Les familles de disparus ont imposé un rassemblement à Alger
Afin de redonner à leur mouvement un nouveau souffle
Les familles de disparus ont imposé, hier, un rassemblement à Alger
Par Lyes Malki Lundi 21 Juin 1999
Les familles de disparus semblent décidées à relancer leurs actions de protestation réduites jusqu’ici à de simples rassemblements tenus chaque mercredi devant le siège de l’ONDH. Hier, répondant à l’appel de l’Association nationale des familles de disparus (ANFD), non agréée jusqu’à présent, des dizaines de femmes ont tenté de tenir un rassemblement devant le palais du gouvernement. Devancés tôt le matin par un dispositif sécuritaire assez conséquent, les manifestants n’ont cependant pas pu rejoindre le lieu prévu pour le rassemblement. Toutes les ruelles donnant accès au palais du gouvernement étaient en effet quadrillées par les brigades anti-émeutes. Les deux rampes reliant l’avenue Pasteur à la rue Dr Saadane étaient elles aussi interdites à toute circulation . Néanmoins, résolument déterminées à tenir leur rassemblement, les familles de disparus ont réussi à se regrouper à l’entrée de la rue Larbi Ben M’Hidi après un long moment d’altercations violentes avec le service d’ordre. «Pourquoi laisse-t-on les familles victimes du terrorisme manifester à n’importe quel moment, alors que nous, qui sommes aussi des victimes, tous nos rassemblements sont interdits?», s’écriait une vieille dame brandissant un portrait de son fils disparu. «Nous voulons à travers cette manifestation interpeller le président de la République pour qu’il prenne une décision urgente en faveur d’un dénouement de ce problème», indique une responsable de l’ANFD qui se demande ironiquement si tous les disparus ne sont pas finalement des personnes «inodores et incolores», puisque «après tant d’années, aucune d’elles n’a réapparu». Quant à la présidente du bureau de l’association, elle a tenu à préciser que les familles de disparus sont décidées à maintenir les rassemblements et les marches ainsi que toute sorte d’action de protestation jusqu’à ce que l’affaire des disparus soit définitivement résolue.Aussi, une lettre ouverte sera bientôt adressée au président de la République, précise la responsable de l’association. Par ailleurs, des personnes présentes au rassemblement ont indiqué que l’initiative d’hier intervient à quelques jours seulement de la réunion des ministres de l’Intérieur de la rive de la Méditerranée qui se tiendra à Alger. On s’attend à cet effet, à ce que d’autres actions des familles de disparus soient programmées à l’effet de relancer ce dossier sur la scène internationale.
L. M.
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