Les familles des « disparus » satisfaites veulent une solution politique
mardi 1 septembre 1998, 15h39 heure de Paris
Les familles des « disparus » satisfaites veulent une solution politique
ALGER, 1er sept (AFP) – Les famille des « disparus » se disent « satisfaites » par la décision du ministère de l’Intérieur de mettre en place des structures pour s’occuper de cette question, mais maintiennent leur demande d’une « solution politique » au problème, dans un communiqué publié mardi.
« A travers la décision du ministère, nous enregistrons avec satisfaction que les autorités de ce pays reconnaissent officiellement le fait que des citoyens ont été enlevés et séquestrés par des corps constitués de l’Etat sans aucune forme de procès, puis portés disparus », souligne le texte.
Le Bureau national des familles de disparus déclare cependant ne pas accepter que « les bureaux ouverts au niveau des départements aient pour mission d’aider les familles dans la recherche de leurs proches, mais de prendre en charge eux-mêmes les recherches en interpellant les institutions concernées par les enlèvements ».
« C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons toujours exigé que les pouvoirs centraux nous répondent par une décision politique publique pour que toutes les institutions fassent réellement leur travail et rendent compte du sort fait à chacun de nos parents », rappelle le texte.
Soulignant que la décision du ministère de l’Intérieur est « le produit direct de notre mobilisation, de notre détermination à faire la lumière et d’obtenir notre droit démocratique de voir réapparaître nos parents », le Bureau appelle les familles à continuer d’observer tous les mercredi des sit-in devant le siège de l’Observatoire National des Droits de l’Homme (ONDH) à Alger et devant les préfectures en province.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé dimanche l’ouverture de « bureaux d’accueil » à Alger et dans tous les départements pour s’occuper de la question des « disparus ».
La décision du ministère de l’Intérieur constitue la première réponse officielle à ce dossier qui empoisonne les relations entre le gouvernement algérien et les organisations de défense des droits de l’homme.
Resté tabou pendant longtemps, ce sujet a surgi sur la scène publique il y a quelques mois, lorsque une députée du parti des Travailleurs (PT – trotskyste,) a interpellé le ministre de l’Intérieur, au cours d’un débat télévisé.
Depuis, les familles des disparus ont commencé à se faire connaître et organisé des manifestations pour réclamer des nouvelles de leurs proches dont elles imputent la disparition aux forces de sécurité.
Mais pour l’ONDH, organisme officiel, saisi entre 1995 et 1997 de 2.261 cas, il y a plusieurs catégories de disparus: ceux qui ont rejoint les groupes armés islamistes, sans que leurs familles le sachent ou veuillent reconnaître cette situation, ceux enlevés par ces groupes et ceux qui ont quitté clandestinement le pays sans avoir avisé leurs familles.