Colloque international les 26, 27, 28 octobre sur l’expérience algérienne

Terrorisme

Colloque international les 26, 27, 28 octobre sur l’expérience algérienne

Eclairer les zones d’ombre

L’Actualité, 13 août 2002

Initialement programmé pour le début du mois de septembre, le Colloque international sur le terrorisme se tiendra finalement à Alger les 26, 27 et 28 octobre de l’année en cours. Selon l’agence officielle APS, deux ateliers seront organisés en dehors des séances plénières. Le premier sera consacré aux références idéologiques du terrorisme islamiste et ses objectifs stratégiques, alors que le second traitera des attentats individuels et des massacres collectifs.

Le choix de ces thèmes permet d’espérer que cette rencontre, la première du genre, sera probablement l’occasion pour que les non-dits et les zones d’ombre qui ont toujours entouré ces actes barbares soient enfin éclairées. En effet, on est en droit de s’attendre à des révélations et à des éclaircissements sur des situations ambiguës qui ont donné l’occasion à certains cercles de douter de l’identité des sanguinaires ayant commis des massacres et des attentats ciblés. On se rappelle l’épisode de Bentalha où les adeptes du « qui tue qui » avaient accusé carrément des éléments de l’Armée d’être les auteurs de cette tuerie. Un habitant de cette contrée, Youcef Nasroallah, a même publié un livre dans lequel il défend la même thèse. Les allégations, dont il fera part, seront, cependant, catégoriquement démenties par les rescapés dudit massacre qui affirment connaître leurs bourreaux. La situation était telle que des députés, des artistes et des écrivains européens avaient exigé la constitution d’une commission d’enquête internationale. La pression qui subissait de l’extérieur du gouvernement algérien a baissé d’un cran lorsque l’actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait indiqué au lendemain de son élection que l’Algérie n’avait rien à cacher et que les organisations internationales qui souhaitait venir enquêter étaient libres de le faire. D’ailleurs, pour ce prochain colloque, des invitations ont été adressées à des organisations non gouvernementales (ONG) des droits de l’Homme, dont Human Rights Watch, la Fédération internationale des droits de l’Homme et l’organisation Amnesty international. La présence de ces dernières est importante à plus d’un titre. D’un côté, elle donnera plus de crédibilité aux travaux de cette rencontre.

D’un autre, elle permettra l’ouverture d’une brèche sur des dossiers brûlants, tels que celui des disparus ou encore les exécutions extrajudiciaires et la torture. C’est dans cette optique, rapporte l’APS, que les interventions s’articuleront autour d’une analyse approfondie de l’activité terroriste, de son impact sur la gestion d’un Etat de droit et son éventuelle évolution. Ces interventions seront donc consacrées à « l’islamisme, émergence et évolution », « Le terrorisme en tant que menace pour les pays », « La démocratie et le terrorisme » et enfin « Approches prospectives autour du phénomène du terrorisme ». Les débats de ce colloque seront rehaussés par la participation de scientifiques, d’experts, de sociologues, de psychologues et de criminologues algériens et étrangers (Europe, Amérique et Afrique) ainsi que des écrivains journalistes qui se sont penchés sur le phénomène.

Parmi eux, figurent le Pr Kacha, psychiatre, le Pr Georges Labik et le Pr Malek Chebel, spécialiste en anthropologie et ayant à son actif plusieurs écrits sur la violence. Une parenthèse sera ouverte durant cette réunion sur les attentats du 11 septembre 2001 qui ont ciblé les Etats-Unis et leur impact sur la scène internationale.

Nora B/APS

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Le point de vue des organisations internationales

La carte des droits de l’Homme…

Parmi les organisations non gouvernementales qui se sont intéressées à la situation des droits de l’Homme en Algérie durant les dix dernières années de terrorisme, il y a Amnesty International et Human Rights Watch.

Leurs rapports durant toute cette période ont été rédigés sur la base de correspondances d’ »acteurs », de « victimes » et de « défenseurs des droits de l’Homme », notamment les membres de la LADDH.

Alors que l’Algérie tente de sortir de l’ »isolement » en essayant de convaincre la communauté internationale sur l’ampleur du danger que constituait le terrorisme et sa nature « transnational », Amnesty a, dans de nombreuses correspondances, estimé que « la situation est particulièrement critique ».

Par ailleurs, dans un communiqué rendu public, cette ONG a indiqué que « compte tenu du profond mépris dont les autorités algériennes continuent à faire preuve envers les obligations qui leur incombent en vertu du droit international relatif aux droits humains, il est urgent de prendre des mesures efficaces afin de garantir le respect de la clause de l’accord d’association relative aux droits humains ». Ceci est en rapport avec l’accord d’association avec l’UE. Il est à noter également que dans ce même communiqué, AI a abordé la situation qui prévaut en Kabylie, faisant un réquisitoire contre la répression dans la région.

A ce sujet, Amnesty a appelé, en avril dernier, le gouvernement algérien à constituer une commission indépendante et impartiale pour faire toute la lumière sur les dépassements survenus en Kabylie. Pour sa part, Human Rights Watch, à la veille des élections législatives du 30 mai dernier, avait adressé une lettre au président de la République Abdelaziz Bouteflika, où elle a exprimé son « inquiétude » quant à la situation en Kabylie. Elle a également exigé « la divulgation de toutes informations » se rapportant sur les gendarmes mis en cause lors du Printemps noir, ainsi que d’entreprendre des poursuites judiciaires contre les coupables. Il est à signaler que les deux ONG sont invitées à participer au colloque qu’organise le Chef du gouvernement les 26, 27 et 28 octobre prochain à Alger qui se rapporte au terrorisme. Il est à rappeler que ces deux organisations ont accusé les autorités algériennes dans leurs rapports d’être derrière les nombreux massacres et assassinats commis depuis le début des années 90. A ce propos, des témoignages poignants ont été apportés. Des cas de torture, des lettres de familles de disparus , ainsi des « preuves » et les noms des éléments des services de sécurité coupables de ces exactions figurent dans les rapports de Amnesty International et Human Rights Watch. Après que les autorités algériennes ont longtemps refusé à ces ONG de venir, voilà qu’aujourd’hui elle devient leur hôte. Cela signifie que l’Etat algérien a enfin pris conscience de l’importance de la carte des droits de l’Homme et des enjeux qui l’entoure.

Fella M.

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