SOS-Disparus menace de publier les noms des personnalités

SOS-Disparus menace de publier les noms des personnalités
impliquées dans les disparitions

Aniss Zineddine, La tribune, 5 octobre 2000

Concomitamment à la lettre adressée mardi dernier à l’ambassadeur des
Etats-Unis à Alger, à travers laquelle il convie la Maison-Blanche à «se
pencher sur la question des droits de l’Homme en Algérie en tant que
gouvernement de la première puissance mondiale et en tant qu’initiateur des
droits de l’Homme et de la démocratie dans le monde», le comité SOS-Disparus
a, dans un communiqué rendu public le même jour, déclaré que «jusqu’à
l’heure actuelle, nous [les familles de disparus NDLR] avons mis à l’index
les institutions de l’Etat. Dorénavant, nous dénoncerons publiquement les
responsables de l’enlèvement de nos enfants et nous ferons de sorte de les
traduire devant les tribunaux nationaux ou internationaux».Le comité
SOS-Disparus, qui a rendu compte de cette intention à travers une réponse
virulente au communiqué dans lequel le RCD avait, entre autres, qualifié de
«manipulation» le rassemblement des familles de disparus ayant eu lieu en
début de semaine devant son siège national, porte, pour le moins, des
accusations très graves à l’encontre de certains dirigeants du parti de Saïd
Sadi.C’est ainsi que, tout en assimilant à des accusations l’interprétation
faite par le premier responsable du Rassemblement pour la culture et la
démocratie de la manifestation des familles de disparus, le comité
SOS-Disparus précise dans son écrit que «ce qui a poussé les parents de
disparus à se rassembler devant votre siège [celui du RCD NDLR], c’est le
comportement de votre président et de vos députés qui, depuis des années,
n’ont cessé de nous considérer comme parents de terroristes qui ont rejoint
les maquis». De plus, tout en entreprenant de démontrer l’ambivalence du
discours du RCD par rapport au problème des disparus et de démonter les
arguments fournis par Saïd Sadi, dont celui se rapportant surtout au fait
que sa formation se pose comme étant «le seul parti à avoir lancé le projet
d’une commission d’enquête publique et transparente sur la question des
disparus», le comité SOS-Disparus s’interroge «sur quelle base il est
possible de faire confiance au président d’un parti démocrate qui a armé une
milice responsable de meurtres et d’enlèvements de personnes innocentes». Le
comité SOS-Disparus s’en prend aussi, particulièrement, à «la célèbre
Khalida Messaoudi, célèbre, dit-il, par le mensonge et la haine qui a, de
tout temps, été contre les parents de disparus, sans oublier le fameux cow
boy qui s’exhibe devant les caméras de télévision et menace les gens en
direct [.]».En outre, si le comité SOS-Disparus paraît avoir
particulièrement retenu la déclaration à travers laquelle le RCD reconnaît
qu’il existe des cas de disparitions imputables à l’Etat, l’organisation de
défense des droits des familles de disparus énonce, pour sa part, que
«l’Etat n’est pas responsable et les vrais responsables sont ceux qui ont
exécuté les ordres et les exécutants, c’est bien sa milice». Pour sa part,
l’avocat des familles de disparus, Me Mahmoud Khelili, a, par le biais d’un
communiqué transmis à notre rédaction, tenu à prévenir contre la volonté et
les tentatives de certaines parties de dévoyer le combat noble et juste des
familles de disparus à des fins personnelles et politiciennes. Me Mahmoud
Khelili, qui précise dans son communiqué qu’il existe actuellement 10 000
familles de disparus qui continuent à souffrir le martyre, ajoute que «la
précaution a été prise pour que les listes des personnes portées disparues
présentées par le comité SOS-Disparus ne contiennent aucun cas de disparu
douteux». De plus, Me Khelili indique qu’«il est du droit et du devoir des
familles de disparus de dénoncer ceux qui jouent avec l’avenir de leurs
proches détenus dans des endroits secrets [.] et ce, pour être utilisés pour
renforcer de sombres démarches entreprises en direction des instances
nationales et internationales». Le comité SOS-Disparus, qui reste en froid
total avec l’ANFD, qu’il soupçonne d’avoir dévié du combat pour laquelle
elle a été créée, devrait, avec les accusations contenues dans son dernier
communiqué, entrer de plain-pied dans un conflit avec le parti de Saïd Sadi.