139 Algériens expulsés d’Europe

Durant les deux derniers mois

139 Algériens expulsés d’Europe

Mounir B., Quotidien d’Oran, 15 octobre 2001

Les expulsions de ressortissants algériens depuis l’Europe ont-elles augmenté après les attentats du 11 septembre ? « La chasse à l’Arabe » prônée par l’extrême droite européenne n’a pas été suivie des faits puisque le volume des expulsions est stable.
Afin d’évaluer ce phénomène, des chiffres recensés par les services de la police aux frontières (PAF) sur la période allant de début juillet à octobre 2001 donnent un aperçu significatif de cette stabilité. Pour le mois de juillet 2001, soit avant les attentats de New York, 71 ressortissants algériens ont été expulsés de différents pays européens, orientaux mais également maghrébins. 48 de ces expulsés l’ont été pour séjour irrégulier (interpellation suite à l’expiration légale du visa d’entrée et de séjour), alors que les 25 autres Algériens ont été reconduits à la frontière pour trafic de stupéfiants, vol et autres affaires de droit commun.
Selon les chiffres du mois de septembre 2001, en pleine effervescence anti-arabe en Occident suite à la riposte envisagée par les Américains, 68 ressortissants algériens ont été expulsés dont 56 cas pour séjour irrégulier. Les 12 autres expulsés algériens l’ont été pour des affaires de droit commun. Malgré la stabilité du nombre d’expulsions d’Algériens, les spécialistes en matière de lutte contre l’immigration clandestine estiment que ce chiffre risque de grimper durant les prochains mois à cause des « mesures drastiques mises en place par les polices européennes aux frontières et l’augmentation notable des contrôles d’identité ». Si la France a réactivé et renforcé le plan Vigipirate, les autres Etats européens ont également densifié leur dispositif de prévention des attentats, ce qui se répercute sur les personnes en situation irrégulière. Au palmarès des pays qui expulsent le plus les Algériens figure en tête l’Allemagne qui est le premier pays européen en la matière. Pour le mois de juillet, 14 Algériens ont été reconduits aux frontières allemandes et placés sur des charters en direction de l’Algérie. Pour le mois de septembre, 18 Algériens ont été expulsés de Berlin. La France vient en deuxième position puisque Paris a expulsé 9 Algériens en juillet et 18 en septembre, soit pratiquement le double, ce qui dénote un durcissement dans l’exécution des arrêtés d’expulsion par la PAF française. La Grande-Bretagne vient en troisième position avec 7 expulsions pour le mois de septembre, suivie de l’Espagne qui a reconduit 6 Algériens pour le même mois. D’autres Algériens, concernés par le séjour irrégulier ou des affaires de droit commun, ont été expulsés d’Italie, de Hongrie, du Maroc et même de Libye. Jusqu’à un passé récent, les expulsions de ressortissants étrangers, notamment maghrébins et africains, depuis l’Europe ne se faisaient pas avec facilité. Les nombreuses ONG européennes dénonçaient ces expulsions avec une telle énergie que parfois des dossiers de reconduite aux frontières devenaient quasiment des affaires politiques, comme ce fut le cas avec le mouvement des sans-papiers africains. Cette mobilisation, quoique présente, est en train de faiblir vu le contexte international. Les polices européennes, au nom de la sacro-sainte sécurité, exécutent avec célérité ces expulsions. La justice européenne se montre expéditive quant aux recours déposés par les expulsés. La psychose est telle que, sur ce volet des expulsions, cette pratique qui heurte les défenseurs des droits de l’homme et de la libre circulation des personnes est devenue superflue.