réunir.

Dahmani qui avait obtenu la protection politique américaine, après avoir indiqué aux services de l’émigration qu’il était persécuté par le « pouvoir militaire » en Algérie, a réussi à obtenir un parrainage de la part de sa copine américaine qui allait devenir sa femme.

Dahmani et son épouse ont d’ailleurs intenté une action judiciaire afin d’obtenir des réparations, suite à l’arrestation musclée du prévenu qui a été brutalisé et humilié par des injures raciales sur le fait qu’il soit « un Arabe ». La demande de dédommagement, contre le comté de Maricopa et ses services de police, de l’ordre de 9 millions de dollars a été rejetée.

Si les charges qui pèsent sur Dahmani semblent lourdes, le FBI est, selon les observateurs, en train de commettre une autre erreur judiciaire sur le cas d’un autre Algérien, après s’être fourvoyé sur le cas de Lotfi Raïssi. D’ailleurs, le tribunal de l’Arizona continue à reprocher à Dahmani d’avoir partagé la chambre du pilote algérien, Raïssi, alors que ce dernier est sorti blanchi de toutes les accusations du FBI, quant à ses liens avec le réseau d’Al-Qaïda et les kamikazes du 11 septembre.

L’accusation s’effondre d’elle-même et Dahmani ne semble pas prêt de sortir libre de son audience. Le FBI est convaincu que la piste du réseau de Mohamed Atta passe par l’Arizona et Las Vegas où la majorité des 19 terroristes d’Al-Qaïda ont séjourné durant ces deux dernières années. Or, les accusations que comporte le dossier Dahmani sont, dans une large mesure, en rapport avec une infraction à la législation sur l’émigration