Algérie: « Disparitions »: Le cas du Dr Messaoud Ouziala
Algérie: « Disparitions »
Le cas du Dr Messaoud Ouziala
Extrait du livre «Algérie le Livre Noir» des reporters sans frontières, Human Rights Watch, Fédération internationale des ligues de droit de l’homme et d’Amnesty International dans les éditions la découverte.
Messaoud Ouziala, néphrologue de quarante et un ans, a été enlevé le 8 juillet 1997 alors qu’il venait de quitter son travail à l’hôpital Mustafa, dans le centre d’Alger, et rentrait chez lui en voiture. Son épouse, également médecin, et ses proches ont pris contact avec les services de sécurité et les autorités judiciaires pour déposer une plainte à la suite de sa » disparition », mais les services de securité ont refusé de l’enregistrer. Amnesty International a elle aussi pris contact avec les autorités algériennes immédiatement après l’enlèvement de cet homme, mais elle n’a reçu de réponse que bien après sa libération. Il n’a pas été possible d’établir tout de suite Si le Dr Ouziala avait été enlevé par les forces de sécurité ou par un groupe armé d’opposition, étant donné que les deux camps opèrent habituellement de la même manière. Le fait que les forces de sécurité aient refusé d’enregistrer une plainte pour » disparition » et que des journaux algériens aient indiqué à Amnesty International qu’ils ne pouvaient pas annoncer l’enlèvement laissaient toutefois à penser que le Dr Ouziala avait été emmené par les forces de sécurité. Cet homme a été libéré sans inculpation ni jugement le 22 juillet 1997, après quinze jours de détention secrète. Le président de l’ONDH a écrit à l’organisation le 30 juillet pour confirmer la libération du Dr Ouziala, sans faire la moindre observation à propos de l’enlèvement et du maintien en détention secrète de cet homme en violation de la législation algérienne et des normes internationales relatives aux droits de l’homme . Le Dr Ouziala avait déjà été arrêté en février 1992 et maintenu en détention administrative, sans inculpation ni jugement, pendant prés de quatre ans dans un camp situé dans le désert, dans le sud de l’Algérie. Remis en liberté sans inculpation en décembre 1995, il avait repris son travail à l’hôpital en février 1996. il était convoqué régulièrement par les forces de sécurité depuis sa libération, en 1995, pour des interrogatoires de routine.
Amnesty International a recueilli depuis 1993, et plus particulièrement depuis 1994, des informations fiables sur des centaines de cas de » disparitions « . L’organisation craint toutefois que le nombre des » disparus » s’élève à 2000, étant donné les informations qu’elle a reçues de différentes sources et rapports. Ces personnes, des hommes pour la plupart et quelques femmes, ont » disparu » après avoir été arrêtées par les forces de sécurité à leur domicile, sur leur lieu de travail ou dans la rue. Les efforts déployés par les familles de ces « disparus » et par leurs avocats pour connaître leur lieu de détention restent vains, car les autorités nient systématiquement disposer du moindre renseignement à propos de ces personnes, même dans les cas où leur détention a été confirmée par d’autres détenus ou par des membres des forces de sécurité ou d’autres fonctionnaires ayant informé confidentiellement les familles.
Certains des » disparus » seraient morts des suites de torture ou auraient été sommairement exécutés en détention. Au cours des deux dernières années, le gouvernement a répondu aux organismes des Nations unies qui s’enquéraient du sort de « disparus » que certains d’entre eux avaient trouvé la mort au cours d’affrontements avec les forces de sécurité ou lors d’une tentative d’évasion, voire qu’ils avaient été assassinés par des groupes » terroristes « . Les autorités n’ont toutefois pas fourni les détails nécessaires ni expliqué pourquoi elles s’étaient abstenues pendant des mois, voire des années, de faire connaître le sort des « disparus » à leurs familles et à leurs avocats alors que ces derniers continuaient de solliciter des renseignements sur leur lieu de détention.