Me Kessentini apporte des précisions aux familles de disparus

Me Kessentini apporte des précisions aux familles de disparus

Le dossier ne sera pas clos

Le Quotidien d’Oran, 7 novembre 2002

Me Farouk Kessentini nie avoir fixé la somme d’un million de dinars pour indemniser les familles des disparus, ni d’avoir évoqué la clôture du dossier. «Si j’ai fixé la date du 31 décembre 2002, c’est pour faire bouger les choses», a-t-il déclaré à une délégation de mères de disparus qu’il a rencontrée hier au siège de la Commission.

Il leur a également annoncé qu’il présentera, au mois de mars 2003, un rapport au président Bouteflika qui comportera des «propositions de solutions» pour la question des disparus.

Comme chaque mercredi, plusieurs parents de disparus ont manifesté hier devant le siège de la Commission nationale consultative de défense et de promotion des droits de l’homme (CNCDPDH). Ils étaient là depuis 9h du matin, sous la pluie, en ce premier jour de Ramadhan. Ils n’étaient pas très nombreux, à peine une cinquantaine, pour la plupart des mères et des épouses de disparus. Les propos attribués à Me Farouk Kessentini, publiés le 3 novembre dans le quotidien Echourouk, continuent de provoquer des remous au sein des familles des disparus. «Ils considèrent, d’un côté, que nos enfants sont des terroristes qui ont rejoint les maquis et, d’un autre côté, ils nous proposent de l’argent pour nous taire», affirme un père de disparu. Pour l’ensemble des manifestants, «tout l’or du monde ne suffit pas». «Il faut que l’on nous dise la vérité sur nos enfants et nos maris», affirment-ils. Vers 10h10, de passage par là pour rejoindre son département, le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, a juste le temps de croiser du regard ces mères de disparus qui scandaient «nous ne vendrons pas nos enfants». Les manifestantes, à leur tête la présidente de SOS-Disparus, décident de se diriger vers la présidence de la République. Arrivées au niveau du lycée Bouamama (ex-Descartes), le cortège de femmes est vite encerclé par un nombre équivalent de policiers. Bloquées à ce niveau du chemin, elles continuent à scander leurs slogans. Invitées à se disperser, elles refusent. Les plus récalcitrantes sont molestées.

Il est 11h30, lorsque Me Kessentini arrive au siège de la Commission. Une autre délégation composée entre autres de Mmes Kouidri et Bouabdellah l’attendait. L’entrevue avec le président de la CNCDPDH a duré près d’une heure. A leur sortie, les membres de la délégation ont exprimé leur satisfaction de cette rencontre. Selon Mme Kouidri, Me Kessentini nie avoir fixé la somme d’un million de dinars pour chaque disparu. Le président de la Commission leur a affirmé que «c’est le journaliste d’Echourouk qui a posé la question à propos de la valeur des indemnisations et a lui-même suggéré la somme en la situant à 100 millions de centimes».

Par ailleurs, la délégation s’est entendue avec Me Kessentini pour que le terme «indemnisation» ne soit plus utilisé préférant parler «d’aides sociales». «L’Etat ne peut pas indemniser sans se prononcer sur tous les cas de ce dossier», considère-t-on du côté des familles des disparus.

Mohamed Mehdi