Les familles de disparus devant le tribunal d’Oran
Les familles de disparus devant le tribunal d’Oran
Une grève de la faim pour 48 heures
M. Mazari, Le Quotidien d’Oran, 22 novembre 2000
Sous un ciel gris et une pluie qui menaçait à tout moment de s’abattre sur la ville, les environs de la Cour de justice d’Oran hier matin commençaient peu à peu à observer un mouvement assez inhabituel. Le dispositif de sécurité était plus important qu’à l’habitude. Un rassemblement de familles de disparus était prévu. La presse en avait largement fait les échos, la veille.
Ils sont venus d’Oran, de Relizane et de Mostaganem. Ils étaient une dizaine en tout. Des hommes, en grève de la faim pour 48 heures, interpellant les pouvoirs publics, réclament les membres de leurs familles, disparus depuis des années.
Le représentant de la Ligue Algérienne des Droits De l’Homme (LADDH) de Relizane les accompagnait. Ils protestaient également contre l’arrestation et la condamnation mercredi dernier du jeune universitaire, Lahmar Abbou Amine, fils d’un disparu de Relizane, et demandaient sa libération. A signaler que le jeune universitaire fut condamné à une année de prison ferme pour agression sur policier dans l’exercice de ses fonctions. Les grévistes sont arrivés un par un et se sont mis face au palais de Justice, exhibant de petites affiches en carton, sur lesquelles ils réclamaient justice. On apprendra sur place que le mouvement est également suivi à Alger et à Constantine. En fait, ils auraient voulu entrer dans une grève illimitée, mais les responsables de la LADDH les en avaient dissuadés. On apprendra également que des rapports viennent d’être adressés à Amnesty international, à la FIDH et à la présidente de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, Mme Robinson. Un officier de police viendra ensuite discuter avec les grévistes de la faim pour les informer que leur rassemblement était illégal et pour les persuader d’une manière très diplomatique de se disperser; mais rien n’y fait. Il réussira par contre à les convaincre de retirer leurs banderoles. Toutefois, les familles des disparus campaient sur leur position et demandaient en outre d’être reçues par un responsable pour lui faire part de leurs doléances. Par ailleurs, au début du rassemblement, on n’y voyait pas l’ombre d’une femme comme cela était le cas durant les autres attroupements des familles de disparus qui ont eu lieu à maintes reprises devant le même tribunal et devant le siège de la wilaya d’Oran. Les hommes leur avaient recommandé cette fois de ne pas y participer, mais quelques unes, ne pouvant, selon elles, tenir, commencèrent à affluer devant le palais de Justice. Elles étaient quatre ou cinq au total.