Le chef des Patriotes accusé de racket

 

REMOUS DANS LA COMMUNE DE MERAD (TIPAZA)

Le chef des Patriotes accusé de racket

Par Fatma Haouari, El Watan, 30 janvier 2002

Les Patriotes de Merad, commune située dans la wilaya de Tipaza, accusent leur chef et non moins président de l’APC de les racketter depuis 1997. Dans une lettre adressée aux hautes instances du pays, les plaignants dénoncent leur chef, M. Saker Mohamed, et l’accusent de dilapidation du patrimoine de la commune et d’extorsion de fonds.

Des pratiques dont userait ce dernier sous la menace et l’intimidation, avec la complicité de certains gradés de l’armée et précisément du CTRI. Selon les contestataires, le président de l’APC procède au prélèvement systématique sur leurs salaires depuis trois ans sous prétexte de la création d’une caisse noire où il thésaurise pour les victimes du terrorisme, leur signifiant que l’ordre lui est venu de l’un de ses supérieurs, en l’occurrence le colonel Djebbar du CTRI de Blida. Les montants des prélèvements se situent entre 6000 DA concernant les patriotes du centre-ville et 2000 DA pour ceux habitant dans les zones disséminées. Le président de l’APC se charge en sa qualité de chef des Patriotes de la région de ramener les bons de perception de 11 000 DA l’unité, l’équivalent du salaire de chaque patriote, mais au moment de payer ses subordonnés, il effectuent les ponctions en les empochant à son compte. Quand ces derniers manifestent leur désapprobation, il les menace de les rayer du corps auxiliaire de l’armée en s’appuyant sur un certain lieutenant Djamal. D’ailleurs, disent-ils, ce militaire est déjà entré en scène. Il aurait menacé M. Benkahla Aïssa en lui promettant des représailles si celui-ci refuse d’obtempérer et d’accepter le prélèvement effectué sur son revenu. Outre les intimidations, les patriotes sont menacés d’emprisonnement et de retrait de leurs armes à chaque fois qu’ils se plaignent. Seize patriotes ont déjà été rayés du corps des patriotes le 10 janvier 2001, parce qu’ils avaient dénoncé le président de l’APC et ses sbires, par le commandant représentant du CTRI au niveau du secteur de Boudjebroun. Ils affirment en outre que le mis en cause a transformé la commune en «société familiale en se servant allègrement lui et ses proches dans les fonds destinés à la promotion de la localité». Selon la même source, le chef des patriotes a le soutien de certains militaires de la région qui le couvrent en contrepartie de pots-de-vin. «M. Saker use de tous les subterfuges pour soudoyer les gendarmes afin qu’ils ferment les yeux sur ses pratiques douteuses.» A titre d’exemple, «certains gendarmes ont bénéficié d’aides sociales sous différentes formes. M. K. M., chef de brigade, aurait touché 200 000 DA en plus d’un lot de terrain, D. M., gendarme de son état, a bénéficié d’un logement évolutif. Quant aux budgets d’équipements, ils sont dépensés à des fins personnelles.» Les patriotes déclarent que «la plupart des quartiers de la ville sont dépourvus d’alimentation d’eau potable, d’électricité, de routes bitumées. La distribution des logements se fait en catimini et ce n’est jamais les nécessiteux qui en bénéficient.» De son côté, M. Saker, que nous avons rencontré s’est montré réticent à tout commentaire, arguant qu’il a reçu des ordres de ne pas ouvrir la bouche, mais aussitôt piqué au vif il rétorqua qu’il en a assez de se taire, de voir son nom traîné dans la boue et de protéger les autres. Il a tantôt évoqué le complot ourdi contre sa personne, tantôt des vues partisanes à l’approche des législatives. Il nous a également montré des motions de soutien de la part des 13 chefs de groupes de patriotes. Des motions fortement contestées par les plaignants qui déclarent que M. Saker a acheté leur silence en contrepartie d’une somme de 200 000 DA chacun. Selon certaines indiscrétions, la pratique du racket sur les patriotes est courante et s’étend sur plusieurs régions du pays.